Huib Hoste, architecte belge, 1881-1956
Parmi les architectes réunis en 1928 au congrès international d’architecture moderne au château de La Sarraz, il y avait un être taciturne, orné jadis d’une barbe rousse, signe d’un tempérament de feu, mais d’un feu contenu par une discipline farouche: Huib Hoste, de Bruges.
Son architecture, qu’il désignait lui-même du qualificatif de positive, marquait à cette époque par la netteté de ses volumes, par la rigueur de ses plans.
En 1924, après avoir édifié plusieurs maisons particulières, il avait réalisé, avec l’urbaniste belge van der Swaelmen, un des premiers ensembles franchement modernes, la cité-jardin du « Kapelleveld ». Ce que Tony Garnier avait créé en France avec ses cités ouvrières lyonnaises, Huib Hoste le prisait en Belgique, en même temps que son confrère Victor Bourgeois édifiait la cité de Berchem - Sainte Agathe avec la rue du Cubisme, appellation qui faisait pâlir d’une amicale jalousie le critique d’art André Salmon, inventeur badin de 2467 noms de rues, sauf celui-là qui lui avait échappé...
Cette vague d’architecture moderne était le troisième assaut de l’avant-garde belge depuis les années de 1893.
Hoste, instruit par les expériences des aînés parmi ses compatriotes et par celles de maîtres hollandais tels que Berlage, auteur de la Bourse d’Amsterdam, et chez qui il était allé faire un stage, prit la résolution de créer à son tour des œuvres aux volumes purs et aux lignes droites tandis que la mode des courbes vagues et fluantes persistait sur tout le continent.
Une maison pour célibataires, un hôtel sur la mer du Nord à Knokke, une salle de spectacle, un monuments aux Morts, la cité de Selzaete, autant d’œuvres qui, par leurs formes nettes, leur composition géométrique se signalaient à l’attention de sa génération.
La revue belge de « 7 Arts », hebdomadaire fondé en 1923 par les frères Bourgeois, le poète et l’architecte, tous deux constructeurs de poèmes écrits et bâtis, par le peintre-poète Pierre Flouquet et par leurs amis Maes et
Monier, ne manqua pas d’attirer l’attention du public sur l’importante production de Huib Hoste, plus enclin à bâtir qu’à parler ou à écrire.
L’Allemagne des Peter Behrens, Bruno Paul, Gropius, l’Autriche des Josef Hoffmann, Adolf Loos (dont nous possédons, à Clärens, le chef-d’œuvre, la villa Karma), la Hollande des Berlage, van t’Hoff, l’Amérique des Frank Lloyd Wright, la France des Tony Garnier, Sauvage et Perret, la Belgique des Horta, van de Velde, ces pays avaient ouvert la voie à une école d’architecture moderne à laquelle les revues et le journalisme surent donner un retentissement grandissant.
Le congrès de La Sarraz fut une occasion de faire le point dans un mouvement qui, par son ampleur internationale, méritait la confrontation des résultats les plus marquants.
La présence de Huib Hoste était donc pleinement justifiée à ce congrès d’autant plus que, en 1926, une grande exposition à Nancy lui avait assigné une place de choix à côté des peintres cubistes, des sculpteurs et des architectes les plus célèbres de cette époque.
Actuellement, dans l’extrême diffusion des connaissances, on se laisse facilement leurrer par l'illusion de tout savoir, et on juge inexistant ce qu’on n’a pas entendu ou lu. Le maréchal de Bassompierre continue à faire des adeptes nombreux.
Mais les œuvres, qu’elles soient commentées ou non, ont leur vie propre dont la qualité, a supposer qu’elles en aient, finit par être admise quel que soit le temps qui s’écoule.
Le rayonnement du Parthénon n’a-t-il pas subi une éclipse de deux mille ans?
C’est à l’université de Louvain, dépositaire de l’ensemble de la documentation sur l'œuvre de Huib Hoste, que se conserve le témoignage le plus probant de la valeur de ce précurseur de l’architecture moderne.
H. Robert Von der Muhll