Die Architektur auf Kuba M. Gaillard Kuba war vom XVI. bis zum XVIII. Jahrhundert der Sammelplatz der Flotten des spanischen Reichs gewesen. Havanna wurde der dicht besiedeltste und reichste Hafen ganz Amerikas. Die religiösen Bauwerke, Paläste und Befestigungen sind die wichtigsten Elemente der Architektur der Kolonialzeit.
Im XIX. Jahrhundert prägte der Neoklassizismus einen großen Teil der Privatbauten und der öffentlichen Bauwerke.
Nach dem zweiten Weltkrieg wurde Kuba, wie die anderen Länder, von den großen Architekten der Welt beeinflußt. Die Revolution von 1959 hat die Tätigkeit der Architekten ganz und gar umgeformt, indem sie ihnen die Gesamtheit der Bevölkerung als Kunden gab.
Eine neue Architektur ist auf Kuba im Entstehen. Die kubanischen Architekten haben in kurzer Zeit beträchtliche Arbeiten fertiggestellt, im Bereich der Schul-, Universitäts- und Krankenhausbauten, landwirtschaftlicher Anlagen, der Erholungs- und Sozialeinrichtungen und der Feriendörfer. Das neue Wohnviertel im Osten Havannas ist in dieser Hinsicht die bemerkenswerteste Schöpfung. Das beste Ergebnis dieser Architektur ist unbestreitbar der Gesamtkomplex der Kunsthochschulen in Havanna.
Der leitende Architekt Riccardo Porro ist selbst Erbauer der Hochschule für Bildende Künste und der Hochschule für modernen Tanz. Sein Kollege Vittorio Garatti ist der Erbauer der Musikhochschule und der Hochschule für klassisches Ballett, während Roberto Gottardi mit dem Bau der Hochschule für dramatische Kunst beauftragt wurde.
Die Architekten haben eine der Tradition und der kubanischen Mentalität angemessene Architektur erreichen wollen.
Die zwei Hauptkonstanten auf Kuba sind einerseits die barocke Tradition und andererseits die Sinnlichkeit.
Die Architekten der Kunsthochschulen haben diese Konstanten ihrem Werk einzufügen versucht.
Von außen gesehen stellt sich jede Schule wie eine Art Skulptur-Architektur dar, im Innern dagegen wie ein lebender Organismus. Es schien den Architekten erforderlich, den Innenraum städtebaulich zu erschließen. Das hat sie dazu veranlaßt, einen zentralen Platz zu schaffen, überdachte Straßen, Höfe und Patios.
Porro, Garatti und Gottardi zählen zu den Architekten, die dauerhafte Werke schaffen. Sie werden auf Kuba ein großes Zeugnis der Architektur des XX. Jahrhunderts hinterlassen.
Architecture in Cuba M. Gaillard Cuba, from the XVIth to the XVIIIth centuries, was the rallying point for the fleets of the Spanish Empire and Havana became the richest and most populous port in the Americas. Religious buildings, palaces and fortresses are the most important elements in the architecture of the colonial period.
In the XIXth century, most public and private buildings tended towards neo-Classicism and from the end of the XIXth to the middle of the XXth century, Cuba adopted all the 11 artistic " expressions of the period, only a few examples of the new modern thinking emerging.
After the second World war, Cuba, as elsewhere, was influenced by the work of architects of international renown.
Good modern work began to replace the existing neo-classic styles and after the revolution of 1959, there was a complete transformation under the new social order, the architect having as client the population as a whole. A new architecture is being born in Cuba and Cuban architects, in a very short space of time, have made great progress in the fields of school and university construction, hospitals, rural development, social and recreation centres and holiday villages.
The most remarkable realizations so far have been the new residential quartier in East Havana and the new group of schools of Art in Havana.
The chief architect for the latter, Riccardo Porro, is himself the designer of the school of Plastic Arts and the school of Modern Dancing. Vittorio Garatti designed the school of Music and the school of Ballet and Robert Gottardi the school of Dramatic Art.
The two dominant factors in any Cuban architecture are the Baroque tradition and sensuality, and the architects of the schools of Art have attempted to express these factors in their work. They are most apparent in the school of Plastic Arts in which R. Porro also sought to express the new reality of Cuba and the emotion of the Cuban people at the time of the revolution.
Each school, from the exterior, appears as a sort of architectural sculpture and from the interior as a living organism.
The architects have “urbanized’’ the interior space by the creation of courts with covered ways and patios around which are grouped the work-rooms.
Porro, Garatti and Gottardi are to the forefront of those architects who are creating a durable and valid XXth century architecture in Cuba.
L’architettura cubana M. Gaillard L'isola di Cuba fu dal XVII° al XVI111° secolo il punto di ritrovo delle flotte imperiali spagnole. L'Avana diventò il porto più ricco d'America. Gli edifìci religiosi (cattedrale d'Avana), i palazzi e le fortezze sono gli elementi più importanti dell'architettura dell'epoca.
Il XIX" secolo invece è il periodo neo-classico. Dopo l'ultima guerra, Cuba è influenzata, lei pure, dai grandi architetti mondiali. Le opere moderne sostituiscono le neo-classiche. La rivoluzione del 1959 trasforma poi completamente l’attività degli architetti dando loro come cliente l’insieme della popolazione.
Una nuova architettura sta nascendo. In poco tempo, gli architetti cubani hanno realizzato lavori considerevoli nel campo delle scuole, università, costruzioni rurali, degli ospedali e dei villaggi di vacanza. Le opere migliori sono il nuovo quartiere residenziale all’est della capitale e l'insieme delle scuole d'arte quasi finito all'Avana. Gli architetti tentano di esprimere nelle loro opere le due costanti principali cubane: la tradizione barocca e la sensualità.
L’architecture à Cuba Marc Gaillard
Cuba fut, du XVIe au XVIIIe siècle, le point de ralliement des flottes de l'Empire espagnol. La Havane, située à la sortie du Golfe du Mexique, au fond d'une rade extraordinairement bien protégée, devint le port le plus peuplé et le plus riche de toute l'Amérique. L'architecture s'y épanouit rapidement dans les églises, les couvents, les palais et les forteresses.
Les châteaux de la « Fuerza », de la « Punta » et du « Morro » restent les témoins les plus éloquents de la puissance de cette place forte.
Les édifices religieux sont les éléments les plus importants de l'architecture coloniale.
On compte vingt-quatre églises pour la seule ville de La Havane, de nombreux et remarquables couvents. Mais la puissance et la magnificence de l'Eglise s'expriment surtout dans la construction de la belle et vaste cathédrale de La Havane, dont la riche façade occidentale est précédée d'une place majestueusement ordonnancée. C'est le meilleur exemple de l’architecture religieuse cubaine du XVIIIe siècle.
Tout au long du XVIe et du XVIIe siècle l'architecture cubaine suivit les tendances et les styles de l'Espagne du Sud. Les architectes de l'époque furent avant tout les ingénieurs militaires et les moines bâtisseurs.
Les plus importants bâtiments administratifs de l’époque portent l'empreinte de l’intérêt manifesté par l’Espagne vis-à-vis de Cuba, ainsi le Palais de la Poste et celui du Gouvernement. L’architecture civile de l'époque coloniale est caractérisée par ces
somptueux palais construits dans des styles inspirés de la Renaissance et dans le goût baroque.
Au XIXe siècle, le néo-classicisme marqua une grande partie des constructions privées et des édifices publics.
De la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, l'architecture cubaine se manifesta surtout à La Havane. On peut y apprécier aujourd'hui toutes les expressions «artistiques » de ce demi-siècle pendant lequel se sont dégagées à grand-peine les données de l'architecture contemporaine. Aux environs de 1930, les influences des mouvements novateurs de l'architecture européenne commencèrent à se faire sentir à Cuba.
Mais cela se traduisit par l'apparition d’un cubisme assez pauvre.
Après la seconde guerre mondiale, Cuba, comme les autres pays, est influencé par les grands architectes mondiaux. Les architectures les plus modernes se généralisent et prennent le pas sur le style néo-classique des années antérieures. Le nombre des résidences luxueuses auxquelles contribuent les architectes les plus célèbres, comme Richard Neutra, ou le paysagiste brésilien Burl Max, se multiplie.
La Révolution de 1959 a complètement transformé l’activité des architectes en leur donnant pour clientèle l’ensemble de la population. Le volume et l'urgence de la construction ontentraîné l'emploi massif des techniques de préfabrication dont les résultats sont, pour la plupart, fort satisfaisants.
Au cours du dernier Congrès de l’Union Internationale desArchitectes qui avait lieu à La Havane, j'ai eu l'occasion, avec plusieurs milliers d'architectes venus du monde entier, de faire connaissance avec l'architecture nouvelle qui est en train de naître à Cuba. Les architectes cubains ont réalisé en très peu de temps des travaux considérables dans le domaine des constructions scolaires et universitaires, hospitalières,des équipements sociaux et récréatifs: stades, plages, villages de vacances, surtout dans le secteur de l’habitat collectif. Le nouveau quartier résidentiel de La Havane de l'Est est, à cet égard, la réalisation la plus remarquable.
Ce quartier n'est séparé de l'agglomération que par la baie et les espaces réservés à un futur parc. Un tunnel construit sous la baie et une autoroute assurent une liaison rapide avec la vieille ville. Près de cet ensemble, d’importantes zones industrielles et commerciales établissent un rapport travaillogement fort satisfaisant. Lors de la mise en chantier, il fut décidé que les dimensions du quartier devaient offrir les distances et les rapports les meilleurs pour la circulation des piétons et des véhicules, et que le peuplement devait atteindre un chiffre suffisant pour permettre d'organiser des services sociaux complets. La quartier a une forme pentagonale avec une voie périphérique et des voies de pénétration qui permettentd'accéderfacilementàtous les secteurs.
Cathédrale de La Havane Kathedrale von Havanna Havana Cathedral
Maison ancienne à Pilio, La Havane Altes Gebäude in Pilio, Havanna Old house at Pilio, Havana
Une frange verte, large de 100 mètres, sépare la voie périphérique de l'autoroute et un parc de 250 mètres de large s'étend le long de la mer. Les immeubles sont distribués de manière à permettre l'accès facile des piétons à tous les services collectifs. La circulation piétons - véhicules est différenciée.
L'ensemble est divisé en 7 groupes « primaires » ou « résidentiels » situés chacun autour d'une place et d'un parc qui abritent un jardin d'enfants et une garderie. Chaque groupe « primaire » compte 200 logements environ, en immeubles de 4 ou 11 niveaux.
Le rez-de-chaussée des immeubles de 11 niveaux est réservé aux locaux sociaux ou commerciaux les plus utilisés, les sous-sols aux garages. Les services sociaux et commerciaux courants, d’un rayon d'action maximum de 150 mètres, ont été créés à l'échelle de chacun de ces groupes. Des services généraux couvrent l'ensemble de la nouvelle cité. Ils comprennent un centre commercial, un centre administratif, un centre médical, un cercle social, un vaste terrain de sports, des piscines. En ce qui concerne l’enseignement primaire et secondaire de base (9 années), l’Unité a été divisée en deux secteurs comptant une population scolaire de 1000 élèves environ.
Plusieurs architectes ayant participé à l'élaboration des projets, l’ensemble souffre d'un certain manque de cohérence. Les possibilités offertes par le paysage n'ont pas toujours été utilisées, en particulier les perspectives manquent vers la mer.
Les artères intérieures pour véhicules sont en surnombre et d'un tracé compliqué, ce qui, joint à la voie périphérique avec ses énormes rotondes de manoeuvre, et à l’excès de zones de stationnement, donne un indice de m2 de chaussée par logement trop élevé.
Malgré cela, cette cité nouvelle est une réussite architecturale par le souci de diversité dans les volumes, les recherches dans l’implantation urbanistique, la polychromie — très réussie sous le climat tropical — les espaces verts en quantité suffisante, les circulations à circuits différents, les équipements collectifs bien pensés: écoles, théâtre, centres commerciaux, etc.
A La Havane, divers autres quatiers neufs sont en chantier, de même dans toutes les villes importantes, ainsi Camagüey, Santiago, Las Villas, etc. Ils ne sont toutefois pas aussi complets que La Havane de l'Est.
Mais c’est surtout dans le domaine du logement rural qu’un gigantesque retard reste à rattraper. La préfabrication totale a été adoptée partout et semble donner des résultats fort acceptables sur le plan de la quantité, de la qualité et même de l’esthétique. Ce n’est toutefois pas en ce domaine que se manifeste le meilleur de l’architecture cubaine contemporaine.
Le meilleur de cette architecture, c'est incontestablement l’ensemble des cinq écoles d’art que trois jeunes architectes
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achèvent actuellement à La Havane. Ces écoles, sont situées dans le parc du Country Club. Un espace immense a été mis à la disposition des architectes. Chaque école se présente comme un petit village. Elle est éloignée de la voisine de quelques centaines de mètres. Le profil du terrain très vallonné isole chacune d’elles.
L'architecte en chef, Riccardo Porro, a fait ses études à La Havane. Après un séjour en France, il fut professeur d’architecture à l’université de Caracas et regagna son pays au moment de la Révolution. Riccardo Porro est lui-même l’auteur de l'Ecole des Arts Plastiques et de l'Ecole de Danse Moderne.
Son confrère, Vittorio Garatti, est l'auteur de l'Ecole de Musique et de l'Ecole de Ballets Classiques tandis que Roberto Gottardi a été chargé de la réalisation de l’Ecole d'Art Dramatique. Ces deux derniers architectes ont travaillé en étroite collaboration avec Porro, mais chacun a bénéficié d’une totale liberté dans la conception de son oeuvre.
V. Garatti et R. Gottardi ont été libres dans leur choix et se sont exprimés comme ils l'entendaient. Seul subsiste entre les cinq Ecoles un esprit qui confère à l'ensemble, malgré la diversité des volumes et des partis architecturaux, un grand caractère d’unité.
Les architectes ont voulu parvenir à une réalisation adaptée à la tradition et à la mentalité cu bai nés. Ils ont cherché à exprimer une architecture nationale. Les deux constantes majeures à Cuba sont, d'une part, la tradition baroque, d’autre part la sensualité. Les architectes des Ecoles d’Art ont tenté d'introduire ces constantes dans leur oeuvre. Cet esprit baroque, cette sensualité cubaine, on les retrouve surtout dans l'Ecole des Arts Plastiques de Porro.
Celle-ci est pratiquement construite tout entière avec un même matériau: la brique.
Elle est employée partout: pour les piliers, les murs, les plafonds, les voûtes, tantôt brute, tantôt vernissée, tantôt plate, tantôt traditionnelle. L’effet est surprenant. Riccardo Porro a réussi à créer une atmosphère délassante, une ambiance nouvelle.
Cette oeuvre touche à la perfection : voûtes gauches, voûtes inclinées, voûtes incurvées au-dessus des rues intérieures, voûtes portugaises au-dessus des diverses salles de travail.
L’emploi généralisé de la brique a soulevé quelques difficultés, en particulier pour la construction des grandes coupoles édifiées selon la technique des voûtes portugaises.
Mais l’audace et l'enthousiasme ont conduit à des résultats d’une qualité surprenante.
Chaque école se présente comme une sorte d'architecture-sculpture, vue de l’extérieur; comme un organisme vivant à l'intérieur.
Il a paru nécessaire aux architectes d'urbaniser l'espace interne, c'est ce qui les a amenés à créer une place centrale, des rues couvertes, des cours, des patios. Autour de ces éléments sont groupées les salles de travail. Tout cela a conduit à une composition urbaine fermée, dont on ne découvre que peu à peu les cheminements, les jardins, les perspectives.
Pour donner une idée de l'importance de cette réalisation, il suffit de préciser que l'Ecole de Musique comprend 90 salles de travail insonorisées, climatisées, équipées d'un système de magnétophones reliés chacun à un central, qui retransmet sur demande, à n’importe quel instant, la leçon enregistrée.
L’oeuvre du nouveau gouvernement cubain dans le domaine de l’architecture n'a pas encore été soumise à une critique systématique. Cependant, l'analyse laisse apparaître quelques erreurs. Ainsi la mauvaise localisation de nombreuses oeuvres, due à l’absence d'études préalables et d'une vision globale des besoins; le manque de coopération entre l'architecte et les autres techniciens ; les coûts élevés de la construction dus à l’absence d'indices technicoéconomiques, le manque de modulation dans les projets, etc. On n'a pas exploité complètement les possibilités nouvelles d’expression nées des nouvelles techniques.
Il semble que le moment soit maintenant venu de donner aux problèmes une solution d'ensemble, cubaine et contemporaine, en rassemblant les grands apports de l'architecture de notre temps.
Marc Gaillard
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2 1 Ecole des Arts Plastiques Hochschule der bildenden Künste School of Plastic Arts
2 Ecole de Musique Musikhochschule School of Music
3 Ecole de Danse Moderne Schule für modernen Tanz School of Modern Dancing
4 Ecole de Ballet Balletschule School of Ballet
Photos L. Chessex et M. Gaillard