Un pavillon d’exposition Mirco Ravanne, architecte

Le projet que nous présentons partiellement, dont la structure est l'œuvre de l’ingénieur franco-italien Nino Tomasini, de Paris, a été conçu par le jeune architecte vénitien Mirco Ravanne qui a travaillé, sous la conduite de Nervi, Breuer et Zerfhus, à la construction du Palais de l’Unesco à Paris. Bien qu’il ait remporté le premier prix au concours restreint ouvert par une grande maison d’éditions de France, ce projet, destiné à l’Exposition universelle de Bruxelles 1958, n’a malheureusement pas été exécuté.

De tout temps, le prestige de l’espace exerça une forte attraction sur les architectes. Instruit des avantages que présente la théorie de la profondeur, puisqu’elle donne le moyen d’établir des plans dynamiques où l’étendue des surfaces intérieures multiplie les parois et amplifie les volumes extérieurs, Mirco Ravanne imagina par conséquent un édifice dont les masses inertes ne joueraient qu'un rôle extrêmement réduit. Sur un terrain de 1200 m2, dont la base de la construction en occupe à peine 190, il développa une surface d'exposition de 210 m, une surface de circulation de 90 m et une surface utile totale de 450 m. Des baies largement vitrées, liant des parois en lames de bois à des murs en béton, devaient rythmer en transparence les lignes ascensionnelles et descendantes de la construction. Du hall d’accueil (surmonté par une coupole s’élevant à dix mètres et constituant le cœur de l'édifice) un itinéraire à sens unique, tracé par des rampes à pente constante de 13 cm. par mètre, aurait conduit les visiteurs de salle en salle. D’autre part, ce parcours devait traverser une suite d'espaces ayant leur vie propre et une hauteur différente.

Il ne fait aucun doute qu’une pensée directrice d'une haute tenue a présidé à l’élaboration de ce projet.

En effet, Ravanne n’avait pas à choisir un parti parmi d’autres; il devait avant tout découvrir un registre de formes répondant à des fonctions et créer une architecture nouvelle en y engageant toutes ses connaissances plastiques et les ressources intuitives de sa fantaisie. Ayant brillament atteint le but qu’il s’était désigné, il est infiniment regrettable que ses dons n'aient pas été récompensés par la réalisation de l’œuvre qu’il a si hardiment imaginée.

A. Sartoris