L’installation et l’aménagement d’une cuisine moderne

La cuisine est 1’« atelier de la maîtresse de maison». La cuisinière, l’évier, la table de travail sont ses outils, avec lesquels elle œuvre et « produit », chaque jour, durant de nombreuses heures. Il devient toujours plus nécessaire, à notre époque éprise de vitesse, de rationalisation et de productivité élevée, d’augmenter le « rendement » des travaux de la ménagère, c’està-dire d’alléger son travail, d’en simplifier les opérations et de lui faire gagner ainsi un temps précieux qu’elle peut employer utilement ailleurs. Le prix du terrain et de la construction restreint l’espace vital de chacun, d’où nécessité d’en mieux utiliser les surfaces disponibles. Les types de cuisines modernes qui répondent à une rationalisation bien comprise des travaux ménagers sont les suivants, avec leurs avantages et leurs inconvénients respectifs:

la cuisine-atelier, affectée exclusivement aux travaux de préparation des repas, se rencontre spécialement dans les grands appartements.

avantages : séparation nette entre le lieu de préparation des aliments et celui où ils sont consommés. Aucune odeur répandue dans l’appartement.

inconvénients : exige davantage de place que les autres types. Surcroît de travail résultant de la distance à parcourir de la cusine à la salle à manger.

 

la cuisine-salle a manger, très répandue en ville comme à la campagne, réunit en une seule pièce le lieu de préparation des repas et celui où l’on consomme les aliments.

avantages: l’odeur des mets, circonscrite à une seule pièce, peut être facilement éliminée par une bonne ventilation. Simplification du travail.

inconvénients: le moment des repas ne constitue plus une véritable détente à un endroit où presque simultanément on prépare les aliments, on les mange et on lave la vaisselle. Les vapeurs chaudes et humides y imprègnent vêtements et mobilier.

 

la cuisine-logement, l'lune des formes les plus anciennes de la cuisine, réunit en elle les trois fonctions de la cuisson, de la consommation des aliments et de l’habitation. Ce type
se rencontre avant tout dans les demeures paysannes et ouvrières.

avantages: encombrement réduit au minimum. Même source de chaleur utilisée simultanément à la cuisson des aliments et au chauffage de l’air ambiant.

inconvénients: en été, la température de cette cuisine est gênante. Vêtements et meubles s’imprégnent d’odeurs ménagères, tout en souffrant de l’humidité régnante et des vapeurs
grasses. Nécessité d ’une ventilation adéquate. Tranquillité et détente bien compromises.

 

studio avec cuisinette. Dérivée de la cuisine-logement, se rencontre avant tout dans les petits appartements des immeubles locatifs, attirant particulièrement les jeunes
couples et les personnes seules.

avantages : réunion des trois fonctions dans une seule pièce, la partie où l’on cuisine étant séparée de celle où l’on demeure par un rideau ou une porte. Travail minimum en raison de
la configuration réduite mais rationnelle de la partie réservée à la cuisson des aliments.

inconvénients: manque d’espace et de confort ménager, aération difficile.

Ces différents types de cuisines, ainsi que leurs dimensions et aspects influencent la disposition du mobilier de 1 ’« atelier culinaire ». La tendance actuelle est à la constitution de blocs ménagers groupant les différents éléments: cuisinière, évier, égouttoir, table, boiler, armoire frigorifique et poubelle.

On en distingue les formes élémentaires suivantes:

Meubles groupés en forme de I, appuyés à une seule paroi.

Meubles groupés en forme de II, opposés sur deux parois, avec libre circulation entre eux.

Meubles groupés en forme de L, disposés sur deux parois successives.

Meubles groupés en forme de U, disposés sur trois parois successives.

La disposition rationnelle de telles installations mobilières dépend avant tout des différentes fonctions des « centres de travail » de la cuisine : centre de préparation culinaire. Le centre de préparation culinaire peut être constitué par une table de travail, munie d’un tiroir contenant l’outillage nécessaire. Cette table est disposée à portée immédiate de la poubelle (au-dessous), de l’évier (à gauche) et de la cuisinière (à droite). centre de cuisson. La cuisinière peut être électrique, à gaz ou au bois, éventuellement utiliser une combinaison de ces
moyens, selon les possibilités et les goûts. Munie de trois ou quatre éléments de chauffe et d ’un four, elle fonctionne aujourd ’hui automatiquement par le réglage thermostatique
le plus simplifié possible. Une seule manette règle une fois pour toutes le débit maximum d ’énergie nécessitée par le plat à préparer. Les éléments de chauffe, tout en étant écono
miques, doivent permettre de faire bouillir de l’eau dans le délai le plus bref, ou de mijoter des mets à la température la plus douce.

Tous les ustensiles de cuisson: marmites, casseroles, couvercles, cassotons, passoires, etc., seront naturellement groupés à proximité immédiate de la cuisinière.

centre de lavage. Le bassin de lavage sera pourvu d ’une alimentation en eau chaude et eau froide. Un perfectionne ment est à signaler ici; c’est la disponibilité d ’un bassin
accessoire spécial muni d ’un panier métallique destiné à recevoir la vaisselle venant de la table desservie: un premier dégrossissage détache les gros résidus qui sont éliminés avant
que la vaisselle passe au lavage proprement dit. L’égouttoir sera disposé à gauche du bassin à laver, à moins que la ménagère ne soit gauchère (ce qui est le cas de 10 %
seulement des femmes suisses). De cette brève description, il ressort que l’aménagement du centre de préparation est lié, d’une part, avec celui de lavage et, d’autre part, avec celui de cuisson. La disposition théorique idéale des éléments mobiliers de la cuisine est ainsi la suivante (de gauche à droite): égouttoir, un ou deux bassins, table de travail, cuisinière. Si la place disponible estnplus grande, on peut avantageusement prévoir encore une place libre à gauche de l’égouttoir, pour la vaisselle propre et une autre à droite de la cuisinière pour dresser les mets. Des recherches effectuées à l’Ecole polytechnique fédérale et à l’Institut ménager suisse, il ressort qu’une telle disposition des éléments réduit les déplacements et, par conséquent, la fatigue de la ménagère de quatre cinquièmes (20 pas au lieu de 100) comparativement aux installations moins rationnelles.
Les essais en question ont démontré, d’autre part, que les dimensions les plus favorables du mobilier de travail sont les suivantes: table de travail, debout, environ 80 cm, assis,
65 cm; cuisinière, 80 à 85 cm; lavoir, 90 à 95 cm (selon la profondeur des bassins). La « règle suédoise » de calcul des hauteurs donne, pour le bord du lavoir, 10 cm en dessous
des coudes. Les femmes suisses étant, en moyenne, moins grandes que les suédoises, nos constructeurs ont tous adopté les deux hauteurs standard de 85 et 91 cm.
Les installations de mobilier de cuisine sous forme de blocs complets, ou au moyen d’éléments ajustables et amovibles —- qui sont fort pratiques — rendent nécessaires, pour des rai sons esthétiques, et aussi pour permettre un nettoyage rationnel des surfaces, une uniformisation de la hauteur des trois centres de travail conjugués. Comme c’est le lavoir qui est le plus fréquemment utilisé, il est logique de le prendrepour base de calcul

Ph. Burras
Directeur Le Rêve S. A.