Paolo Soleri
Utopie et (ou) révolution
Utopie und/oder Revolution
Utopia and/or Revolution
...Le système urbain n’est pas seulement un instrument au service de l’individu, tout comme, par analogie, l’individu organique n’est pas seulement un mécanisme au service des cellules qui le composent.
Le total est supérieur à la somme des parties. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs sans que le tout perde sa raison d’être? La cité n’est pas un expédient à disposition des idiosyncrasies individuelles. Lorsqu’elle est traitée comme telle, elle se désagrège en faveur d’une hypothétique extravagance et entraîne dans sa chute tous les composants (habitants inclus) qui la soutiennent.
Deux points semblent clairs : 1. La légitimité de la cité a son origine dans la nature même de l’homme.
2. La cité doit découvrir sa propre morphologie à l’intérieur de la discipline qui gouverne chaque phénomène physique, biologique, mental, etc.
En ce qui concerne le premier point, relevons que la nature de l’homme est «ambiantale». Cela signifie que l’individu est un phénomène de participation sociale, qui se développe et s’épanouit au sein d’un phénomène physique caractérisé par les multiples paramètres de la nature.
Si l’homme était simplement, comme le soutient la pseudo-science, un mécanisme logique rationnel, la socialité et l’«ambiantalité» seraient des caractéristiques temporaires causées par des imperfections mécanophysiques. En effet, la machine logique et rationnelle est totalement asociale, vu qu’elle est un mécanisme numérique répétitif. Elle est aussi «antiambiantale», puisque pour elle l’ambiant idéal est le «non-ambiant». Pour un homme caractérisé ainsi, la technologie trouverait tôt ou tard son propre radicalisme, qui aboutirait à la création d’individus doués de sens, mais non biologiques ou parabiologiques, emballés et entassés dans d’énormes magasins généraux. Les cervaux collectivisés produiraient une masse énorme de découvertes et d’inventions, dont il est impossible à nos intelligences de prévoir les résultats.
Il est trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d’un rêve ou d’un cauchemar, comme il est trop tôt pour organiser notre société et pour nous organiser nous-mêmes en vue de cette éventualité.
Je crois que, pour l’instant, nous devons accepter comme réalité historique le fait
Das Stadtsystem ist nicht nur ein Instrument im Dienste des Individuums, genau wie - analog dazu - das organische Individuum nicht nur den Zellen dient, aus denen es besteht. Das Ganze ist den Einzelteilen überlegen. Wie könnte es übrigens anders sein, ohne dass das Ganze seine Seinsberechtigung verlöre? Die Stadt ist kein zur Verfügung stehender Notbedarf für individuelle Idiosynkrasien. Wenn sie als solche behandelt wird, dann zersetzt sie sich zugunsten einer hypothetischen Extravaganz und zieht alle sie tragenden Komponenten (Einwohner inbegriffen) mit sich in den Abgrund.
Zwei Punkte treten klar hervor: 1. Die Legitimität der Stadt hat ihren Ursprung in der Natur selbst des Menschen.
2. Die Stadt muss ihre eigene Gestaltung innerhalb der Ordnung entdecken, die jedes physische, biologische, geistige usw.
Phänomen bestimmt.
Bemerken wir zum ersten Punkt, dass der Mensch «ambiantale» (umweltbedingt) ist. Dies bedeutet, dass das Individuum ein soziales Wesen ist, das sich innerhalb eines physikalischen, von den zahlreichen Parametern der Natur charakterisierten Phänomens entwickelt und voll entfaltet. Wenn der Mensch nur ein logischer und rationeller Mechanismus wäre, wie es die Pseudowissenschaft behauptet, dann wären das Sozialverhalten und die Umweltbedingtheit nur durch physikalisch-mechanische Unvollkommenheiten verursacht und vorübergehender Natur. In der Tat ist die logische und rationelle Maschine ganz und gar asozial, da sie auf einer mechanischen Zahlenwiederholung beruht. Sie ist auch «antiambiantale», da für sie die ideale Umwelt die Nicht-Umwelt darstellt. Für einen dermassen definierten Menschen würde die Technologie früher oder später zu ihrem eigenen Radikalismus gelangen, der zur Erschaffung von sinnbegabten, nicht biologischen oder parabiologischen Individuen führen würde, eingepackt und eingepfercht in riesigen Hauptlagern. Kollektivgehirne würden eine ungeheure Masse an Entdeckungen und Erfindungen hervorbringen, und mit unserem Intellekt können wir unmöglich die Ergebnisse voraussehen. Es ist noch zu früh, um zu behaupten, es handle sich hier um einen Traum oder Alpdruck, wie
The urban system is not simply a tool at the disposal of the individual, just as the body is not simply at the disposal of the cells which form it. The total is superior to the sum of the parts. How could it be otherwise without everything losing its reason for being? The city is not an expedient at the service of individual idiosyncrasies. When it is treated as such it disinte gratesinto a hypothetical extravagance and its downfall brings the downfall of that which supports it, including inhabitants.
Two points seem clear: (1) the legality of the city has its origins in the very nature of man ; (2) the city must discover its own morphology within the order which governs every phenomenon, be it physical, biological or mental.
To return to the first point, man is an ‘environmental’ being. The individual is a sociable phenomenon who develops and expands at the heart of the physical phenomena of nature which surround him. If man were simply, as pseudoscience would maintain, a logical, rational machine, his sociability and ‘environmentality’ would be but transitory characteristics of some mechanical and physical defect. The logical, rational machine is completely antisocial, given that it is simply a repetitive, counting mechanism. It is also ‘anti-environmental’ as it sees the ideal environment as ‘non-environment’. For such a man technology will sooner or later discover a radicalism and the result will be the creation of an individual with feeling but not biological or even parabiological, simply packed and stacked in enormous general stores. The brains so gathered would provide a mass of inventions and discoveries, the results of which we cannot possibly foresee. It is too early to say that this is but dream or nightmare just as it is too early to prepare society and ourselves for this eventuality.
For the moment I think we must accept as historic reality that man is a social, ‘environmental’ being. As a result the city is an inevitable phenomenon because it is a necessity. It must however be so planned as to encourage the development of man set out above.
Proceeding to the second point, the city is something much more substantial than
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que l’homme est social et «ambiantal».
Cela veut dire que la cité est un phénomène inévitable parce que nécessaire. En outre, elle doit être conçue de manière à favoriser le développement de l’homme tel que nous l’avons défini ci-dessus.
En ce qui concerne le second point, il y a lieu de relever que la cité représente quelque chose de plus substantiel que l’accumulation des activités de ses habitants. Elle est un superorganisme au service d’une masse physicomentale constituée par les innombrables individualités qui l’habitent. Pour être un organisme valable historiquement - soit un phénomène de validité autonome, un quantum positif dans le système vivant - elle doit obéir aux lois auxquelles sont soumis tous les phénomènes vivants.
De ces lois, deux sont générales et absolues: a) dans tout système donné, le quantum le plus complexe est aussi le plus vital; b) dans tout système donné, le quantum le plus vital est aussi le plus miniaturisé.
... D’autre part, une radicalisation écologique des systèmes urbains impliquerait l’examen des conséquences suivantes : 1. La contraction implosive des communautés urbaines provoquerait une expansion proportionnelle de la Terre. Les continents, parcourus par les lignes dorsales urbaines, resteraient quasi vierges ou redeviendraient tels là où ils ne sont pas cultivés. Un processus global de «récupération» et de conservation serait bénéfique pour l’espèce humaine et les règnes animal et végétal.
2. L’explosion démographique pose des problèmes logistiques et dimensionnels d’échelle entièrement nouvelle. Ils pourront être résolus par des processus intensément dynamiques, possibles seulement dans des systèmes tridimensionnels analogues aux organismes biologiques.
3. La conception d’une ubiquité individuelle - qui permet à l’individu d’être en même temps citadin et campagnard - est intrinsèque à la contraction complexominiaturisante.
4. Les possibilités émotivo-esthétiques, qui sont au fond les finalités de l’homme, deviendraient explosives. En effet, les nouvelles possibilités créatrices seraient aussi grandes qu’imprévisibles.
Je dois donc rejeter, en ce qui me concerne, tant l’utopie que la révolution.
Chaque action qui tend à l’incongruité est une pseudo-action, c’est-à-dire qu’elle
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Project for a Mesa City.
Paolo Soleri
es auch noch verfrüht ist, unsere Gesellschaft zu organisieren und uns selbst im Hinblick auf diese Eventualität.
Ich glaube, für den Augenblick müssen wir die Tatsache, dass der Mensch sozial und umweltbedingt ist, als historische Realität hinnehmen. Dies bedeutet, dass die Stadt ein unvermeidliches, weil notwendiges Phänomen ist. Ausserdem muss sie so gestaltet werden, dass sie die Entwicklung des oben definierten Menschen begünstigt.
Mit Bezug auf den zweiten Punkt muss man endlich feststellen, dass die Stadt nicht nur die Anhäufung aller Aktivitäten ihrer Einwohner darstellt, sondern eine tiefere Substanz aufweist. Sie ist ein Superorganismus im Dienste einer ihn bewohnenden geistig-physischen, aus unzähligen Individualitäten zusammengesetzten Masse. Als historisch gültiger Organismus, das heisst ein Phänomen von autonomer Gültigkeit, ein positives Quantum im lebendigen System, ist die Stadt den Gesetzen aller lebendigen Naturerscheinungen unterworfen.
Zwei dieser Gesetze sind allgemeiner und absoluter Natur : a) In jedem gegebenen System ist das komplizierteste Quantum zugleich auch das vitalste.
b) In jedem gegebenen System ist das vitalste Quantum auch am meisten miniaturisiert.
Ausserdem würde eine ökologische Radikalisierung der Stadtsysteme die Prüfung folgender Konsequenzen einschliessen : 1. Die innere Verdichtung der Stadtgemeinschaften würde eine entsprechende Landexplosion hervorrufen. Die von städtischen Wirbelsäulen durchzogenen Kontinente blieben beinahe in ihrem Urzustand oder gelangten wieder dorthin, wo sie nicht mehr urbar gemacht werden.
Ein globaler Prozess der Wiedergewinnung und Bewahrung würde dem Menschen sowie dem Tier- und Pflanzenreich zugute kommen.
2. Die Bevölkerungsexplosion wirft Versorgungs- und Raumprobleme nie gekannten Ausmasses auf. Diese können durch intensive, dynamische Prozesse gelöst werden, die aber nur innerhalb dreidimensionaler, den biologischen Organismen analoger Systeme möglich sind.
3. Der Begriff einer individuellen Allgegenwart, die dem einzelnen erlaubt, gleichzeitig Städter und Landbewohner zu sein, entspricht einer immer kompli-
simply the accumulation of the activities of its inhabitants. It is a super-organism at the service of the physical and mental mass which forms the innumerable personalities of its people. To be an historically valid organism, a phenomenon with autonomous validity, a positive quantum in a living system, it must be subjected to the laws which govern all living things.
Of these laws, two are general and absolute: a) In all given systems, the most complex quantum is also the most vital.
b) In all given systems, the most vital quantum is also the most miniaturized.
... On the other hand an ecological radicalization of urban systems would require the examination of the following consequences : (1) The „implosive” contraction of urban communities would result in a proportional expansion of the world. Continents crossed by dorsal lines of towns would remain almost untouched or revert to the state of the present uncultivated areas.
Worldwide recuperation and conservation would benefit man together with the animal and vegetable kingdoms.
(2) A demographic explosion gives rise to logistical and dimensional problems of a scale hitherto unknown. Their solution could be an intensely dynamic process only possible in three dimensions, analogous to the systems found in biological organisms.
(3) The concept of the ubiquitous individual, town and country dweller at one
n’est qu’utopie. Nous sommes directement impliqués dans une monumentale utopie biophysique. Il s’agit de l’explosion suburbaine qu’on pourrait mieux définir par le terme «sous-urbaine». Elle est utopique parce qu’elle «opère» contre les lois qui gouvernent l’évolution cosmobiologique. Cette dernière est maintenant dirigée, comme Chardin l’explique, vers une sociogenèse de complexité croissante.
Par conséquent, elle est automatiquement soumise à une nécessaire contraction (donc miniaturisation).
La révolution est un mouvement vers des conditions qui ne sont pas encore apparues dans l’Histoire. Mais le radicalisme que je propose fait partie intégrante du processus évolutif dont l’Histoire est la plus récente pulsation. Ce n’est donc pas une révolution, mais une radicalisation permettant de poser le problème physique de l’instrumentalité collective sur des bases universellement congruentes. La révolution sociale pourra ensuite établir ses propres lois dynamiques.
Ce sera en effet la contraction physique du récipient urbain qui produira la pression ou la température critique nécessaire à l’explosion du pouvoir mental de l’espèce.
Cette explosion apportera à son tour à l’homme - soit en tant qu’individu qu’en sa qualité de membre de la société - une nouvelle dimension de la réalité, avec laquelle il pourra créer l’inimaginable.
A ce point, il devrait être évident que les considérations sociales, politiques, économiques et esthétiques doivent s’accorder patiemment au coin de la congruence écologico-humaine, considérée sur sa base physicologistique. Le coin en question doit, avec peine peut-être, mais sans relâche, établir l’«à-priori» de toute agglomération urbaine, en la modelant sur l’exemple et la discipline universelle du «plus» à l’intérieur du «moins». Son but est de former cette «infinité» propre à la vie, si bien définie par Chardin. P. S.
zierteren und miniaturisierten Verdichtung.
4. Die gefühlsästhetischen Möglichkeiten, die eigentlich das Wesen des Menschen bestimmen, würden zur Explosion gelangen. Die neuen schöpferischen Möglichkeiten wären in der Tat ebenso gross wie unberechenbar.
Was mich anbetrifft, so muss ich sowohl die Utopie als auch die Revolution zurückweisen. Jede Handlung, die zu Inkongruenz hinneigt, ist eine Pseudohandlung, das heisst, sie ist nur Utopie.
Wir sind direkt verwickelt in eine gigantische biophysische Utopie. Es handelt sich hier um eine «vorstädtische» Explosion, die man besser mit dem Wort «unterstädtisch» umreissen könnte. Sie ist utopisch, weil sie gegen die Gesetze der kosmobiologischen Entwicklung verstösst. Nach den Ausführungen von Chardin ist diese letztere auf eine ständig wachsende, komplexe Soziogenese ausgerichtet. Daher ist sie automatisch einer notwendigen Verdichtung (d. h. Miniaturisierung) unterworfen.
Die Revolution ist unterwegs zu Bedingungen, die für die Geschichte noch unbekannter Natur sind. Aber der Radikalismus, den ich vorschlage, gehört zu dem Evolutionsprozess, dessen letzter Pulsschlag die Geschichte darstellt. Es handelt sich also nicht um eine Revolution, sondern um eine universelle Radikalisierung des Kollektiven. Die soziale Revolution wird dann ihre eigenen Gesetze schaffen. Die physische Verdichtung des urbanen Behälters wird daher den Druck oder die kritische Temperatur hervorbringen, die für die Explosion der geistigen Macht erforderlich ist. Dem Menschen als Individuum oder als Mitglied der Gesellschaft wird diese Explosion wiederum eine neue Wirklichkeitsvorstellung bringen, mit deren Hilfe er das Unvorstellbare schaffen kann.
An diesem Punkt müsste es klar werden, dass alle sozialen, politischen, wirtschaftlichen und ästhetischen Gesichtspunkte sich geduldig der menschlich-ökologischen Kongruenz unterordnen müssen.
Diese Unterordnung muss die vielleicht mühsam zu erhaltende Voraussetzung für jedes urbane Agglomérat sein, indem man es nach dem Beispiel und der universellen Disziplin des Mehr innerhalb des Weniger modelliert. Das Ziel ist, das Unendliche des Lebens zu gestalten, wie es Chardin so gut definiert.
P. S.
and the same time, is intrinsic to the complexo-miniaturizing contraction.
(4) The emotional, aesthetic possibilities which are at the root of man’s actions will become explosive. New possibilities of creation will become as extensive as they are unforeseeable.
Personally I am forced therefore to reject both utopia and revolution. Every action which verges on incongruity is a pseudoaction, it is in other words only utopia.
We are all directly concerned in a monumental biophysical utopia, a suburban explosion, better defined by the term ‘under-urban’. It is utopia because it goes against the rules which govern cosmobiological evolution. The latter is now progressing, as Chardin explains, towards a sociogenesis of increasing complexity. As a result it is automatically subjected to an essential contraction and hence miniaturization.
Revolution is a move towards conditions which are unknown in history, but the radicalism I propose is an integral part of the process of evolution whose most recent driving force is history. It is not therefore revolution but a radicalization which allows the physical problems of collection instrumentality to be placed on a universally accordant basis. Social revolution could then establish its own dynamic laws.
The physical contraction of the urban unit would produce the pressure and critical atmosphere necessary to bring about the explosion of man’s mental powers. This explosion will eventually give man, either as an individual or in his capacity as member of society, a new dimension on reality with which he will create the unimaginable.
It must by now be obvious that these social, political, economic and aesthetic considerations should blend together in a corner of ecological human congruity, considered on a physical, logistical basis.
This corner should, perhaps with difficulty but nonetheless incessantly, seek to establish the a priori of every urban conglomeration, modelling it on the example and the universal discipline of ‘more’ within ‘less’. Its aim is to form the ‘infinity’ necessary to life, which Chardin has so well defined.
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