Lettre du Vénézuéla Brief aus Venezuela News from Venezuela

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C'est avec plaisir, tout en remerciant l’opportunité offerte par les amis de « FormesFonctions », que j'écris depuis Caracas cette première lettre, avec l'unique fin de pouvoir analyser, d'une façon brève et objective, l'histoire et les tendances de l’architecture du Vénézuéla.

Nous allons commencer par parler de notre humble mais riche passé colonial, et c'est bien de préciser, une fois pour toutes, que la simplicité de cette architecture-là se présente exclusivement comme un exemple des conditions économiques de notre pays dans le courant de cette époque. Nous pouvons dire aussi que la pauvreté de son architecture s'est reflétée uniquement et essentiellement dans sa forme technique constructive mais jamais comme une résultante spatiale, formelle ou même fonctionnelle. Il faut plutôt la considérer comme un exemplaire patent d'intégration régionale, dont le niveau esthétique est beaucoup plus élevé que ce qu’on croit couramment, et nous devons apprendre à le voir non point à partir d'un point de vue archéologique ou documentai mais plutôt comme un fait esthétique vivant, riche, réel et d'une qualité supérieure.

A partir des leçons positives et profitables que nous a laissées ce grand passé, nous pouvons indiquer brièvement: les valeurs magnifiques et patentes dans la valeur donnée et la richesse acquise dans les espaces intérieurs, visibles et valorisés ; l’importance donnée à l'échelle humaine, aussi bien dans les éléments architecturaux que dans l’ensemble urbain ; la simplicité ingénue, pure et expressive des effets volumétriques ; la force et l'importance données à tous les éléments qui permettent d'adoucir la lumière violente des tropiques et l'impérieuse nécessité d'aération et de profiter de toutes sortes de brises rafraîchissantes. (Nous citerons principalement l'organisation des cours et des corridors, des avant-toits larges et prééminents, des jalousies et des persiennes en bois, d'influence nettement orientale.) Le Vénézuéla, pauvre durant la Colonie, avec un lent développement dans l'agriculture et dans l'élevage — ayant comme base le cacao et le café —, se transforma du jour au lendemain, par la découverte de ses grandes réserves de pétrole et de fer, en le pays le plus riche de tous les pays latino-américains. Néanmoins, il a vécu, et il vit encore, des heures de confusion, de crise et de désorganisation, mais ça doit être balayé afin que le Vénézuéla occupe la place à laquelle il a droit dans l’organisation des pays américains.

L’architecture, profession inconnue dans les premières décennies de notre siècle, apparut entre les années 30 et 40, quand

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beaucoup de jeunes gens, qui avaient étudié l’architecture dans des universités étrangères, rentrèrent au pays.

Avec la création, il y a quelques années déjà, de la Faculté d'architecture et d'urbanisme dans l'Université Centrale, on donna une grande impulsion à la profession d'où sortent actuellement beaucoup d’architectes gradués, tous prêts à étudier et à résoudre les problèmes essentiels de planification, d'industrialisation et d’organisation dont notre pays a impérieusement besoin.

La majorité de nos architectes, qui ont étudié dehors et qui forment notre première génération, ont suivi la forme classique universellement acceptée avec le développement et l’organisation des grands bureaux privés.

A travers ces nouvelles structures, l'architecture s'est organisée, et elle devient un office avec des normes et des styles propres.

Avec elles, on dessine et on construit les grands édifices de la capitale.

La majorité des jeunes architectes agissent et pensent différemment: la crise arrive, et avec elle naît une recherche éclectique qui se réalise en une forme indépendante et très souvent en opposition.

On peut considérer deux formes d’éclectisme: la première sous une forme consciente qui accepte et suit comme voie unique la nécessité de renforcer l’enseignement de l'architecture pour passer plus tard à une élaboration propre et originale. La seconde apparaît plutôt comme quelque chose d'inconscient, s’inspirant des formes et des doctrines à la mode et les répétant uniquement.

Enfin apparaît uneforme de néo-rationalisme où quelques jeunes gens notent la nécessité d'appropier les méthodes de projets et les méthodes de constructions et s'intéressent spécialement à l'analyse des énormes nécessités sociales de nos pays, principalement les problèmes de planification et de logements. Ils se dirigent alors vers l'industrialisme, la préfabrication et la modulation comme des solutions sociales et comme méthodes de travail.

Dans notre prochaine lettre, nous analyserons, parmi toutes ces tendances, celles que nous trouvons les plus intéressantes et qui mettent le plus en valeur l'architecture du Vénézuéla.

C. R. Villanueva 1

• Université de Zulia, Maracaibo Carlos R. Villanueva, architecte • Universität von Zulia, Maracaibo • University of Zulia, Maracaibo 2-3 A Maison coloniale, Caracas • Kolonial Haus, Caracas ■ Colonial house, Caracas

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4 Stade olympique, Caracas C.R. Villanueva, architecte • Olympisches Stadion, Caracas » Olympic Stadium, Caracas

4 Unité résidentielle Laguna Beach J. Ferris Vegas, C. Dupuy, architectes • Wohnhaus Laguna Beach ■ Residential building Laguna Beach

5 4 Unité résidentielle Banco Obrero Guido Bermudez, architecte • Wohnhaus Banco Obrero ■ Residential building Banco Obrero

7 4 Ensemble «23 de Enero » C.R. Villanueva, J.M. Mijares, Carlos Brando, Hoffman, architectes • Stadtteil « 23 de Enero » ■ Group of residential buildings «23 de Enero » Photos Brandler, P. Gasparini

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