Barcelone
Cette année, le « Jour Mondial de l'Urbanisme » aura un grand retentissement. La ville de Barcelone, qui sera le centre de ralliement officiel des urbanistes du monde entier, s’apprête à le célébrer avec la dignité et le faste dont les Espagnols ont le secret. C’est à l'architecte Manuel de Solâ-Morales, doyen-président du Collège Officiel des Architectes de de Catalogne et des Baléares, qu'on adressera de partout les rapports et les messages télégraphiques. Le 8 novembre constituera non seulement une date mémorable pour les entreprises engagées en faveur de l’urbanisme, mais sera également marqué pour l'Espagne d'un éclat particulier. Les importantes manifestations qui seront organisées (Congrès National d'Urbanisme, exposition, conférences, débats publics) coïncideront avec le premier centenaire du «Plan Cerdâ », du plan régulateur et d’agrandissement qui a donné à Barcelone sa physionomie actuelle. En soulignant les mérites de cette remarquable réalisation, on rappellera aussi ceux de Carlos Maria della Paolera, fondateur du «Jour Mondial de l’Urbanisme ».
Il est rare de connaître la vie exemplaire de certains grands urbanistes modernes car, d'ordinaire, ils ne s’expriment que dans leurs œuvres et ne s'en expliquent pas. A Barcelone, lors de la commémoration du « Plan Cerdâ », il en ira tout autrement de son auteur. Conjointement aux nombreuses étapes de son activité, on analysera savamment les différentes phases de sa courageuse existence et on constatera que Cerdâ sacrifia toute son intelligence et tout son temps à l’urbanisme et au bien de la communauté.
Né en 1816 au Manso Cerdâ de Centellas, dans la province de Barcelone, lldefonso Cerdâ Suner étudia le latin et la philosophie au Séminaire de Vich, puis l’architecture et les mathématiques à Barcelone. A 19 ans, il entra à l’Ecole d’ingénieurs des ponts et chaussées, canaux et ports, de Madrid, dont il sortit diplômé en 1841 après avoir servi comme lieutenant dans la Milice Nationale. Ensuite, il travailla comme ingénieur successivement à Téruel, Tarragone, Gérone et Barcelone. En 1848, il quitta le Corps des Ingénieurs pour se consacrer entièrement aux études d’urbanisme. Il écrivit un « Traité d’Urbanisation » (volumineux ouvrage en trois tomes dont seuls les deux premiers furent publiés) et entreprit pour son compte l'élaboration minutieuse du fameux projet d’agrandissement de Barcelone.
Député aux Cortès en 1850, Syndic de la Municipalité de Barcelone et Commandant du bataillon de sapeurs de la Milice Nationale en 1854, son plan de développement de la capitale catalane fut adopté en 1859. Conseiller municipal de Barcelone en 1864 (durant ses deux législatures il dut faire face à deux épidémies de choléra) et Député provincial en 1871, en qualité de quoi il put promouvoir la publication du plan de la Province, ainsi que l’établissement des devis et des budgets provinciaux.
Il dédia les dernières années de sa vie au projet d'urbanisme de Montjuich, qui resta inachevé ; se transféra, très malade, à Madrid, et mourut en 1876, à Caldas de Besaya, dans la plus extrême misère.
Le «Jour Mondial de l’Urbanisme 1959 » aura donc trois thèmes essentiels à débattre: poursuivre la recherche des mesures à prendre pour promulguer les lois de la cité idéale, trouver la meilleure adaptation du « Plan Cerdâ » aux données nouvelles de l’urbanisme, synthétiser l'œuvre du premier créateur du Barcelone moderne.
Alberto Sartoris
Président du Comité permanent du «Jour Mondial de l'Urbanisme»