Les concentrations urbaines de l’Ecole de New York Die städtische Vereinigung der Schule von New York The New York School of Skyscrapers City Planning Le trottoir, un piédestal ancré dans le sol, et, reposant sur lui, une tour qui s’élève pour se perdre dans la brume, des méthodes de construction demeurant évidentes, indépendamment de la hauteur ou du dessin, voilà la conception habituelle du gratte-ciel.

Il y a des exemples classiques du gratte-ciel, de conception non urbanistique, qui n’existe que pour lui-même et qui reste soumis à des contingences de surface, tels sont le Woolworth Building (1913, Cass Gilbert) et l'Empire State Building, qui sont parmi les plus hauts du monde. Cependant leurs études n'ont pas approfondi les problèmes importants de congestion, lumière, air, espace et vie extra-bureau, qui n’ont été qu'envisagés lors de leur conception.

Il faut regarder vers les années 50 pour trouver les premières tentatives d'introduction d’espaces verts, de plans d'eau et l'apparition du plaza couvert, conséquences de volumes contrastés en hauteur ou en retrait sur l'alignement. Ces premiers essais furent effectués par Lever Brothers' et Seagram’s (1954, Skidmore, Owings & Merril ; 1957, Mies van der Rohe) avec leurs immeubles prophétiques, mais même dans ce cas, le problème n’est pas traité à fond puisqu'ils n'ont pas abouti à une libération et une unification de l'espace avec les constructions à l’entour.

En fait, le premier et réel départ du gratteciel urbanistique fut donné dans les années 30 avec le Rockefeller Center (1931-1937, 1940). Bien qu'on dût se conformer à la structure orthogonale des rues de New York, « gridiron » (seule une rue fut supprimée), on obtint pour la première fois une

1. Rockefeller Center

• Composition spatiale d'une zone complexe ■ Raumaufgliederung eines Zonenkomplexes • Spatial composition in a complex zone 2. Empire State Building

Aucune libération des espaces ■ Keine Freiheit der Räume • No opening up of space 4

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3.4. Lever-House. Seagram's Building

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Skidmore, Owings & Merril, arch.

Mies van der Rohe, arch.

* Démonstration de la libération des contingences financières • Beweis der Freiheit in finanziellen Möglichkeiten ■ Illustration of possibilities when freed from financial considerations

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5. Connecticut General Life Insurance Co.

Skidmore, Owings & Merril, arch.

4 Décentralisation totale d'un complexe urbain • Vollständige Dezentralisierung eines Städtekomplexes ■ Complete freedom from town planning restrictions

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appréciation visuelle percutante des différentes hauteurs, la composition des différents corps du Centre amenant un kaléidoscope d'angles de vue. Leur implantation est étudiée de façon à créer un espace fluide qui, unissant le travail à la vie (loisirs), correspond non seulement à sa fonction (verdure, eau, promenade, restaurant, patinoire et expositions) mais encore à son « atmosphère ».

De grands halls, des passages et un complexe souterrain qui remplacent le piédestal du gratte-ciel conventionnel avec tous ses services font pénétrer dans le plan interne, d'une façon tangible, cet espace dominé par les différentes hauteurs.

Il fallut attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour que dans l'évolution du gratte-ciel se développe l'idée de l'introduction de tous les services annexes et que les prolongements annoncés par le Rockefeller Center soient vraiment exploités. Dans cet ordre d’idées, l'expérience la plus dynamique fut celle du Connecticut General Live Insurance (Skidmore, Owings & Merril) de par sa décentralisation totale, de Hartford jusqu’à la campagne de Bloomfield.

L’une des données était évidemment celle du coût du terrain qui influa sur sa conception par les remarquables possibilités d'expansion qu'il offrait. Les parkings actuels deviendront des surfaces bâties: Le résultat fut un « gratte-ciel horizontal ». A côté de ces facteurs économiques, l’intégration des prolongements d’ordre humain à la fonction du bâtiment a réussi à se placer dans le cadre du concept « la vie et le travail ». La variété et la complicité du paysage

Co. La variété dans les volumes et dans environnant ont contribué d'une façon certaine à l’amélioration de l'état psycholo­ l'expression dépasse celle du Rockefeller Center et de la C.G.L.I.Co par l'introduction gique des employés et ont entraîné par làde la tridimensionnalité dans le plan masse même une augmentation du rendement et dans les façades sculpturales.

prouvé statistiquement.

Les espaces de liaison sont libérés dynaLe résultat de cette expérience de décentramiquement par leur interpénétration; ils lisation urbanistique a été à la base d'une proposent l’individualité de chaque élément.

décentralisation effective de la vie urbaine, L'introduction à Lincoln Center de ces quapuisqu'il y a eu agrandissement de la banlités sculpturales, tenant de tout mouvelieue de Bloomfield par la création d’une ment spatial, apparaît donc comme l’abouvie familiale campagnarde avec développement de centres d'achats, d'écoles, de tissement en termes contemporains de l’urbanisme à Rome et à Turin au XVIIe sports et de vie équilibrée pour les enfants.

siècle, comme à Paris et à Washington au Il ne restait plus qu’à essayer d'inscrire XIXe.

H.F. Lenning ces principes dans le cadre d'une ville.

Le Lincoln Center for the Performing Arts P. Simond, coll.

(en construction, W.K. Harrison, arch, en chef) offrait les possibilités de joindre l’élan donné par le Rockefeller Center sur le plan urbanistique et les tenants sociaux du Connecticut General Live Insurance Complexe.

Cette fois-ci, en plein cœur de la ville, l'espace alloué au projet pouvait être entièrement libéré et remodelé selon le programme, qui prévoit un opéra, une salle de concerts philharmoniques, unthéâtre, l’école de musique Julliard, la bibliothèque des archives musicales de la ville de New York et une tour administrative (non visible sur la photographie). Comme à Rockefeller Center, les sous-sols réunissent les bâti6. Lincoln Center for the performing Arts ments et servent de parking et de dépôt W. K. Harrison, arch, chef (décors de théâtre). Participant à la compoA Organisation nouvelle d’un espace souple dans sition extérieure, on a prévu un espace pour un cadre urbain les concerts de plein air, avec une construc­ • Eingliederung weiter Raumflächen in einen tion en forme de coquille pour les orches­ städtischen Rahmen tres, et une succession de plazas qui sug­ ■ New approach to the handling of free space in gèrent la fluidité du paysage de la C.G.L.I.

an urban environment

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