L’exposition d’architecture romande SIA. FÄS.

Du 10 février au 4 mars 1956 une exposition d’architecture a été présentée au Comptoir Suisse à Lausanne.

Il est peu habituel d’exposer des œuvres d’architectes, et c’est pourtant une part de l’activité humaine qui intéresse le public. Avec les moyens de locomotion, les nouveautés industrielles, l’architecture a sa place dans la pensée de chacun, elle fait partie du cadre de notre vie.

Les organisateurs de cette manifestation désirent présenter au public romand une sélection de bâtiments réalisés ces dernières années, dans le cadre d’une série de manifestations qui doivent établir des contacts fructueux entre le public, les autorités et les architectes.

L’exposition, après Lausanne, a été présentée à Neuchâtel et dans d’autres villes de Suisse Romande, élargissant de ce fait l’audience à toute une région.

Un groupe de trois panneaux, aux photographies admirables, sert de présentation à la manifestation.

L’architecture naturelle: stalactites, pyramides naturelles, formations cristallines, etc.

L’architecture animale : l’œuf, l’escargot, le nid.

L’architecture humaine, en un panorama résumé des Romains au xvme siècle.

Les organisateurs ont ainsi cherché à rattacher leurs créations aux formes naturelles, et par là à mettre en évidence les rapports des formes et des fonctions, car c’est là une donnée fondamentale de l’architecture contemporaine.

Ensuite se déroulent les présentations des sociétés d’architectes, la description du processus de la formation de ceux-ci, pour en arriver aux diverses sections de l’activité des architectes.

L’ensemble des activités humaines y sont représentées: habitation, édifices civils et religieux, écoles, bâtiments administratifs et industriels.

Là, pour le visiteur attentif, à côté de l’intérêt et de la perfection des réalisations se concrétisera peut-être le malaise de notre époque, passionnante mais toute faite de recherches et de retours au passé.

Certes l’architecte a le devoir de composer en fonction des désirs légitimes d’un client, mais au long de cette exposition et plus encore en contemplant l’ensemble de la production actuelle, on est surpris par la diversité des solutions, par la gratuité de certains effets. L’architecture de pierre a vu son déroulement s’accomplir méthodiquement; les processus de construction ont été des sources fécondes d’effets architecturaux et bien des chefs-d’œuvre sont des créations où l’on a poussé au maximum la recherche du parti constructif.

Nous savons aussi que la seule obéissance aux lois de la construction ne suffit pas à créer une architecture, et de même l’assujettissement à un mode de formes que l’on tire du répertoire des éléments architecturaux ne nous conduit jamais à la plénitude d’un résultat. Dans les années de prodigieux développement scientifique que nous vivons, la difficulté et l’intérêt du travail de l’architecte réside dans la recherche de l’expression plastique et constructive en rapport avec le programme et les possibilités matérielles à disposition.

Nous avons maintenant des possibilités d’une telle variété que nous devons faire appel aux spécialistes: ingénieurs, constructeurs, ou laboratoires pour savoir ce qu’il est légitime d’employer: béton, béton armé, acier, aluminium ou matières plastiques, sans oublier la brique, la pierre et le bois. Si les canons de l’architecture de pierre ont pu se fixer et devenir le caractère d’une époque, ceux de notre temps sont loin d’être établis, et il n’est pas à regretter que nous soyons les spectateurs d’une telle débauche d’imagination.

Nous pouvons souhaiter que le travail des architectes, que l’effort de formation des générations à venir nous permettra d’aboutir à la plénitude d’expression de l’architecture pour le plus grand bien de la vie sociale et artistique de la société.

Par là, une exposition comme celle qui est présentée ces temps-ci, est précieuse d’enseignements et il est à souhaiter que de telles manifestations se répéteront à intervalles réguliers.

J. Felber