Né à Alger en 1896, André Bloc est ingénieur des arts et manufacture de l'Ecole Centrale de Paris, il est fondateur en 1930 de la revue « VArchitecture d'Aujourd’hui », en 1951, il est co-fondateur du Groupe Espace dont il devient le Président, en 1955 il fonde la revue « Aujourd’hui » André Bloc est également connu pour ses nombreuses sculptures et peintures, vitraux et tapisseries
Les promoteurs de l’architecture moderne ont tous préconisé le plus grand dépouillement afin d’éviter toute compromission avec une décoration de mauvais aloi.
Par des écrits illustrés d’exemples caricaturaux Le Corbusier fut un des plus véhéments détracteurs de « l’art décoratif » et de l’exposition internationale de 1925, qui lui était dédiée.
La justesse des proportions, l’équilibre des volumes, les justes rapports de dimensions, le bon usage des techniques sont à la base de toute architecture, sans qu’il soit nécessaire de faire appel aux autres arts.
Pourtant l'emploi de la couleur et la présence d’éléments sculptés peuvent, dans certains cas, apporter des satisfactions que l’on aurait tort de négliger.
Le Groupement hollandais du « Stijl » et ensuite Le Corbusier préconisèrent l’usage de la couleur, mais les idées directrices étaient fort différentes. Les méthodes très strictes du « Stijl » connues sous le nom de « Néoplasticisme » ont une valeur permanente et aujourd’hui encore, un certain nombre d’artistes croient devoir s’imposer les mêmes disciplines que préconisaient les peintres Mondrian et Van Doesburg, les architectes Rietveld, Oud et Van Esteren. Rappelons la très heureuse expérience de Delaunay en 1937 pour le Pavillon de l’Aéronautique à l’Exposition Internationale de Paris.
Sous le titre de « Synthèse des Arts » Le Corbusier préconise aussi la polychromie architecturale, certaines compositions murales et même l’emploi des reliefs dans le béton armé. S’estimant mieux qualifié que n’importe quel autre artiste pour réaliser l’unité plastique dans son œuvre architecturale par l’intégration de ses propres œuvres, il ne fit jamais appel à des peintres ou à des sculpteurs. Ses intentions sont excellentes, mais mal définies. Sa polychromie architecturale est très vivante, mais quelque peu turbulente: Unité d’Habitation de Marseille ou de Nantes, Haute Cour de Justice de Chandigarh, Chapelle de Ronchamp.
Elle ne s’inscrit dans aucune discipline.
A la suite des premières expériences du « Stijl » et de Le Corbusier, notons les initiatives du Groupe Espace de Paris. Basés sur l’art abstrait, certains essais ont été tentés dans la région parisienne: polychromie d’usines et d’immeubles, compositions murales, sculptures abstraites inscrites dans des jardins, etc...
Acquis aux idées du Groupe Espace, l’architecte Villanueva fit un très large appel à des artistes abstraits ainsi qu’à Fernand Léger et à Henri Laurens pour la Cité Universitaire de Caracas. Le résultat est favorable, mais on peut cependant faire quelques réserves sur la surabondance d’œuvres murales qui se gênent les unes les autres.
A la même époque: un contre-exemple, celui de la Cité Universitaire de Mexico avec d’immenses surfaces composées en dehors de toute discipline et de toute direction artistique.
Signalons, pour mémoire, les essais de Walter Gropius pour l’Université Harvard, essais intéressants réalisés dans l’esprit du Bauhaus. Une des plus belles tentatives contemporaines est due à l’architecte Saarinen qui réussit, pour les Laboratoires de la General Motors à Detroit, une composition polychrome et l’installation d’une magistrale sculpture de Pevsner.
De nombreux autres essais sont encore à signaler, celui de l’architecte suisse Tschumi à Lausanne pour un grand immeuble de bureaux: compositions murales etsculptures, ceux de l’architecte Ginsberg dans la région parisienne, ceux, fort discutés de l’Unesco à Paris, celui de l’architecte Marcel Breuer à Rotterdam avec une sculpture abstraite géante de Gabo.
Dans l’art des jardins, une personnalité brésilienne s’est affirmée, celle de Roberto Burle Marx, très souvent en collaboration étroite avec les architectes Oscar Niemeyer et Alfonso Eduardo Reidy. Une expression contemporaine du jardin a été mise au point en excellent accord avec l’architecture.
Le sculpteur américano-japonais Noguchi a tenté aussi de proposer une solution du jardin moderne dérivant de l’art traditionnel du jardin japonais, mais il semble bien qu’il n’ait guère dépassé les limites d’une grande tradition.
Dans le domaine de la polychromie architecturale, nous assistons depuis quelques années à de très nombreux essais, souvent déconcertants. Dans ce domaine de la couleur, qui ne se croit qualifié pour faire une proposition! Il est rare qu’un bon spécialiste de la couleur ne soit pas contrecarré par des amateurs de tout genre. Rien n’est plus difficile cependant que de réaliser extérieurement ou intérieurement une bonne composition polychrome. Fernand Léger, malgré son expérience et son bon sens, fit pour l’Hôpital de Saint-Lô un projet fort discutable.
Au moment où les constructions modernes très industrialisées requièrent l’usage de la couleur et la mise au point des détails de plastique, il importe que les artistes établissent des bases de collaboration avec les architectes.
Seul le travail d’équipe et une solide préparation peuvent permettre d’atteindre le but recherché. Les artistes, comme les architectes doivent savoir aliéner une part de leur liberté pour tenter de réaliser l’intégration souhaitable des arts dans l’architecture.
André Bloc