Le congrès international d’architecture moderne CIAM La Sarraz (1928)

Il y a exactement trente ans, qu’à la fin de juin 1928, le Congrès international d'architecture moderne réunit, au château de La Sarraz, prêté généreusement par Madame Hélène de Mandrot, les architectes modernes dont les œuvres avaient marqué le renouveau de l'architecture.

Les bases d'une organisation internationale furent jetées ainsi qu'un essai d'action commune sur l’opinion et sur les autorités.

Dans cette intention, l’assemblée qui, pendant quatre jours, discuta des problèmes les plus importants de l'architecture contemporaine, lança un manifeste déterminant le rôle de l'architecture dans la société moderne.

Comme ce congrès a représenté le premier geste concerté en vue d'ouvrir la voie, dans le monde entier, à l'architecture moderne, dite fonctionnelle, on peut aujourd'hui juger de l'importance, en quelque sorte historique, de la démarche de ces pionniers d’une époque nouvelle.

La déclaration du Congrès de La Sarraz a la teneur suivante:

«Les architectes soussignés, représentant les groupes nationaux d'architectes modernes, affirment leur unité de vue sur les conceptions fondamentales de l'architecture, ainsi que sur leurs devoirs professionnels envers la société.

Ils insistent particulièrement sur le fait que « construire » est une activité élémentaire de l’homme qui est intimement liée à l'évolution etau développement de la vie humaine.

La tâche des architectes consiste donc à se mettre en accord avec l’orientation de leur époque. Leurs œuvres doivent exprimer l'esprit de leur temps. Ils se refusent donc catégoriquement à employer dans leur méthode de travail les principes qui ont pu animer les sociétés passées; ils affirment au contraire la nécessité d'une conception nouvelle de l'architecture, satisfaisant les exigences spirituelles, intellectuelles et matérielles de la vie présente. Conscients des transformations profondes apportées à la structure sociale par le machinisme, ils reconnaissent que la transformation de l’ordre et de la vie sociale entraîne fatalement une transformation correspondante du phénomène architectural. Le but précis de leur réunion est de réaliser l'harmonisation entre les éléments en présence et ce en replaçant l'architecture sur son plan véritable qui est le plan économique et sociologique, en l'arrachant à l’emprise stérile des Académies conservatrices des formules du passé.

Animés de cette conviction, ils déclarent s’associer et se soutenir mutuellement en vue de réaliser, moralement et matériellement, leurs aspirations sur le plan international.» 26 juin 1928

Signataires de la déclaration de La Sarraz:

Hendrik Petrus Berlage, La Haye

Ernst May, Francfort a/M.

Victor Bourgeois, Bruxelles

Fernando Garcia Mercadal, Madrid

Pierre Chareau, Paris

Hannes Meyer, Dessau

Joseph Frank, Vienne

Werner Moser, Zurich

Gabriel Guevrekian, Paris

Carlo Enrico Rava, Milan

Max Ernst Haefeli, Zurich

Gerrit Rietveld, Utrecht

Hugo Häring, Berlin

Alberto Sartoris, Turin

Arnold Hoechel, Genève

Hans Schmidt, Bâle

Huib Hoste, Brugges

Mart Stam, Rotterdam

Pierre Jeanneret, Paris

Rudolf Steiger, Zurich

Le Corbusier, Paris

Henri Robert Von der Mühll, Lausanne

André Lurçat, Paris

Juan de Zavala, Madrid