Maison de week-end et de vacances du Dr Paul Martin, En Marin sur Lausanne

Voilà le programme: Un maître d'ouvrage, grand sportif, fervent des entraînements dans les bois du Jorat, aimant la proximité des grands sapins et des prés, désire une maison.

Une maison simple et agencée pour de courts séjours, mais suffisamment confortable pour y vivre plus longtemps..., ou toute l'année, spacieuse pour y recevoir les nombreux amis et camarades de sport. Le maître de l’ouvrage tenait à ce que le bois soit le matériau dominant de la construction.

Et les données: Adossée à une lisière de la forêt du Jorat, une prairie en pente, vers le sud. Altitude 840 m. A l'est, la forêt, de grands sapins, écran contre la bise. A l'ouest, une maison, puis une ferme, la vue s’arrête là, peu intéressante.

Devant, prés et langues de forêt, au loin la Savoie, le fond du lac, large dégagement. On accède par la route au nord-ouest, juste derrière la lisière.

Puis ce qui a été fait : La maison est longue, basse, presque austère sous son grand toit blanc-gris. Vue du chemin, derrière, elle est comme plaquée au sol. L’agencement des volumes intérieurs épouse le bossellement de la prairie. Au sud, une terrasse de gazon se raccorde au pré par un grand talus, on ne voit pas une plante d'ornement, mais avant les foins, c’est plein de marguerites. Pour entrer, on se glisse sous un couvert, on peut tremper sa main dans le chéneau tellement c'est bas. A l’intérieur, il y a des dégagements où le plafond s’abaisse; des tout grands s’y taperaient la tête. Dans les chambres à coucher, c'est un peu plus haut, le plafond est horizontal; tout est en lames de sapin. Mais dans la grande pièce, c’est long, large et haut; les poutres suivent la pente du toit. A un bout, un grand mur en moëllons, dans ce mur, une cheminée. On l’a faite grande... on pourrait s'y tenir en long. Les autres parois sont en rondins, ça fait un peu Canada... Cette pièce est en forme de L. En tournant à droite au fond, le plafond s’abaisse: c'est là qu'on mange et une porte donne sur la cuisine.

Par une large porte-fenêtre, on pourrait filer sur le balcon, mais par ces derniers étés, on est resté dedans... Revenons dans le hall — il faut monter quelques marches pour aller dormir: comme dans un chalet, on monte se coucher.

Il est vrai que de la chambre du fond, la vue vers Genève est belle et que si l’on ouvre l'œil tôt le matin, on peut voir par la fenêtre, côté forêt, les grands sapins qui coupent des tranches de lumière pleines de gazouillis — il paraît que ça donne du courage pour toute la journée. Par là, tout près, on dégringole au garage en passant par une penderie. Si l'on rentre tard, et que l’on se sent paresseux, cela facilite bien des choses. Redescendons maintenant... il y a encore un étage: un rez inférieur. C'est-à-dire que les portesfenêtres donnent sur la terrasse. Une salle de jeu, de pingpong, une sauna (pour rester jeune et vigoureux) et, attenantes, une douche et une pièce qui sert de vestiaire et où l’on se repose sur des chaises-longues. Derrière, contre terre, une cave, des toilettes, le chauffage.

On a fini par arriver au bout. Il y a eu des pierres, du mortier, un peu de briques, beaucoup de bois, et de l’Eternit sur le toit. Le peintre n’a pas eu grand chose à faire, presque tous les matériaux avaient déjà leur teinte à leur naissance.

L’architecte a essayé de les mettre en place pour qu'ils parlent chacun leur langage... évidemment, beaucoup restent muets... mais la nuit, les planchers craquent fort...

Conclusion: Ceux qui, après un long footing, ont pris le sauna bien chaud, puis la douche piquante bien froide, se sont affalés dans les grands fauteuils devant la cheminée, une boisson fraîche sur la table, et ont bavardé tard dans la nuit. Le chien Néro s'est endormi dans sa niche (en petits rondins, elle aussi).

Jusqu'à présent personne ne s’est plaint.