Entwicklung der Architektur in der Türkei Bülent Özer Vor einem generellen Überblick über die gegenwärtige Situation der zeitgenössischen türkischen Architektur sieht sich der Autor gezwungen, schnell und in konzentrierter Weise die Zwischenstationen zu skizzieren, aus denen sie sich herleitet. Er bemüht sich, die verschiedenen Entwicklungsabschnitte nachzuzeichnen und stützt sich dabei auf ihren kulturellen und politischen Zusammenhang. Er erhellt so eine Aufeinanderfolge von gegensätzlichen, reginalistisch-universalistischen Richtungen, die sich in bestimmten Zeitabständen unaufhörlich seit der Jahrhundertwende wiederholen. Seit 1952 erleben wir wieder die Rückkehr zu den internationalen Normen. Und ab 1958, immer unter Vorraussetzung der Lage der Dinge im Westen, erlebt man eine fortschreitende Auflösung der rationalistischen Disziplin in all ihren Ausdrucksformen.

Nun lassen sich aber die Beweggründe, die der westlichen Architektur der 60-er Jahre den Geschmack an unregelmäßigen Formen gaben, der Formerweiterung nach einem Wort Prof. Joedickes, durch den Wunsch erklären, vor den Konsequenzen der Industrialisierung auszuweichen : Standardisierung, Modelle, Normen und die Regelmäßigkeit, die Einförmigkeit, die von daher rühren. Aber die Türkei ist eben gerade dabei, sich zu industrialisieren.

Das macht die Umstände, die im Europa der 20-er Jahre vorherrschten, gegenwärtig gültig und unvermeidlich.

An diesem kritischen Abschnitt bestünde das Hauptproblem der zeitgenössischen türkischen Architektur, so der Autor, darin, ein Gleichgewicht zwischen den augenblicklichen Bestrebungen der westlichen Länder und den Möglichkeiten der Türkei herzustellen. Ohne den Beweggründen sozialer und ästhetischer Natur, die gegenwärtig in mehreren industrialisierten Ländern diese Formerweiterung bedingen, den Rücken zu kehren, sollte man dennoch nicht die bestimmende Rolle aus den Augen verlieren, die die wirtschaftlichen und ethischen Bedingungen, ebensosehr wie die Faktoren Materialien und Handwerk, bei der Bildung des architektonischen Ausdrucks spielen.

Letter from Turkey Bülent Özer Before treating in a very general manner the present state of modern architecture in Turkey, the author considers it necessary to trace in broad outline the developments and cultural and political influences which have affected it.

These reveal a succession of regional and universal contradictions dating back to the turn of the 19th century.

Since 1952, there has been a return of “internationalism” and since 1958, following Western trends, a gradual dissolution of rational discipline in all its forms.

The introduction into western architecture in the nineteen-sixties of irregular forms—of formal expansion (Formerweiterung) to quote Professor Joedicke—can be explained by the desire to escape at all costs from the results of industrialization, standards, modules, norms and regularity, with the monotony which they entail—from the conditions which reached their peak in Europe in the nineteen-twenties. Turkey, however, is just in the process of industrialization, and in this critical phase, in the author’s opinion, the problem facing modern Turkish architecture is to find an equilibrium between present Western trends and the inherent possibilities of Turkey.

While not ignoring the social and aesthetic factors which influence this formal growth in many countries, one must not lose sight of the decisive role played by economic conditions, ethics, available materials and labour in the formation of an architectural expression.

Lettera dalla Turchia Bülent Özer L'autore comincia il suo articolo dando un breve panorama storico dell'architettura turca, tracciandone lo sviluppo e spiegandone il senso culturale e politico. Parla delle tendenze regionali e di quelle universali che si oppongono fin dal secolo XIX.

Dal 1952 assistiamo al ritorno delle norme internazionali. Dal 1958 la disciplina razionalistica si dilegua.

I motivi che impongono all’architettura occidentale il gusto delle forme irregolari, della dilatazione delle forme (« Formerweiterung », come dice il Prof. Joedicke) possono spiegarsi con il desiderio di evasione davanti alle conseguenze dell'industrializzazione e della monotonia che essa ha provocato. Ma la Turchia sta appena industrializzandosi.

Si trova quindi nella situazione in cui era l'Europa negli anni venti. Ecco perchè il problema fondamentale dell'architettura turca odierna è di cercare un equilibrio fra le tendenze occidentali e le possibilità della Turchia.

Senza volgere le spalle ai motivi d'ordine sociale ed estetico che condizionano la dilatazione delle forme in vari paesi industrializzati, non bisognerebbe dimenticare il ruolo determinante delle considerazioni economiche e etiche, nonché di altri fattori quali i materiali e la mano d'opera.

Lettre de Turquie Bülent Özer

La première lettre provenant d'un pays dont l'architecture demeura longtemps en marge des publications occidentales devrait, à notre avis, être rédigée en guise d'un tour d'horizon à la fois rétrospectif et actuel, de façon à combler, d’une part, les lacunes, et de l’autre, à préparer le terrain pour une compréhension meilleure des développements futurs.

Accéder aux publications d'une culture donnée dépend, avant tout, de l’existence de l’une des conditions fondamentales antithétiques. La première suppose que l’on fasse partie intégrante de la culture en question. Le fait qu'on parle régulièrement des architectures allemande, anglaise, française, suisse, etc., s'explique aisément par la présence de cette première condition.

L’autre consiste dans le degré d'originalité de l'apport vis-à-vis de la culture donnée.

C’est, par excellence, le cas du Japon, qui, redécouvert, envahit de plus en plus les publications de la culture occidentale.

Le manque d'intérêt dont se trouve frappée à l'heure actuelle l’architecture turque nous porte donc à entreprendre notre analyse du point de vue de ces deux critères antithétiques. Tout en descendant dans les origines, cela nous permettra d'arriver à une appréciation acceptable de la situation actuelle.

Comme on voit un peu partout —bien que suivant le degré d'industrialisation dans des proportions assez différentes d'un pays ou d'une région à l'autre—, l'espace bâti en Turquie se compose également de l'enchevêtrement ou de la juxtaposition de deux sortes de formation architecturale.

L'une constitue ce que l'on appelle l'architecture anonyme, tandis que l'autre, on pourrait la qualifier grosso modo de planifiée. La Turquie, qui, à part dans ses quelques grandes villes, n’a pas encore connu dans sa fatalité le fléau de l'urbanisation, et dont les trois quarts de la population

vivent toujours dans la campagne, possède une architecture anonyme de caractère organique et spontané, et exempte pour la plupart du temps de toute trace de rigidité rationnelle. Cette architecture domestique parvenue jusqu’à nos jours à l'abri de toute influence étrangère, commence depuis quelques années à être souillée çà et là d'exemples hybrides. Dans une époque qui prônait la définition académique de l’art de bâtir, cette architecture pleine d'originalité n'intéressa nullement les auteurs du monde occidental — si l'on excepte bien entendu les ouvrages de Le Corbusier.

Les tendances actuelles en Europe aussi bien qu'aux Etats-Unis, auxquelles nous revien drons, se proposent, comme on le sait, de remettre en valeur la volonté créatrice contenue dans ces réalisations.

Quant à l'architecture officielle turque, elle reflète admirablement les péripéties de notre histoire culturelle et politique, si intéressante par sa position intermédiaire entre l'Orient et l'Occident. Le déclin de l'Empire ottoman ne commence à se sentir effectivement dans toutes ses institutions que vers le milieu du XVIIIe siècle. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, une culture architecturale, héritée des Seldjoukides et rehaussée de riches expériences byzantines, acquit un caractère très original, et put se développer à son aise dans un cadre tout à fait authentique. L'histoire culturelle ottomane, demeurée à l'écart et au-dessus de toute intervention occidentale, n'eut par conséquent aucun contact avec les mouvements européens tels que la réforme et la contre-réforme, ainsi qu'avec leurs équivalents d’ordre artistique. L’Empire se trouvait presque hermétiquement protégé contre les effets de la polarité RenaissanceBaroque. Il conviendrait donc de ne pas attribuer certaines manifestations formelles survenues dans l'architecture turque au même contexte économique, politique et social qu’en Occident.

Les défaites essuyées par les armées ottomanes finirent par convaincre les dirigeants de l'Empire que le seul moyen de salut consisterait dans l'adoption du système européen. S'inspirer des méthodes occidentales affecta bientôt le domaine de l'art.

Le Baroque turc est l’aboutissement d’une telle attitude. En d'autres termes, c’est la dislocation, sous l'influence occidentale, de l'ordre classique incarnant la grandeur de l’Empire. Cette influence, les architectes turcs réussirent à l'adapter judicieusement aux thèmes assez différents et par là très spécifiques du pays, pour arriver, par exemple, à une réalisation telle que la mosquée de Nourouosmanié (l'an 1756) (flg.1).

Le malaise d'ordre militaire et administratif empirant, l'on se vit, au début du XIXe siècle, dans l'obligation de redoubler d'efforts dans la voie de l'occidentalisation.

Mouvement qui fit venir à ia Cour des architectes européens, et qui laissa étudier surtout à Paris les architectes turcs. Tout

SI wfil* 1

La mosquée de Nourouosmanié, Istanbul, 1756 Moschee von Nourouosmanié, Istanbul, 1756 Mosque of Nourouosmanié, Istanbul, 1756

le long du siècle, le goût européen d’alors, celui du monde des pastiches, va s'emparer de la capitale ottomane pour modeler ses bâtiments publics, ses palais, etc.

En outre, les revivais grec et gothique qui, en Europe, répondent à une dualité issue de l'essence culturelle même, n'auront à Istanbul qu’une justification accidentelle.

Deux architectes turcs, Kemalettin (18701927) et Vedat (1873-1942) s'indigneront contrecette imitation insensée.Toutefois, formés eux-mêmes en Europe, l'un en Allemagne et l'autre en France, fortement imbus de l'esprit éclectique de l'époque, ils ne saurontopposer à la thèse existante qu'une antithèse assez faible, notamment celle de remplacer les éléments européens de la façade par des éléments nationaux (fig. 2). Leur mérite

2

Immeuble de bureaux, Istanbul, 1910. M. Kemalettin, architecte Verwaltungsgebäude, Istanbul, 1910, Architekt M. Kemalettin Office building, Istanbul, 1910, M. Kemalettin, Architect

réside tout de même dans le fait d’avoir reconnu le danger menaçant l’originalité, l'authenticité de l’architecture turque, et d’avoir essayé de parer à une fausse occidentalisation. D'autre part, l'absencedes circonstances socio-économiques telles qu’on rencontre en Europe ne laissa aucunechance au développement des idées rénovatrices.

A la suite de cette période nationaliste s’étendant approximativement du début du siècle jusqu'à 1927, on se trouva en face des problèmes architecturaux extrêmement urgents, soulevés par les besoins de la jeune République fondée en 1923. La nécessité de faire d’Ankara, modeste ville anatolienne, la capitale d'un Etat moderne, imposa une activité architecturale assez intense. Les architectes gradués n’étant pas en nombre suffisant, on dut faire appel

à des étrangers, et parmi lesquels à des célébrités telles que les Professeurs Egli, Holzmeister, Jansen, B. Taut, etc. A eux s’unirent aussi plusieurs achitectes turcs de la nouvelle génération, dont la plupart, s’alignant sur les tendances en vogue, projetèrent des ministères, des bâtiments culturels, et aussi des cités d’ouvriers, thèmes qui, jusqu’alors, étaient presque inconnus en Turquie (fig. 3 et 4).

Toutefois, l'autorité toujours croissante des architectes étrangers commença peu à peu à apparaître comme un handicap assez sérieux pour la nouvelle génération.

Des cris de protestation, appuyés par les expériences de la période 1900-1927, et aussi encouragés par des comportements en vogue dans les pays totalitaires tels que l'Allemagne et l'Italie, se condensèrent

5

3 S. Arkan, architecte

Projet de villa à Ankara, 1933 Plan einer Villa in Ankara, 1933 Project for a villa, Ankara, 1933 4 S. Arkan, architecte

Cité pour les mineurs, Kozlou, 1935 Stadt für Bergwerksarbeiter, Kozlou, 1935 Miner's town, Kozlou, 1935 5 S. H. Eldem, architecte

Projet de villa, Istanbul, 1933 Plan einer Villa, Istanbul, 1933 Project for a villa, Istanbul, 1933 4

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graduellement en un courant de caractère fortement nationaliste. Cultivé depuis 1933, soit par des articles, soit par des projets et réalisations (fig. 5), l’inauguration officielle ne s'en est faite qu’en 1939, à l’occasion de la construction du pavillon turc à l'Exposition Internationale de New York (fig. 6). La période qui va suivre marquera le triomphe presque absolu de ce courant, lequel, nourri d'un monumentalisme prononcé, se dirigera vers les formes du passé et fera le choix des matériaux toujours de ce point de vue (fig. 7 et 8). Paul Bonatz, qui, à cette époque, se trouvait en Turquie et exerçait unetrès grande influence aussi bien par ses constructions que par ses cours, ne fit, par la conception architecturale qui lui était propre, que de contribuer au renforcement de cette tendance.

En 1948, lors du concours organisé pour le palais de justice d'Istanbul, un projet élaboré par les promoteurs du courant nationaliste dans un esprit rationnel attira l'attention des membres du Jury, parmi lesquels figurait Dudok, et remporta le premier prix. Ce fut sans doute un tournant décisif dans l'évolution de l’architecture contemporaine turque. Les résultats du concours ouvert en 1952 pour l'hôtel de ville d'Istanbul marquent décisivement la fin du mouvement nationaliste (fig. 9). Les projets présentés mettent en relief une conception qu'on pourrait qualifier de fonctionaliste ou de rationaliste. Jusqu’à 1958 persistera, presque dans tous les concours, cette attitude d'affinité internationale.

A partir de 1958, et toujours selon les données de la conjoncture occidentale, on assiste à la dissolution graduelle de la discipline rationaliste (fig. 10-12), pour parvenir enfin au projet qui, dans le concours pour le pavillon turc à l’Exposition Internationale de New York 1964-65, remporta le premier prix (fig. 13). Ce résultat traduit l'intérêt dont jouissent chez nous, à l’heure actuelle, les théories de Haering et de Scharoun.

Les motifs qui imposèrent à l'architecture des années 60 le goût des formes irrégulières, la richesse plastique, bref, cette tendance que le Professeur Joedicke appelle la dilation formelle (Formerweiterung) nous sont déjà bien connus. Ils se résument dans le désir de réhumaniser l'art de bâtir.

Le charme du spontané, de l’organique, même celui de l'accidentel, oblige l’architecte à courir après une architecture du hasard. L'abandon des standards, modules, normes devient désormais l’idéal d'une société lasse de la monotonie, de la régularité de l'industrie. La sympathie éprouvée pour Haering qui définit le logis comme une seconde peau de l’individu, pour Scharoun défendant l’ordre médiéval, et pour Förderer qui déclare avoir construit à Aesch une maison d'interrogation trouve sans aucun doute sa justification dans l'idéal dont nous venons de parler.

Les manifestations les plus caractéristiques de l’irrégulier, du spontané, du plastique se laissent rencontrer dans l'architecture anonyme (fig. 14). Le fait que la Turquie se trouve dotée dans ce domaine d’un riche héritage, établit entre son patrimoine existant et les tendances actuelles de l'architecture occidentale une synchronisation assez frappante. Celui qui aspire aux tours de force des pays industrialisés et détermine sa ligne de conduite ou suit la mode à travers les périodiques de ces mêmes pays pourrait considérer ce patrimoine comme une source potentielle d'inspiration. Et cette situation ne manquerait certes pas d'entraîner avec elle le danger d'un éclectisme éventuel.

Le monde occidental pourrait avoir ses raisons pour se déclarer las de l’expérience des quarante dernières années et pour chercher de nouvelles solutions. Le roman-

S. H. Eldem, architecte

Projet pour le pavillon turc à l'Exposition Internationale de New York, 1939 Plan für den türkischen Pavillon der New Yorker Weltausstellung 1939 Project for the Turkish pavilion, New York International Exhibition 1939

7 S. H. Eldem, architecte et E. Onat

Faculté des Sciences de l'Université d’Istanbul, 1943 Naturwissenschafltliche Fakultät der Universität von Istanbul, 1943 Faculty of Science University of Istanbul, 1943.

8 D. Erginbas& I. Utkular, architectes

Monument commémoratif de la Bataille des Dardanelles, Concours 1944 Erinnerungsdenkmal an die Schlacht in den Dardanellen, Wettbewerb 1944 Monument commemorating the battle of the Dardanelles, Competition 1944

ï

9 9 Concours pour l'Hôtel de ville d'Istanbul, 1952 Premier et second prix Wettbewerb für das Rathaus von Istanbul, 1952 Erster und zweiter Preis Competition for the City of Istanbul Hotel, 1952 First and second prizes

12 Y. Sardi & Associés, architectes

Concours pour l'aménagement d’une cité d'ouvriers, Eregli, 1961 Wettbewerb für den Bau einer Arbeiterstadt, Eregli 1961 Competition for the development of a workers' town, Eregli, 1961

!3

Ü. Demiraslan& R. Dora, architectes

10 Prof. K. A. Aru et Associés, architectes

Hôtel à Istanbul, projet, 1959 Plan eines Hotels, 1959 Project for a Hotel at Istanbul, 1959

10

11 E. Aksel, architecte

Ecole à Ankara, Concours, 1961 Schule in Ankara, Wettbewerb, 1961 Competition for a school, Ankara, 1961

11

Pavillon turc à l’Exposition Internationale de New York, projet, 1964 Modell für den türkischen Pavillon an der New Yorker Weltausstellung 1964 Project for the Turkish Pavilion, New York International Exhibition, 1964

tisme actuel, se traduisant tantôt par le plasticisme, tantôt par l’irrégularisme constitue en effet une phase naturelle de l’évolution de l’architecture occidentale contemporaine. L’Occident qui, à présent, commence à se permettre un tel luxe, régénère en vérité l'esprit de Frühlicht qu'il avait dû sévèrement condamner en 1920.

Quant à la situation actuelle de la Turquie, elle ressemble en quelque sorte à celle où se trouvait placée l'Europe centrale au début des années 20. Les conditions prédominantes correspondent approximativement à celles exprimées par J. M. Richards dans son « Introduction to Modem Architecture»: «... la nouvelle architecture n’atteignit son véritable statut qu'à la fin de la Guerre 14-18. Les conditions particulières prédominantes en 1919 lui imprimèrent l'impulsion dont elle avait besoin: un ordre nouveau à établir en accord avec un idéalisme nouveau engendré par la désillusion des années de guerre; un nouveau problème d'habitation; une restauration complète dans les domaines économique et industriel, et, particulièrement dans l’Europe centrale, une discipline financière imposant ce qui était nécessaire et pratique... » De fait, la Turquie, avec ses 30 millions d'habitants et ses quelque 2000 architectes, prise actuellement dans un effort de relèvement économique planifié, se voit dans l'obligation de mener à bien le plus vite et le plus économiquement possible un programme considérable de construction, surtout en ce qui concerne les logements, les établissements de santé et d’éducation.

Nos méthodes de formation devraient donc avant tout chercher à résoudre un problème social imminent et viser à avoir —toujours selon la formule de J.M. Richards — « des architectes clairvoyants et aptes à planifier en conformité avec les besoins actuels de la société, et non pas des architectes qui considèrent les bâtiments comme des occasions isolées pour faire montre de leur talent et de leur force d'imagination ».

Le problème de l’architecture contemporaine turque consiste donc à établir un équilibre entre les tendances des pays occidentaux, lesquelles s'infiltrent surtout à travers les périodiques, et les possibilités du pays. Sans tourner le dos aux motifs d’ordre social et esthétique qui conditionnent actuellement dans plusieurs pays industrialisés cette dilatation formelle, il ne faudrait pourtant pas perdre de vue le rôle déterminant joué par les conditions économiques, éthiques, ainsi que des facteurs tels que les matériaux et la maind'œuvre, dans la formation de l'expression architecturale.

Bülent ÖZER

Photos : B. Ôzer et revue Arkitekt.

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