L’architecture en Grande-Bretagne Architektur in Grossbritannien Architecture in Britain

Ceci étant le premier rapport sur l'architecture en Grande-Bretagne que j'ai le plaisir d’adresser à architecture, formes et fonctions, il n'est peut-être pas inutile de placer les créations récentes, au moins brièvement, dans le contexte de l'évolution antérieure de l'urbanisme anglais.

Point n’est besoin de remonter au gothique flamboyant des cathédrales ou à l'élégante simplicité de l’époque géorgienne pour évoquer l'apport de l'Angleterre au patrimoine architectural de l’Occident, ou de

Pour satisfaire les clameurs des sanslogis qui exigeaient non des appartements, mais, comme tout Anglais qui se respecte, une maison individuelle pour chaque famille et la voulaient immédiatement, le gouvernement autorisa et subventionna la construction de bicoques en tôle ondulée et autres éléments préfabriqués qui bientôt se répandirent comme une lèpre dans les espaces demeurés libres autour des grandes villes.

En principe, elles devaient être provisoires et devaient être démontées après dix ans au maximum ; en fait, ici comme ailleurs, rien ne dure autant que le provisoire et la plupart sont encore debout après quinze ans ou plus, formant des taudis que tous les efforts de leurs habitants ne peuvent rendre esthétiquement ou socialement acceptables et qui contribuent à rendre une partie de nos banlieues hideuses.

Toutefois, à côté de cette prolifération désastreuse, on reconnut que le problème de l'habitation dans les grandes villes, et surtout à Londres, était insoluble tant qu'on s'en tiendrait aux méthodes traditionnelles.

siècle, des cités-jardins de Bournville, Port Sunlight et New Earswick, par de grands industriels pour leurs employés, ainsi qu'à celles de Letchworth et de Welwyn Garden City, selon les conceptions et plans du grand urbaniste et réformateur Ebenezer Howard. — Les nouvelles cités d'après-guerre comprennent, autour de Londres : Crawley, Bracknell, Basildon, Harlow, Hatfield, Hemel Hempstead, Stevenage et Welwyn ; au Pays de Galles, Cwmbran ; Corby près de Ketering, dans les Midlands ; Aycliffe et Peterlee au nord de l’Angleterre; East Kilbride, Cumbernauld et Glenrothes en Ecosse. Chacune d’elles est destinée à recevoir une population de 50000 à 60 000 habitants et est conçue suivant un module analogue, et conforme aux conceptions de l'urbanisme moderne: séparation dans la zone centrale de la circulation des piétons d’avec celle des voitures ; groupage rationnel des édifices publics; aménagement d’hôtels, restaurants, cinémas, ainsi que de terrains de sports et de jeux, de piscines et d'espaces libres.

Le centre de la métropole, en particulier, avec ses innombrables bureaux, agit comme une gigantesque pompe aspirante et foulante qui, le matin, appelle plus d’un million de banlieusards et les rejette le soir, presque tous à la même heure, avec les gigantesques engorgements que l'on suppose. Quelque chose devait être fait d'urgence pour prévenir la strangulation complète de la City.

Les 17 cités nouvelles sont en plein développement; destinées à accueillir finalement environ 800 000 personnes, elles en comptent déjà 500 000; plus de 110 000 maisons y ont été construites ; 500 fabriques et 2000 magasins s’y sont installés; elles comportent actuellement près de 200 écoles primaires, secondaires et techniques.

Evidemment, tout cela coûte cher: un budget de £400,000,000 y a été affecté par le gouvernement, dont £310,000,000 ont déjà été dépensées. Mais les nouvelles cités constituent une réalisation à la fois nécessaire et exemplaire, qui a attiré l'attention des urbanistes du monde entier.

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rappeler le médiocre historicisme des cent ans qui marquent à peu près exactement l'ère victorienne et sa séquelle pour montrer du doigt la trivialité de sa contribution jusqu’à la deuxième guerre mondiale. C'est depuis celle-ci qu'un nouveau départ permet d'espérer qu'elle va pouvoir jouer de nouveau un rôle d'importance dans la formation du style contemporain.

Deux facteurs principaux ont contribué à cette «nouvelle donne». Le premier fut la nécessité de reconstruire les ruines causées par les bombardements ennemis et aggravées par plus de six ans d'une carence à peu près complète de constructions nouvelles. Le second fut l'inexorable poussée démographique qui, se brochant sur le manque d'habitations, imposa l'impérieuse nécessité de reconstruire vite et beaucoup.

Pour ce faire, les anciennes méthodes ne pouvaient suffire, et les constructeurs britanniques se trouvèrent subitement projetés, contre toutes leurs chères habitudes, en plein vingtième siècle.

Les premiers résultats furent désastreux.

Les cités-satellites

C’est pourquoi la plus remarquable création de l'urbanisme en Angleterre a été celle des cités-satellites destinées à recevoir le trop-plein de la population des grandes villes et en première ligne de la capitale, et aussi — point essentiel — à y attirer suffisamment d’industries pour donner du travail à leurs habitants.

Ces cités-satellites, construites et subventionnées par l'Etat (à raison de £32 par an en Angleterre et £42 en Ecosse) ne sont pas des conceptions entièrement nouvelles : elles font suite à la création, au début du

La reconstruction de Coventry

Ces mêmes urbanistes ont un autre lieu de pèlerinage en Angleterre encore. Je veux parler de la reconstruction de la ville et de la cathédrale de Coventry. Cette dernière, œuvre magistrale de Sir Basil Spence, consacrée en mai 1962, a été à l'époque largement décrite dans la presse mondiale, de sorte qu’il n’est peut-être pas nécessaire d’y

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4 Nouvel aspect de Londres: à gauche la tour 4 Tour Portland. Howard Fairbairn et architectes 4 Rasoir électrique Milward Courier. Prix d'Elégance Millbank. Ronald Ward et architectes associés associés du duc d'Edimbourg 1963. Création Kenneth • Hochhaus Millbank. Ronald Ward und Archi- • Hochhaus Portland. Howard Fairbairn und Grange tektengenossenschaft Architektengenossenschaft • Rasierapparat Milward Courier von Kenneth ■ Millbrand Tower. Ronald Ward and Partners, • Portland House. Howard Fairbairn and Partners, Grange architects architects ■ Electric razor Milward Courier designed by Kenneth Grange 2 4 La Cathédrale de Coventry. Sculpture de Sir J.

Epstein. Sir Basil Spence, architecte • Munster von Coventry. Plastik von Sir J. Epstein.

Sir Basil Spence, Architekt ■ Coventry Cathedral. Bronze sculpture by Sir J. Epstein. Sir Basil Spence, architect

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revenir en détail, sinon pour souligner qu'un an après son inauguration, elle confirme pleinement qu’elle est devenue ce qu'on en espérait: un centre d’inspiration qui a non seulement revivifié la ferveur religieuse de ses paroissiens, mais encore servi de point de ralliement à une remarquable coopération internationale et interconfessionnelle. Cette réussite architecturale et spirituelle est une illustration saisissante de la vérité du mot de Winston Churchill lors de la réédification d'un autre édifice célèbre, la Chambre des Communes : «Nous construisons notre maison, et elle nous forme à son tour. » En ce qui concerne la reconstruction de la cité de Coventry, il faut souligner que l'idée essentielle de son plan d'urbanisme, comportant la création d’une zone centrale à deux étages entièrement réservée aux piétons, avait été conçue dès 1938 par l'architecte de|la ville, Donald Gibson, qui la proposa bien avant que la destruction causée par la guerre ne l’eût rendue nécessaire.

Son successeur, M. Arthur Ling, n’eut à

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réviser ses plans que pour tenir compte du développement foudroyant de la circulation automobile, en aménageant des garages, dont les plus curieux sont ceux construits sur les toits d’édifices tels que le marché couvert.

La reconstruction de Coventry suscita parmi ses habitants un élan d’enthousiasme qu'il est à peine exagéré de comparer à celui des bâtisseurs de cathédrales médiévales. Il est significatif que c'est là que furent bâtis le premier théâtre et le premier hôtel d'aprèsguerre an Angleterre. Aujourd'hui, les 5566 maisons détruites ont été remplacées par des immeubles d’un style plaisamment moderne, et les 50479 maisons endommagées ont été réparées ou reconstruites.

Mais la reconstruction ne saurait s'arrêter là: la population de la ville ne cesse d'augmenter: elle a passé de 70 000 en 1900 à 310 000 aujourd'hui, et l’on prévoit qu'elle sera de 330 000 dès 1970. C’est assez dire que les bâtisseurs ont encore du pain et des plans sur la planche. Cette expansion est d'ailleurs rigoureusement contrôlée par

un urbanisme modèle et si bien conçu que, comme il a été dit plus haut, Coventry est devenue un lieu d'étude pour les architectes et urbanistes du monde entier.

Londres, cité des tours

L'autre grande nouveauté architecturale en Angleterre est la prolifération dans les grandes villes, et plus particulièrement à Londres, des maisons-tours. Durant les quelque 2000 ans de son existence, les édifices les plus élevés de la métropole étaient les églises: leurs flèches et le dôme construit par Sir Christopher Wren pour son admirable cathédrale de Saint-Paul dominaient jusqu'en 1950 le ciel londonien. Depuis, en moins de dix ans, plus de 250 maisons-tours ont été construites, dont 40 ont plus de vingt étages et onze plus de trente. Et ce n'est là qu'un commencement. Partout, le long de la Tamise, dans le quartier autrefois aristocratique de Mayfair, dans la City proprement dite, des constructions géantes sont en voie d'érection, dont la plus curieuse

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et la plus élevée sera la tour de la radio, qui aura plus de 190 mètres et au sommet de laquelle un restaurant tournant sera aménagé, d’où l'on pourra avoir une vue magnifique de la capitale et s'amuser à identifier ses tours et gratte-ciel.

La qualité architecturale de ces vastes immeubles est curieusement inégale. Le plus gigantesque, le Centre Shell, d’une surface totale de 1 200 000 pieds carrés, a été sévèrement jugé, mais il convient de tenir compte des servitudes imposées aux architectes, feu Sir Howard Robertson et R. Maynard Smith. Le conseil municipal demandait un revêtement en pierre de Portland, et le client un immeuble « représentatif », non une « boîte » de verre et d'acier; la hauteur totale avait été indûment restreinte, augmentant ainsi l'aspect massif de l'ensemble.

Par contre, la structure générale et l'aménagement intérieur présentent de brillantes solutions à des problèmes techniques trop nombreux et trop complexes pour être décrits ici.

Assujettie à moins d'obligations adventices, la tour Millbank, siège de la société Vickers, et construite, tout comme le groupe dont elle est le centre, d’après les plans de Ronald Ward & Partners, a une élévation de 118 mètres, dont l'élégant profil rappelle le bâtiment Pirelli à Milan ; ici aussi, de grandes difficultés techniques ont été surmontées, notamment pour les fondations, établies au moyen de 163 piles de ciment armé à une profondeur moyenne de 30 mètres.

La silhouette et les plans de l'hôtel Hilton, dont les 30 étages dominent Hyde Park, sont l’œuvre de l'architecte Sidney Kaye et ne manquent pas non plus d’une certaine élégance, mais l’aménagement intérieur, conçu par des décorateurs américains, est au-dessous du médiocre.

Le plus acclamé des nouveaux grands immeubles londoniens, New Zealand House, œuvre de Robert Matthew, Johnson-Marshall & Partners, aurait été une réussite plus complète encore si les plans originaux des architectes, qui comportaient un podium plus bas et une tour plus élancée, n’avaient pas été contrariés pour des motifs futiles, mais son austère simplicité et l'étude minutieuse de tous les détails sont des plus satisfaisantes.

Sir Basil Spence, architecte de la cathédrale de Coventry, a également dessiné les plans de Thorn House, immeuble de bureaux dont l'aspect austère et fonctionnel est compensé par d'harmonieuses proportions de l’ensemble, comme aussi par le fini des détails.

Parmi les autres grands projets en construction ou en voie d'achèvement, il convient de citer l'énorme ensemble de bâtiments dont le plus élevé, Portland House, a 28 étages, érigés sur l'emplacement de l'ancienne brasserie Stag près de la gare de Victoria et dessinés par Howard Fairbairn & Partners; Lee House, immeuble de 18 étages dans le quartier de Barbican, entièrement dévasté par les bombardements, dont les plans sont de Bernard Gold & Partners ; le skycraper de la British Petroleum Co., qui sera l'un des plus vastes de la City. Mais ce ne sont là que quelques exemples parmi des centaines, sans parler des autres bâtiments-tours que l’on construit actuellement dans toutes les grandes villes britanniques, notamment à Manchester, Birmingham et Glasgow, et qui comprennent non seulement des immeubles de bureaux, mais encore de logements, des hôpitaux, des hôtels, des collèges, etc.

L'esthétique industrielle

nome, conçu par Kenneth Grange et nommé Milward Courier, qui est une très belle création. L'émulation suscitée par cette récompense est naturellement très grande, et elle a contribué à une amélioration notable de l'esthétique industrielle anglaise au cours de ces dernières années. Ce n'est dénigrer personne de dire qu'elle en avait grand besoin.

Ceux qui s'intéressent à l'architecture anglaise consulteront avec fruit "The Architecture of England" par Doreen Yarwood (Batsford), le plus complet et le plus important des ouvrages d'ensemble consacrés à ce sujet. L'auteur y étudie, en un style clair et sans prétention, mais avec une érudition de bon aloi et de nombreuses illustrations, en grande partie dessinées par elle-même, toute l'évolution de l'art de bâtir aux Iles Britanniques, depuis l'époque préhistorique jusqu'à nos jours, en passant par les styles roman, gothique, Tudor, Stuart et Georgien, l'éclectisme bâtard du dix-neuvième siècle et le fonctionalisme actuel, dont elle critique non sans raison la monotonie — du moins tel qu'il est pratiqué en Angleterre. Elle y fait la part qui se doit à l'art des ingénieurs, constructeurs de ponts et autres créateurs, notamment aux peintres et décorateurs.

Ne pouvant tout dire, même en ce fort volume de près de 700 pages, Doreen Yarwood néglige quelque peu l'architecture domestique des villages anglais, qui est le sujet principal de l'ouvrage “English Villages", par F. R. Banks (Batsford).

L'auteur sait évoquer leur charme pittoresque, et ses descriptions sont admirablement complétées par les superbes photographies d'Edwin Smith. Ensemble, elles montrent que l'art instinctif des anonymes bâtisseurs de ces anciens hameaux est ce qu'il y a de plus spécifiquement anglais et attrayant au Royaume-Uni.

A côté du renouveau architectural amorcé par les nécessités de la reconstruction, on note également en Angleterre un intérêt accru pour l’esthétique industrielle. Il est fortement et officiellement encouragé par le Council of Industrial Design, qui, au Design Centre à Londres, organise une exposition permanente d’objets soigneusement sélectionnés pour leur bienfacture.

Parmi ces objets — il y en a quelque 10 000 — un jury d'experts spécialement qualifiés en choisit chaque année un pour recevoir le René Elvin Prix d’Elégance du Duc d’Edimbourg. Ce peut être, comme il y a deux ans, un poste portatif de radio (Ultra, dessiné par Eric 5 Marshall); ou, comme l'an dernier, une 4 Garage automatique, Coventry série de tissus d'ameublement. Cette année, • Automatische Garage, Coventry ç'a été un rasoir électrique à batterie auto­ • Automatic multi-storey car park, Coventry

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