Les expositions «Italia 61» à Turin Plan urbanistique général | Nello Renacco
Le plan général des expositions de Millefonti exigeait de l'architecte-urbaniste la réponse à deux exigences fondamentales. D'une part, il s'agissait de fixer d'emblée l'emplacement de l'Exposition Internationale du Travail (Voir p.34) et de l'Exposition des Régions, afin que l'on puisse immédiatement —vu le délai très court — élaborer les projets, puis commencer les travaux. D'autre part, il y avait lieu de créer un projet relativement souple, afin qu'il puisse continuellement êtreadapté.
La zone choisie par le comité était située à l'extrémité sud du territoire administratif de la ville. De forme trapézoïdale, elle était partagée en longueur par une grande voie d'accès (Corso Unità d’Italia) qu’il fallait respecter.
Nous devions enfin tenir compte du fait qu'au centre du territoire en question l’on édifiait le grand « Palais des Expositions » de la Société des expositions turinoises.
Cette construction s'est donc faite indépendamment, sans aucune possibilité de contrôle de notre part. La grande artère précitée était déjà ouverte au trafic et elle était coupée perpendiculairement par une rue achevée en partie (Corso Caduti sul Lavoro). Par conséquent, la zone, qui mesurait 500 000 m2 environ, était subdivisée en trois parties.
Celle du sud-ouest fut choisie pour abriter le Palais de l'Exposition Internationale du Travail, parce qu’elle était la seule dont la forme et les dimensions répondissent aux exigences. Le terrain compris entre le nouveau Palais des Expositions et le Palais de l’Exposition Internationale du Travail futtout d'abord réservé aux pavillons étrangers, qui ne furent cependant pas réalisés. C'est là que se trouvent maintenant le « Circorama » et le Pavillon du Ministère du Travail. Il fallait ensuite prévoir toute une série de bâtiments généraux, indispensables dans une exposition de cette envergure, et on les plaça entre les entrées nord et ouest. Le projet relatif à ce centre administratif est des architectes Nicola, Rizzotti, Romano. Quant à la rue perpendiculaire (Corso Caduti sul Lavoro), on ne pouvait la laisser telle quelle.
C'est la raison pour laquelle les architectes Varaldo et Zuccotti l'ont flanquée d'un mouvement d'eau très suggestif et sobre. Rappelons enfin les lacs qui, placés entre les zones de verdure, constituent, avec le réseau routier, la jonction entre les parties à l'est et à l'ouest du Corso Unità d'Italia, tout en formant un élément scénique très intéressant, basé sur les réflexes multicolores des pavillons. Voilà pourquoi l'illumination du parc est estompée, en opposition au faste lumineux du Corso Unità d'Italia et des pavillons. Toutes les zones libres d’édifices devinrent vertes. Environ 4000 arbres divers, en partie de grandes dimensions, furent plantés.
Expositions des Régions
Nello Renacco, architecte
On réserva pour cette exposition la troisième grande zone, comprise entre le Corso Unità d'Italia, la boucle du torrent Sangone et la rive gauche du Pô. Il s'agissait d'un terrain irrégulier de 150 000 m2, d’une suggestion panoramique extraordinaire, mais laissé dans un état d'abandon complet jusqu'au printemps 1960. Il n’y avait que creux, bosses et broussailles, avec un bois de peupliers très hauts.
Avant tout, il y avait lieu de penser une structure adaptée aux thèmes imposés à chaque région. En outre, il fallait placer le pavillon illustrant l'histoire du premier siècle de l'unité italienne. Enfin, nous devions harmoniser cet ensemble avec celui de l’Exposition du Travail et avec le Palais des Expositions.
On peut grouper en deux grandes catégories les solutions possibles:
a) Une concession de plus au type classique de bâtiment d’exposition de dimensions gigantesques, impressionnant certes par son volume, mais en définitive angoissant pour le visiteur, justement par ce quetrop éloigné de l'échelle humaine.
b) Une succession d'éléments architecturaux plus modestes, chacun réservé à une région différente, réunis dans un rythme continu qui, tout en prévoyant les séparations nécessaires, évite l’impression de manifestation folklorique.
C'est à la deuxième solution que nous nous sommes arrêtés et nous croyons avoir également résolu le problème de la coexistence des trois ensembles.
L'Exposition des Régions se compose de plusieurs groupes de pavillons. Tous les pavillons ont la forme géométrique la plus simple: le carré. Les matériaux de construction ontétéchoisisenfonction du cadre : il s'agit d’éléments métalliques et de verre.
C'est une succession d'espaces intérieurs et extérieurs dont la structure permettait aux constructeurs — chaque région avait son propre groupe d'architectes — la pi usg rande liberté d'expression dans le cadre du thème imposé. Il aurait mieux valu définir d’abord le « contenu » de chaque thème et prévoir ensuite le «contenant». Les exigences de délai nous ont obligés à appliquer la méthode contraire. Toutefois, au prix d'un énorme effort de coordination, nous avons malgré tout obtenu une certaine synchronisation.
Si des différences architecturales existent, du moins ont-elles été réduites à une proportion acceptable.
Nous pensons avoir offert de cette manière aux visiteurs une « promenade » des Alpes à la Sicile, à travers une série de pavillons, dont l’intérieur est intégré à des extérieurs qui s'efforcent de reproduire, dans la mesure du possible, les paysages de chaque région d'Italie.
En effet, les pavillons sont les coulisses entourant des scènes constituées par les collines, les bois, les fleuves. Les passerelles qui les relient entre eux sont su rélevées, donc à l’écart du trafic motorisé et, à certains endroits, noyées dans la verdure des arbres conservés intentionnellement et intégrés dans la conception urbanistique.
L’exposition proprement dite occupe de préférence le premier étage des pavillons.
Le rez-de-chaussée contient les différentes installations d'arrêt, de divertissement et de restauration, reliées entre elles par des chemins pour piétons.
Les pavillons régionaux trouvent leur conclusion dans le pavillon dédié au premier siècle de l'unité italienne qui a été conçu, dans sa partie intérieure, par l'architecte Carboni sous la « supervision » personnelle de Mario Soldati. L'architecture extérieure est de Carlo Casati. Tenant compte de la subdivision thématique, ce dernier a conçu trois éléments de forme et volume divers, obtenus par le jeu des différences de niveau naturelles du terrain.
Nello Renacco