Architecture hôtelière en Grèce | Anthony Kitsikis
La Grèce étant invitée pour la première fois à présenter dans une édition internationale un exposé concernant son architecture et ses réalisations, nous croyons opportun d’entrer dans le sujet par une brève incursion sur les premières années de l'après-guerre.
Durant la période de l'avant-guerre, la Grèce n'a pas à mentionner une importante activité en matière de constructions. Avec la guerre cette faible activité cesse complètement, causant ainsi d'immenses problèmes d'habitation qui nécessitent, tout de suite après la guerre, une solution immédiate. La pénurie du logement et la grande demande qui en découle favorise la formation d’entreprises de constructions immobilières dans un but nettement commercial, entreprises où très souvent il n'existe même pas d'architecte. Ainsi le mobile initial, dans les premières années de l’après-guerre, n’a pas comme objet la création architecturale et la recherche esthétique mais se limite à l'offre de logement et au gain commercial y relatif. Cependant, cette activité dans le bâtiment se développe uniquement à Athènes et dans un nombre réduit de grands centres urbains comme, par exemple, Salonique.
Cet impératif une fois couvert, c'est-à-dire depuis 1956, les architectes grecs reviennent à leur mission véritable. Le besoin de la création esthétique se fait maintenant sentir et l'occasion se présente pour la conception de véritables œuvres architecturales. De plus, et simultanément, le phénomène d’un ample mouvement touristique de l'étranger vers la Grèce incite I’Etat à décider l'érection d'hôtels qui aideront au développement touristique et à la valorisation du pays.
Ainsi commence une nouvelle période de construction d'hôtels, motels et bungalows qui a comme effet la mise en valeur des zones côtières du pays, etc.
Cette nouvelle phase dans la construction continue toujours et l’on prévoit qu'elle durera encore longtemps. Elle a permis la réalisation d'œuvres architecturales très importantes pour lesquelles les architectes grecs sont fiers à juste titre. Il serait peutêtre opportun de noter que la Grèce, aujourd’hui, est peut-être le seul pays qui ait à présenter un nombre si élevé d'hôtels nouveaux et munis des installations les plus modernes.
Cependant, les architectes grecs doivent faire face à de sérieux obstacles dans l'accomplissement de leur activité dont l'absence d'un plan étatique relatif et le niveau excessivement bas des émoluments de l'architecte-surveillant prévu par la loi ne sont pas des moindres. Et ce ne sont pas là les seuls problèmes.
La Grèce est indéniablement le pays à la tradition architecturale la plus riche. Cet héritage a déjà handicapé les générations antérieures d'architectes grecs qui autrefois se limitaient à des imitations avec la conviction d'entretenir, de cette manière, les traditions d’une époque glorieuse et de créer un style architectural nettement hellénique.
Naturellement ceci eut pour résultat de retarder sensiblement l’inévitable évolution.
Bien entendu, certains de ces architectes, peu nombreux, hélas ! parvinrent à glaner dans ce riche héritage, seuls les éléments qu'ils jugeaient indispensables et caractéristiques, les adaptant à leur époque. Ils retinrent la simplicité, la sincérité dans l'emploi des matériaux, l'intégration dans le paysage, le respect des besoins réels de l'homme contemporain, lafonction rationelle d'une construction. Aujourd'hui, nous devons admettre à l'avantage des architectes contemporains qu'ils ne copient pas l'Antiquité grecque.
Les jeunes architectes s'inclinent devant l'héritage riche bien que lourd de l’Antiquité, mais cette admiration ils la traduisent non pas en des imitations stériles en dehors de la réalité mais bien par le respect des glorieux vestiges, afin que toute leur activité créatrice s’harmonise absolument avec les anciens monuments et leur cadre. Les jeunes architectes baignent pleinement dans le climat, l’esprit et les tendances de l’architecture internationale et doivent affronter presque les mêmes problèmes que ceux de leurs collègues du monde entier.
Leur effort d’éviter toute imitation de tendances ou de réalisations étrangères de quelque succès est patent. Ils adoptent bien les idées contemporaines sur l’architecture mais les appliquent avec succès et originalité en les conformant aux besoins actuels de l’homme et à la réalité hellénique. L’architecte grec vit son époque; il reconnaît et comprend les besoins actuels et exploite toutes les possibilités que lui fournit le progrès de la technique moderne.
En ces dernières années, et à plus d’une reprise, les esprits cultivés du pays, la presse avec en tête la revue « Architec-toniki » et l’opinion publique ont posé la question de l’existence ou non d'un style proprement hellénique ou bien s’il fallait s'efforcer d'en créer un. Au cours de l'échange d'idées et d'opinions qui s'ensuivit et qui figurèrent dans la presse ou furent formulées au cours de congrès d'architectes, rares furent les avis en faveur d'un style purement hellénique.
Et — étrange coïncidence — les adeptes d'une telle opinion n’étaient pas des architectes et ne s'étaient jamais occupés de sujets concernant l'architecture. La grande majorité se prononça contre un tel état d'esprit, soutenant qu’une telle tendance serait condamnée à un échec complet puisqu'elle serait en dehors de la réalité actuelle et des besoins essentiels de l’homme contemporain.
Il existe en Grèce de jeunes architectes de valeur, de vrais créateurs avec des idées et bien doués, qui peuvent être fiers de certaines œuvres d'importance réalisées au cours de la dernière décade. Si les obstacles actuels pouvaient être contournés et les difficultés franchies, l'avenir se dessine très lumineux pour les architectes en Grèce puisque l'activité constructive d'aprèsguerre tend à gagner, hors d'Athènes, les grands centres provinciaux et la campagne.
Ainsi, avec le concours d'un état de choses favorable, les architectes grecs qui disposent en leur grande majorité des qualités du vrai créateur et qui travaillent avec enthousiasme dans la solution des problèmes architecturaux réussiront à réaliser leurs conceptions esthétiques.
Anthony Kitsikis
Projets:
Hôtel Hilton; Athènes
P. Vassiliadis, E. Vourecas, S. Staïcos, arch. A. Georgiadis, coll.
Grand Hotel; Rhodes,
Architects: Nikolas Hatzimichalis, Bent and Ginnerup.
A park of 25,000 mz surrounds the hotel and includes tennis courts, mini-golf, a swimming pool, dance floor and shopping centre
Motel Xenia, Paliouri,
Aris Constantinides, Arch.
This is a redevelopment of an existing golf club
Hôtel Omonia; Athènes
Anthony Kitsikis