Les origines de l'architecture contemporaine

Les origines de l’architecture contemporaine Introduction Nous sommes particulièrement heureux de publier ciaprès quelques articles que l'AICA a eu l’amabilité de nous remettre en priorité mondiale. Ces articles sont extraits de rapports présentés lors du congrès international de Bruxelles, organisé par l'AICA en 1958. Nos lecteurs ont d’ailleurs déjà eu la possibilité de lire, en primeur, dans notre précédent numéro, le rapport de notre collaborateur Alberto Sartoris, sur les origines de l'architecture nouvelle de l’Amérique latine. Durant ce congrès, différentes personnalités sont intervenues dans les débats et nous citerons, entre autres, Pierre Francastel (France), H.L.C. Jaffé (Pays-Bas), Pierre Jeannerat (Grande-Bretagne), Mario Pedrosa (Brésil), M. Pei (Etats-Unis), Victor Servranckx (Belgique), et James Johnson Sweeney (Etats-Unis).

D’ores et déjà, nous pouvons annoncer que nous publierons dans notre prochain numéro, grâce également à l'AICA, certains articles présentés au congrès de New-York 1959, et en particulier: L’architecture américaine par Philip Johnson, L'art de l'ingénieur par R.B.

Fuller, ainsi que d’importants débats sur la peinture et la sculpture américaines.

D'autre part, nous avons le privilège d'annoncer à nos lecteurs que notre éminent collaborateur Alberto Sartoris est invité officiellement, du 15 au 25 septembre prochain, par le Gouvernement brésilien en compagnie de S. Gille-Delafon, Oscar Niemeyer, Mario Pedrosa, Eero Saarinen, Richard-J. Neutra, Sigfried Giedion, Jean Prouvé, André Bloc et André Chastel. Un congrès international extraordinaire, organisé par la section brésilienne de l’AICA, aura lieu à ce moment à Brasilia, la nouvelle capitale du Brésil, à Sâo Paulo et à Rio de Janeiro.

Le thème général de cette importante manifestation est: La CITE NOUVELLE et LA SYNTHESE DES ARTS, thème qui conduira à une série de débats secondaires abordant l'urbanisme, l’architecture, les arts plastiques, les arts industriels, les matières nouvelles, le musée moderne. Il va sans dire que nos lecteurs trouveront dans notre prochain numéro l’essentiel de ces débats.

Les prochains congrès internationaux organisés par l'AICA, qui auront lieu en 1960 à Varsovie, et à Darmstadt en 1961, sont appelés à avoir un profond retentissement. Le thème du congrès de Varsovie est le suivant: La relation entre le côté national de l'art contemporain et le problème de la formation du style international de l'art actuel. Souhaitons à ces manifestations le succès qu'elles méritent !

Anthony Krafft


Dès leurs premiers congrès internationaux en 1948 et 1949, les critiques d’art ont témoigné du souci de constituer, pour l'art contemporain, les archives auxquelles nul encore n'avait songé. Par la suite, en 1956, lors d’une assemblée tenue à Dubrovnik, ils ont envisagé d'introduire dans leurs perspectives l’architecture contemporaine. L’exposition internationale de Bruxelles a paru être le cadre le plus favorable pour commencer une telle étude.

L'idée n'était pas de s'attaquer dès ce moment au rassemblement d’archives dans ce domaine. Il semblait, auparavant, utile de tenter de préciser le départ de ce qu’on appelle l'architecture moderne. D’où ce colloque sur les «Origines de l'architecture contemporaine», ouvert à Bruxelles en 1958 et repris à New-York cette année.

A l’examen, il est vite apparu que la question se présentait dans un état imprécis et diffus et que c’était s'avancer dans un monde encore totalement inexploré. Avant de constituer une documentation, il y avait à en préciser les sources.

Tel était le point de vue de Pierre Francastel qui, le premier, avait soulevé ces problèmes et voulait bien se charger d'ouvrir le colloque. Prétendre établir un bilan de la contribution apportée par chaque pays au développement de l'architecture du XXe siècle lui semblait hors de question. Il lui paraissait même difficile de déterminer comment aborder le problème et il proposait de procéder à un premier échange de vues afin de préciser suivant quels principes une documentation historique et systématique pourrait être rassemblée en vue de confrontations ultérieures.

On verra comment ont été mises en avant les difficultés de l’entreprise et les modes d'approche proposés pour la recherche d'une documentation qui se cache encore.

L’architecture, en fin de compte, est la grande révolutionnaire de l’époque et l’on est conduit à l'étudier.

L'AICA, pour sa part, semble convaincue que l'histoire de l'architecture est à écrire à nouveau, ou pour le moins, reste à faire pour la période contemporaine. D’où cette résolution de notre Association d'entreprendre des recherches sur les origines de la dernière période, d’en repérer les premiers signes, de déceler leur apparition dans les différents pays. Etude complexe et malaisée qui se présente en quelque sorte comme l’attaque de la technique par l'historien et le critique d’art.

On attribue la naissance de l'architecture moderne à une rupture avec le passé historique. Cependant, le fait nouveau dans l’architecture s'ajoute à d’autres faits nouveaux que la science de l'homme a provoqués.

A l'époque industrielle et technologique, l’architecture puise dans des techniques complètement renouvelées et ceci l’autorise à une transformation en conséquence.

Aux historiens et aux critiques revient de réunir le dossier autour duquel les problèmes sont concentrés.

Dire comme certains s’y sont crû autorisés, qu’étudier l’architecture moderne c’est sortir de l'histoire, apparaît hors de propos à nos yeux. Tout est histoire et trouve sa place après ce qui l'a précédé. Il nous semble qu’en étudiant l’architecture d’aujourd'hui il convient plutôt de constater que l’on sort de la tradition. Avec l’époque moderne une rupture se crée qui enlève tout sens au mot tradition, à la chose transmise. Le monde évolue par bonds prodigieux qui ne donnent plus à la durée le sens qu’elle avait auparavant. Nous sommes constamment en époque de transition et c’est déjà de l'architecture atomique que, sans doute, il conviendrait de s'entretenir.

S. Gille-Delafon, Secrétaire général de l'AICA