Tea-Room aux Charbonnières, Vallée de Joux, Vaud | Michel Fantoli, Jean Kropf
La colline rocheuse sur la rive gauche du lac de Joux est en été un coin fort goûté des touristes et campeurs. En face du village du Pont cette crête abrupte s’abaisse et devient la continuation naturelle de la promenade des quais.
Il était donc indiqué d’y prévoir un établissement public qui apporterait un intérêt de plus à la promenade et qui résoudrait les problèmes de point d’eau et W.-C. posés par les campeurs.
Lors de la demande d’achat de terrain, le plan d’extension était en pleine gestation et prévoyait uniquement une zone de verdure pour cette région. Un autre projet de la Compagnie vaudoise d'électricité se cristallisait aussi à cet endroit, celui d’ériger une statue qui prendrait sa place dans le cadre fournissant l’eau à l’alimentation de ses usines. La statue — cheval ailé symbolisant l’envol de l'énergie — serait l’œuvre d’André Lasserre.
L’étude d’urbanisme faite d’entente avec les autorités qui demandèrent l’avis de la Commission cantonale consultative d’urbanisme et d’esthétique fut menée par M. A. Pilet, architecte, créateur du plan d'extension.
La construction d'un tea-room de 40 places, ses services et l’habitation du propriétaire présentait des difficultés certaines. Cellesci eussent été vite résolues, si l’on avait pu ériger deux étages au-dessus du monticule; mais l'écran formé par ce haut bâtiment eût bouché la vue sur la colline depuis le village du Pont. On laissa donc l’habitation au-dessus de la crête, ce qui correspondait au gabarit légal et au vœu du maître de l’œuvre. Quant au tea-room, il descendit d’un étage sur la pente nord, tout en étant avancé le plus possible à la limite du terrain côté lac, de manière à garder l’ensoleillement maximum.
Il ne restait plus qu'à lier ces deux corps de bâtiment par les services contenus dans un volume bas. Il comprend lesW.-C. publics, la cuisine, l’office et l’intendance.
Pour cette mise en place des volumes, le souci constant des architectes fut l'harmonie des masses en fonction du paysage, et en cours d'étude la seule solution valable fut trouvée dans le toit plat. En effet, comme de partout le tea-room domine la colline, seules les lignes horizontales permettaient une silhouette assez pure. Cela reste aussi et de loin la meilleure solution pour la mise en valeur de la future statue d’André Lasserre, qui apportera le mouvement vertical contrastant.