L’architecture moderne aux Indes Moderne Architektur in Indien Modem architecture in India

1

1 Ecole primaire, Chandigarh. JeetMalhotra, arch.

• Primarschule, Chandigarh. JeetMalhotra, Arch.

■ Primary school, Chandigarh. Jeet Malhotra, arch.

2

• Ecole secondaire, Chandigarh. Jeet Malhotra, arch. Plan d’étage, plan du toit-terrasse, façade sud et veranda • Sekundarschule, Chandigarh. Jeet Malhotra, Arch.

■ Higher secondary school, Chandigarh. Jeet Malhotra, arch.

"T” uuiIuuuTj n -Cl 0000000 OODOOOD 1r~ s onogpoo1

üuifônifh"n Hât tnnftiïïutrô a D D Ü d dTl n 'nuTfbuôî)“ UUlJlIUÜl) n D00QD0Q ogoodoo □ 0 DO 000 OODOOOD 0000000 □OüOOOü ODOOOGD iB OQODOOD 00DQ00D 0000000 0000000 0000000 nnnnnnn 3 noonooo nooaoaP

=

L'Inde a un glorieux passé. Des millions de monuments en témoignent dans une architecture somptueuse. Nous avons une longue et riche tradition dont les sources remontent à cinq mille ans. L'esprit de création artistique des architectes et sculpteurs indiens est à l'origine des monastères bouddhistes, des temples décorés de sculptures, des mausolées et des tombes.

L’architecture moderne indienne prise dans le sens d’une architecture de style international, est beaucoup moins connue. L’architecte Antonin Raymond a construit les dortoirs de Pondichéry bien avant que ne fût conçu l'édifice du Ministère de l'Education de Rio de Janeiro dessiné par Le Corbusier, Lucio Casta, Oscar Niemeyer et d’autres.

Pourtant ces deux constructions présentent des écrans à soleil horizontaux pourvoyant un espace frais, ombragé et aéré. Cependant, tandis que la seconde a ouvert la voie à l’évolution d’une jeune et vigoureuse architecture moderne au Brésil, la première est restée un fait isolé, sans influence sur l'architecture indienne contemporaine. Il faut y voir des raisons tant politiques qu'éducatives. Pondichéry était à cette époque un établissement français, et en Inde britannique, l'esprit créatif indien cessait de se manifester dès qu’une architecture coloniale était importée. On en trouve de bons exemples avec des monuments publics grandioses et pompeux. Il y avait très peu d'écoles d'architecture, et les rares collèges manquaient de bases technologiques.

Avec la croissance industrielle, l'urbanisme s’est développé rapidement, bien que le

3

—I 1

■■ .....

gTOnìììì

liilllliii

Mil

m

3

* Secrétariat et Palais de l’Assemblée.

Chandigarh. Le Corbusier • Sekretariat und Parlament. Chandigarh.

Le Corbusier ■ Secretariat and Palace of the Assembly.

Chandigarh. Le Corbusier 4

Gandhi-Bhawan. Chandigarh. B.P. Mathur, arch.

80 % de la population réside encore dans les villages.

Entre le jour où l'architecture moderne s’est implantée à Pondichéry et le renouveau actuel, bien des années se sont écoulées, stériles pour l'architecture de ce vaste pays si peuplé et si riche de tradition. Jusqu'alors, l’architecture indienne, décorative et massive, s’exprimait dans le langage des rares privilégiés, mais l'Indépendance en 1949 bouleverse la scène: la démocratie a besoin d'une architecture pour le citoyen

moyen ; des villes, des maisons, des lieux d'habitation et de travail, des places de sports et des écoles. De nouvelles écoles d’architecture ont été créées, des institutions de génie civil avec un programme occidental moderne adapté aux conditions locales. De jeunes architectes indiens sont rentrés de l'étranger, et d’autres s'en sont allés parfaire leurs études.

L'Etat de Punjab avait besoin d’une capitale, et Chandigarh fut créée. Elle ouvrit de nouvelles perspectives aux jeunes architectes

5 * Institut d’indologie, Ahmedabad. B.V. Doshi, arch.

o Institut für Indologie, Ahmedabad. B.V. Doshi, Arch.

» Institute of Indology, Ahmedabad. B.V. Doshi, arch.

172

indiens. Le plan d’urbanisme, basé sur sept routes, et la capitale avec ses bâtiments administratifs dus à Le Corbusier sont déjà universellement connus. Le Corbusier, son cousin Pierre Jeanneret, Maxwell Fry, Jane B. Drew et quelques jeunes architectes ont suscité une réaction passionnée en Inde. Comme l'a dit le premier ministre Jawaharlal Nehru : « Chandigarh revêt une importance extrême, quels que soient ses réussites ou ses échecs. Il est un fait que de Chandigarh bien des idées se sont répandues déjà, sur une plus ou moins grande échelle. C’est une puissante réalisation surgie d'un cerveau génial. Il est hors de doute que Le Corbusier est un génie créateur, aussi doit-on lui passer ses extravagances occasionnelles. » L’impact de Chandigarh a résonné dans une atmosphère urbaine où chaque bâtiment est couvert d'ornements non figuratifs.

Les cités indiennes sont devenues des boutiques de curiosités avec leurs fenêtres qui rappellent les grottes Ajenta et les églises gothiques, leurs consoles de Gujarat, leurs motifs de l’architecture Moghul et leur luxe digne des maisons coloniales britanniques.

L'architecture est déterminée par le climat.

En Inde, le climat est généralement chaud et sec, parfois chaud et humide. Il faut donc se protéger du soleil et de la pluie tout en prévoyant une bonne ventilation. Une forme nouvelle est apparue dans les bâtiments de Chandigarh et d'autres endroits, avec des éléments tels que les écrans de Jali, les jalousies, etc. Ces éléments ont été maladroitement imités dans tout le pays par des architectes désireux de devenir modernes du jour au lendemain, et par des ingénieurs civils fonctionnant comme architectes.

L'architecture indienne moderne demande à être examinée sous toutes ses faces. Il y a trois courants en Inde dans la profession.

D’abord un certain nombre d’architectes étrangers fixés dans le pays, ensuite un groupe d’architectes indiens de formation occidentale, et finalement la jeune génération des architectes formés dans les écoles

indiennes. Quelques-uns de ces architectes indiens ont déjà montré leurs grandes possibilités dans les travaux architecturaux dont la fonction et l'esthétique s'adaptent ingénieusement aux matériaux indigènes disponibles.

De même, il y a trois courants de pensée en Inde, ce qui est bien naturel dans un pays si riche de tradition. Un groupe croit en la valeur de l’imitation du passé afin de fortifier le patriotisme; le second groupe copie la technologie et les développements architecturaux de l'occident sans considérations de climat ou d'économie. Le troisième groupe représente le vrai modernisme progressif.

Comme les architectes sont rares en Inde (un pour trois millions d'habitants), les exemples de bonne architecture ne foisonnent pas. Plutôt que de passer en revue l'évolution historique de l'architecture indienne moderne, nous mentionnerons les oeuvres architecturales récemment menées à bien. A Chandigarh, le Palais de l’Assemblée, de Le Corbusier, vient d'être inauguré.

6

4 Centre international indien. New Delhi.

J. A. Stein, arch.

• Indiens internationales Zentrum. New Delhi.

J. A. Stein, Arch.

■ India International Center. New Delhi.

J. A. Stein, arch.

Photos J. Malhotra, Lab Usis

C’est un drame en concret, une pièce sculptée. Une fois de plus, on ne peut qu’admirer les trouvailles de Le Corbusier.

Outre ses services d'assistant, en tant qu’architecte principal de l’organisation, Pierre Jeanneret a construit bien des écoles et des maisons. Son second, l'architecte B.P. Mathur a dessiné le complexe de l’Université de Punjab avec ses diverses constructions, les dortoirs, les logements du personnel, la bibliothèque, les bâtiments administratifs, Ghandi Bhavan, etc... Les écoles secondaires de Jeet Malhotra, édifiées avec les matériaux indigènes, suscitent l'admiration des visiteurs pour leur confort et leur simplicité exemplaires. Le Théâtre Tagore, dû à Aditya Prakash, est également une œuvre remarquable.

Loin de Chandigarh, on trouve des concentrations architecturales à Ahmedabad et à la Nouvelle-Delhi. Personnellement, je pense que Ahmedabad présente quelques réalisations plus vivantes que celles de Chandigarh. Dans une cité de mosquées médiévales, de palais et de moulins à coton

modernes,on peutadmirerles maisons deLe Corbusier, le bâtiment de l'Association des Meuniers, et le Musée. Le bruit court que Frank Lloyd Wright a dessiné un bâtiment pour Ahmedabad qui ne s’est pas encore matérialisé. Actuellement, l'architecte américain Louis Kahn dessine l'Institut National des Arts d’Ahmedabad. On trouve dans cette cité quelques belles constructions des meilleurs architectes indiens: les habitations à loyers modérés de Balkrishna Doshi, les maisons de Chinubhai, l'Institut d’In-

le problème le plus urgent à résoudre, mais jusqu'ici les logements construits dans des perspectives architecturales sont peu nombreux. Les tours d'habitation peuvent s’intégrer dans les grandes cités malgré leur nouveauté. Les problèmes du logement impliquent l'urbanisme pour des villes nouvelles ainsi qu’un remaniement des cités congestionnées.

L’Inde est entrée dans ia voie du développement industriel, et avec l’industrialisation, bon nombre de cités satellites ont été pro-

douisme, et d'autres, le bâtiment commercial et la Centrale Laitière de A.P. Kanvinde, l’hôtel de C.M. Correa, les maisons de Talati Junior, etc...

Dans la capitale, à la Nouvelle-Delhi, on retrouve les manifestations des trois courants de pensée architecturale mentionnés.

Récemment, de beaux ouvrages d'architecture ont été érigés dans l’enclave diplomatique. Nous citerons l'Ambassade des Etats-Unis, ainsi que la résidence de l'Ambassadeur qui viennent d'être terminées par Edward D. Stone, qui constituent un néoclassicisme de caractère indien. Notons encore parmi les récentes constructions un bâtiment abritant les locaux de l’Académie Rabindra Bhavan, le Siège de l’Organisation Mondiale de la Santé, dû à M.S. Rana, ainsi qu'un jardin d'enfants. Le Conseil Indien de Recherche Economique et de Relations Culturelles, le monument commémoratif à Gandhi, de A.P. Kanvinde; le Foyer International Indien, et l'Ecole Américaine de J.A. Stein.

Après la nourriture, le logement constitue

jetées. Leur construction avance rapidement, particulièrement en ce qui concerne les logements. Un plan général est prêt pour Delhi, et une organisation d'urbanisme travaille d'arrache-pied en collaboration avec la Fondation Ford à l'élaboration d'un plan général pour Calcutta sur une superficie de 400 milles carrés, qui représente sans doute l’un des plus ambitieux projets d’urbanisme du monde. Calcutta est la plus grande ville de l’Inde, mais elle est pauvre en valeurs architecturales. Formons le vœu que le plan de Calcutta donne un nouvel élan à l'imagination des jeunes architectes. Calcutta a été de tout temps un centre d'études et de culture d'où les idées nouvelles ont rayonné à travers le pays dans les domaines des arts, de la littérature, de la musique et de la tragédie.

Aussi sommes-nous persuadés que lorsque Calcutta s’éveillera à la conception de l'architecture moderne, toute l'Inde suivra.

Santos Ghosh

173