Lettre d’Espagne

Le nouveau siège social des architectes à Barcelone

Xavier Busquets, architecte.

Fresques de Pablo Picasso.

Le nouvel édifice du « Collège des architectes » de Barcelone est placé au milieu de l'ancien quartier de la ville, nommé quartier gothique, en face de la muraille romaine et de la cathédrale.

Dans cette partie de la ville se trouvent la plupart des édifices administratifs et des autres associations professionnelles.

Il n'y a eu aucun changement sur le plan initial de construction de cet édifice ; le programme suivi pour son exécution a été le même que celui présenté dans les deux concours successifs. Il contient plusieurs services qui ont été regroupés de façon à bien se lier entre eux et le public.

L'exposition permanente de matériaux pour la construction est placée à l'entresol, demisous-sol et dans les autres trois étages inférieurs. L’ensemble est bien visible de la rue.

La salle de séances et foyer, fermés latéralement, ont un accès indépendant. L'illumination est zénithale. Ils sont placés audessus de l'exposition.

La tour a sept étages et est coupée par: la bibliothèque, la rédaction de la revue « Cuadernos », renseignements et direction de l’exposition, l'administration, le contrôle et le visa des plans, le secrétariat, le doyenné.

Les deux derniers étages ont été laissés pour le club bar et restaurant. Au-dessus, uno terrasse avec une splendide vue sur la ville, achève l'édifice.

La structure est en charpente soudée. Dans la tour, des portiques visibles à l'extérieur, d’une portée de 9 m 40 et 32x32 cm de section, permettent de suspendre du plafond les gaines d'air en fibro-ciment de section rectangulaire, et sans que l’épaisseur, dès le niveau du sol au plafond inférieur, dépasse 59 cm.

Toutes les fenêtres ont un vitrage isolant.

Celles qui sont aux côtés des portiques sont glissantes devant la façade, les autres basculent pour permettre le nettoyage depuis l’intérieur.

Les parapets des fenêtres sont en verre gravé de 10-12 mm sur la façade; du côté intérieur, ils ont un revêtement en bois et entre les deux un isolement du type Porexpan.

Le bâtiment est entièrement climatisé. Tous les appareils tels que chaudières, compresseurs, ventilateur, radiateurs et filtres se trouvent au dernier sous-sol ainsi que le puits pour l’eau de réfrigération du compresseur.

La structure métallique a été peinte à l'extérieur, avec le procédé Mollerit, qui lui donne une durée pratiquement illimitée.

Parmi les pavements, on a choisi le granit naturel pour le hall d'entrée, foyer, escalier général et le vestibule de chaque étage; gomme pour les salles d'exposition; plastique pour la salle de séances et bibliothèque; terrazzo pour les bureaux; moquette de nylon gris ardoise pour le doyenné ; pour le club, bar et restaurant, du bois africain Acoga, très dur et compact, coupé en longues lamelles de 8 cm de largeur. La terrasse est recouverte de carreaux de marbre de 65x65 cm, écartés de 1 cm, permettant l’écoulement des eaux. Les parties opaques de l'édifice ainsi que les blocs sanitaires, cuisine et chaudières sont revêtus de plaquettes de grès de 5x10 cm. Le

treillage qui illumine l’escalier principal est dû au céramiste Antonio Cumella et exécuté au grand feu.

L'ameublement de chacun des sept étages de la tour a été confié à différents groupes d’architectes qui s'étaient distingués dans les concours ou travaillant dans la décoration.

Un apport qui a enrichi énormément cet édifice est celui de Pablo Picasso, qui a créé les trois panneaux extérieurs qui limitent la salle de séances et le foyer et les deux panneaux intérieurs aux extrémités de ce dernier.

Picasso, qui a passé sa jeunesse et obtenu ses premiers succès à Barcelone, a conservé de cette ville un souvenir très vif et plein de tendresse. Quand on lui a demandé sa collaboration, il a accepté sans hésiter et avec le plus grand enthousiasme. Quelques mois plus tard, en montrant les originaux à l'architecte, il a dit: «Ça, je n’aurais pas été capable de le faire avant! ». Le dessin est certes beaucoup plus profond qu'il ne paraît au premier coup d'œil.

Picasso même indiqua le processus à suivre ainsi que l'artiste qui devait faire la transcription : le Norvégien Cari Nesjar.

Sur un mur de béton contenant des pierres de basalte noires, ciment et sable blancs, fraîchement pris, on projette le diapositif de l'original. Avec un crayon de cire, on suit le contour de cette projection. Ensuite, un puissant jet de sable suit le trait de ciro et dévoile les pierres noires du béton.

Les thèmes choisis par Picasso sont des motifs de fêtes populaires catalans qu’il n’a pu oublier.

Lettre d’Espagne

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