Architekten und Kranke Ein zweckbedingtes Krankenhaus, das auf den Dienst am Leidenden als seiner Grundlage und hauptsächlichen Beschäftigung ausgerichtet ist, braucht in einem rationell erdachten Platz ein Personal, dessen Aufgabe durch die Anordnung der Räume erleichtert wird und eine allgemein liebenswürdige Atmosphäre im Rahmen eines Heimes, dessen Einrichtung der besonders bedingten Abhängigkeit des Patienten angepaßt ist.

Das Studium verschiedener Tätigkeiten und ihrer wechselseitigen Beziehung in jeder Abteilung eines Krankenhauses sowie eine geschickt geführte Unter-suchung unter dem pflegenden Personal (vom Küchenmädchen bis zum Chefarzt) erlauben dem Architekten, Folgerungen zu ziehen und durch den Einfluß psychosomatischer Einrichtungen mit dem Arzt in seinen Bemühungen zu heilen zusammenzuarbeiten.

Berufen, seine Fähigkeit dahin zu entfalten, menschlich und auf den Patienten ausgerichtet zu sein, wird sich der Architekt —nach Erkennen der voi len Bedeutung des Personalproblems, das um wirkungsvoll zu sein in der Freude, im Schutze vor Überanstrengungen und ihren Folgen wirken können muß — dem Kranken zuwenden und sich bemühen, seinen seelischen wie körperlichen Ansprüchen Rechnung zu tragen. Durch geschickte Wahl der Beleuchtung und Anordnung der Farben wird er es verstehen, dem Krankenzimmer seinen abstoßenden Charakter zu nehmen. Letzten Endes liegt es an den Architekten, aus dem Krankenhaus, das zu oft Gegenstand von Furcht und Abneigung ist, einen Hafen der Hoffnung und des Vertrauens zu machen.

What architects should know about patients The welfare of the patient, which is the primary function of any hospital, is entirely dependant on the creation of a staff-patient relationship which, in addition to contributing a sense of well-being in the patient, assists the staff in the carrying out of their duties. Essential to this relationship is a functional and properly planned environment.

This can only be achieved by an intensive study of the different activities of the hospital and their relationship to one another and of the part played by each member of the staff, from surgeon to kitchen maid. The architect will then be able to collaborate with the doctors in the design of the psychosomatic arrangement so essential to the work of healing.

Having sought to create an environment for the staff in which they can work with a maximum of pleasure and minimum of fatigue and mental stress, the architect must develop a capacity to be “patient-centred" and humane. He must make every effort to satisfy the patients’ demands—both physical and psychological. Wards must be designed in such a way by the subtle use of lighting and colour that they lose their traditional atmosphere of confinement.

In short, the architect must make of the hospital, a place so often regarded with fear and revulsion, a haven of hope and confidence.

Architetti e malati Un ospedale funzionale, nel quale il servizio al malato sia la preoccupazione essenziale, esige locali che facilitano il compito del personale.

Occorre anzitutto studiare le diverse attività di tutte le sezioni, procedere a un'abile inchiesta presso tutte le categorie del personale, dalla serva al medico in capo. La buona scelta dell'illuminazione e dei colori delle camere dei malati può sopprimere il loro carattere confinato.

Los arquitectos y los enfermos Para un hospital funcional, cuya base y preocupación esencial es la atención al enfermo es preciso tener, en los locales concebidos en forma racional, un personal cuya tarea sea facilitada por la disposición de los iugares, una atmosfera amable en general en el cuadro de un « habitat » con una distribución adaptada a la condición de dependencia particular del paciente.

El estudio de las diversas actividades y de su correlación en cada una de las secciones de un hospital, asf corno la encuesta llevada a cabo flèbilmente con el personal del hospital (desde la nina de la cocina hasta el médico-jefe) permiten al arquitecto sacar sus conclusiones y colaborar, por medio de adaptaciones psicosomàticas, con el mèdico en sus esfuerzos hacia la curación.

L.amado a desarrollar su capacidad de ser humano y centrado en el paciente, el arquitecto — después de haber acordado toda su importancia al problema del personal que, para ser efìcaz, debe poder trabajar en un ambiente aiegre, protegido contra el « surmenage » y de sus secuelas — volvera hacia el enfermo y se esforzara por responder a sus exigencias tanto psiquicas corno fisicas. Por medio de una iluminación apropiada y la disposición de los colores, sabra despojar a la pieza de hospital de su caracter de confìnamiento.

Corresponde al arquitecto finalmente hacer de un establecimiento hospitalario, muy a menudo aün objeto de temores y de repulsion, el puerto de la esperanza y de la confìanza.

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Des architectes et des malades Richard J. Neutra Selon certain plaisantin, le médecin est un homme qui prescrit des remèdes qu'il connaît peu, pour un corps qu’il connaît moins. Et l’architecte? Il arrange des stimulants et des agents physiques avec le goût souvent le plus rude, l'intuition la plus courte, s’il en a. Tantqu'un médecin traite un patient il est un praticien. L'architecte, lui, demeure un apprenti aux connaissances plus élémentaires que celles

du médecin autorisé à travailler sur l'être humain après de très difficiles examens seulement.

Un patient dans un hôpital est un individu à la dépendance accrue. Il sera donc au centre de l'attention de tous, de l'auteur des plans au personnel des cuisines en passantpar l’état-majoradministratif et médical.

Soigner un patient implique assurément l'aménagement d’un espace ambiant aux propriétés thermiques et acoustiques spécialement étudiées, à l'air purifié et libéré des microbes mais à côté de ces précautions directes il faut aussi que les personnes qui, de près ou de loin, participent aux soins au malade soient à l'abri des irritations et des fatigues qui s'accumulent pendant la journée de travail.

Le personnel La fatigue accumulée, par exemple, surtout s'il semble qu'elle aurait pu être évitée, provoque souvent une mauvaise humeur qui n'est qu’une auto-défense.

Fréquemment génératrice d’une sourde hostilité contre le travail et ses responsabilités, elle aggrave chaque charge supplémentaire d’un poids qui rend toute tâche détestable. Une infirmière qui fait chaque jour, de son poste au lit, plus de pas qu’il n’est absolument nécessaire ne sera pas longtemps une bonne infirmière. Le phénomène de sa lassitude croissante pourrait être testé fonctionnellement d'heure en heure, de même qu’un graphique rendrait quantitativement parfaitement compte du déclin de ses aptitudes à soigner.

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De telles considérations sont valables pour tout le personnel : administrateur et cuisinier qui n’entrent pas dans la chambre du patient aussi bien que médecin et femme de ménage. Car une éventuelle insatisfaction, même invisible, est susceptible de troubler l'atmosphère autour du malade.

Il existe un ou deux moyens sûrs de répondre aux exigences de chacun, pour autant que l’architecte ait l'occasion de s’y employer. L'un d’eux est l’observation de l'ensemble des activités et de leur corrélation dans chaque section.

Bien qu’il n'y ait pas de produit « matériel » àtraiter de section à section, la possibilité subsiste d'établir un diagramme explicite des fonctions dans leur ordre naturel. A part ce moyen objectif d'observation, voici la méthode subjective du vote. Les psychologues connaissent les aléas du questionnaire et de l'interrogatoire. Dans un hôpital, chaque catégorie d'employés a son langage, ses manières, sa mentalité. A moins que I'« examinateur » ne sache se mettre au niveau de son interlocuteur il ne découvrira pas grand-chose et ne sera peut-être même pas capable de jauger correctement la valeur émotionnelle de certaines réponses. Néanmoins, s’il y parvient, l'architecte sera dès lors le plus grand des conciliateurs.

On est en droit de l’affirmer: personne ne tire un bénéfice de ses rapports avec un hôpital qui n’est pas fontionnel.

Et l’utilité n’est effective que dans une institution centrée sur le patient, où on la mesure en pénétrant au cœur du problème : à quel degré telle ou telle fonction est-elle directement ou indirectement profitable ou nuisible au malade?

Mobiles émotionnels

La compensation monnayée n’est pas le seul levier d'action. Les employés d'un hôpital grand ou petit mais heureusement conçu peuvent trouver dans leur travail une joie véritable qui ne sera jamais celle du personnel d’un établissement mal équipé et mal distribué. Si ce dernier n'a pour compensation que son gain ou son salaire il finira assurément par adopter une attitude déplaisante.

Pour créer le véritable «esprit au travail », celui qui surpasse toutes considérations pécuniaires, l'architecte peut apprendre de ceux qui «font le travail » la manière de le faciliter dans son espace et ses installations. Car l'humeur des employés est conditionnée par la forme des choses, non pas «des choses à venir» mais de celles qui, jour après jour, les entourent pendant la durée de leur travail.

Forme et configuration Un hôpital peut être un objet de crainte et de répulsion ou au contraire d’espoir et de confiance. Il peut aussi

faire des employés plus soucieux de se donner à leur tâche en étant satifsaits de leur sort. L’architecte, même sorti de scène depuis longtemps, peutde son côté les remettre jour après jour dans le bon état d'esprit. J'ai vu des employés sincèrement fiers et glorieux devant des visi26

teurs se retrouver ensuite mécontents de leur place, de leur tâche, de leurs collaborateurs.

Le phénomène n'est pas à classer dans les impondérables. Il est mesurable objectivement à son aune et s'interprète plus facilement que bien des tests et index psychologiques. L’inactivité pendant des heures est néfaste au travailleur.

Le surmenage l'est autant. Là comme dans toute activité humaine les extrêmes ne doivent pas trop s’éloigner de ce qui se passe dans les situations normales.

Les situations anormales, accumulées pendant une longue période, sont à l'origine de maladies parfois déclarées, parfois latentes et d'autant plus redoutables de pouvoir passer inaperçues.

Elles se manifestentfinalement dans leurs conséquences: un rendement diminué.

La nature finit toujours par se venger.

Le dessinateur doit ici ne jamais perdre de vue la différence qu’il y a entre patient et personnel. Dans un hôpital, — établissement d'urgence du moins, — le patient est un hôte de passage quand chaque membre du personnel est au contraire hôte à demeure. Bien que l’employé soit moins fragile que le malade, moins directement menacé, il peut arriver que psychosomatiquement il devienne un raté ou un cas pathologique en miniature.

Un grain de sable dans la machine la détruit.

Du côté du patient, raison de base de la création d’un hôpital, il convientde nepas oublier qu'il est unique sur le grand théâtre de la nature. Les zoologistes et les vétérinaires n'observent pas cette attitude typiquement humaine: «Attendre de l’extérieur remède et soutien ».

Le cerveau humain capable de cette attitude est un phénomène aussi vaste que troublant. Individuellement et socialement chaque patient hospitalisé est, à un certain degré, un cas mental. Après avoir établi que le contexte psycho-social entre le malade et le personnel a une base physiologique, passons aux exigences de l'hospitalisé dans un sens plus restreint.

Le patient Quelle est son expérience et à quel niveau de la vie organique?

Nous savons de l'homme qu'il est d'une essence mêlée. Pourtant les stimulations, les réponses, les épuisements, les adaptations et les fatigues se produisent à des niveaux distinctement divers.

Dans une chambre qui ne peut être quittée à volonté les odeurs (repas, médicaments), les bruits, les couleurs, une position inconfortable, le chaud, etc. sont des sensations physiques qui, spécifiquement sensorielles d'abord, deviennent finalement des éléments d’inconfort, de découragement ou de panique.

L’homme est très sensible à ces complications cérébrales et le dessinateur de l’habitat humain est effectivement sollicité par la physiologie appliquée à laquelle il répond par la disposition raisonnée de ses aménagements. Malade ou bien portant l’homme est servi par l'architecte mais subconsciemment le patient aspire à un traitement d'ambiance, à un refuge, à une retraite, juste comme il lui faut sur

un autre plan un traitement et des médicaments.

Dans un hôpital, par delà les mesures spécifiquement curatives on ne doit pas trouver trop peu de chaleur humaine contre trop de routine mécanisée, quand même le caractère général de l'établissement demeurera étranger plutôt que chaudement familier. Mais il existe des facteurs déterminants d’une thérapeutique efficace. Il existedes moyens d'action sur l’âme et le corps du patient, des arrangements psychosomatiques dessinés par l’architecte et aptes à aider lesmédecins dans leurs efforts vers la guérison.

L'architecte, lui aussi, est appelé à développer sa capacité d’« être humain et centré sur le patient ».

Plus importante encore que l'entrée des visiteurs est, dans le bâtiment, celle de l’ambulance et les différents postes qui jalonnent l'arrivée du « nouveau » à la chambre où l'attendent les regards curieux de ses compagnons de souffrance.

Dès ce moment l'individu confiné, immobilisé, dépendant n'a plus pour correspondre avec le monde extérieur que l’appel d'un timbre auquel il voudra bien répondre.

Exemples de problèmes de visions Peut-être nous ferons-nous plus clairement comprendre en citant un ou deux exemples des effets du cadre sur la psychologie humaine.

Parlons tout d'abord de la clarté. Les définitions en sont nombreuses mais généralement trop vagues et réclamant un complément d’investigations et d'explications. L’une de ses implications est que l'appel photoscopique peut être altéré par elle, autrement dit la joie de la couleur, si nécessaire à toute personne alitée ou prisonnière de son environnement. Mais il en peut résulter bien d'autres phénomènes de fatigue générale, bien d'autres irritations sans compter qu'elle est pour beaucoup dans certaine affection de l’aire périphérique de la rétine. Si une trop forte lumière atteint cette partie latérale de notre écran réceptif elle est là beaucoup plus gênante que dans l'aire du foyer. Les yeux roulent afin de se trouver plus activmeent au centre de l'intérêt. La tête et même le corps peuvent se tourner pour contribuer à l'investigation. La nature a prévu cette automation mais pour un malade la clarté vive, la grande lumière dans l'aire périphérique sont une perpétuelle incitation à un énervement musculaire, à l’action, à l’agitation. La quiétude nécessaire au processus de la guérison en peut être incessamment troublée. A éviter également, pour des motifs semblables, la lumière tombant du plafond et qui normalement semble si désirable pour une égale distribution de l'éclairage. Mais pour une personne couchée sur un haut lit d’hôpital un plafond relativement bas (en général, dans les hôpitaux la hauteur des étages est réduite, soit par économie des structures, soit pour réserver audessus d’eux un espace pour les conduits ce qui montre, soit dit en passant, combien les considérations pratiques,

Centre médical, Newport, Californie Medizinisches Zentrum, Newport, Kalifornien Mariners Medical Arts Building

R. J. Neutra, architecte Dion Neutra, Benno Fischer, Serge Koschin, John Blanton, Egon Winkers, collaborateurs 1

Cabinet dentaire donnant sur un patio Zahnarztpraxis mit Blick auf Innengarten Dental suite with outlook into a patio 2

Salle de traitement avec vue sur un olivier Behandlungszimmer mit Blick auf Olivenbaum Dental suite with outlook onto an olive tree 3 Salle d’attente Wartezimmer Waiting room 4 Panneau indicatif en mosaïque Anweisungstafel in Mosaikausführung Horizontal mosaic giving directions

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valables de la constructions mécanique peuvent entrer en conflit avec le confort du patient), vraiment lumineux est moins agréable ou bienfaisant à contempler.

D’autre part la limitation du local dans toutes les directions sera minimisée par le choix des couleurs. Pour des raisons psychologiques et paraphysiologiques le bleu vert sera adopté de préférence au rouge, au jaune, au blanc, voire au chaud vert olive qui diminuent encore les dimensions d'une pièce.

Afin d'avancer d'un pas dans ce domaine de la « limitation visuelle » qui s'oppose à notre disposition naturelle de réflexion, précisons que la structure rectangulaire

a un caractère restrictif que l'on peut atténuer en jouant avec les couleurs. Les murs situés dans l'ombre seront plus clairs que ceux qui reçoivent et réfléchissent plus de lumière.

Il est même possible de teinter les parois de façon que, sous certains éclairages diurnes, le caractère géométrique de la chambre s'atténue fortement. Les coins ne sont plus aussi brutalement évidents.

L’occupant n’a dès lors plus autant l’impression d'occuper un espace nettement défini. Il se sentirait plutôt dans un doux brouillard, ce qui est tout de même moins oppressant que le « compartiment » aux limites strictes.

Les répercussions psychologiques du confinement pendant des heures et des jours dans un hôpital d'urgence doivent être étudiées en dehors de celles d’un hôpital chronique où l'habitude et l’acceptation, après une période d'adaptation plus ou moins longue, peuvent produire des effets tout différents, aidant ou perturbant les mesures thérapeutiques.

L'orientation des fenêtres, le contrôle des lumières, des rayons solaires, des ombres, la position des lits par rapport à ces facteurs et aux lits voisins présentent dans leur ensemble un intérêt subtil autant qu'inépuisable.

R. Neutra

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