Intégration des arts en Suisse L. Prébandier

Création Jean Baier.

Ed. Chapallaz, céramiste.

Photo : M. Siebold

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Il y a toujours des êtres inventifs, l'art appliqué n'est point défunt. Il est difficile d'énoncer à son sujet des règles. Telle sculpture sortie d’un atelier de solitaire et qui avait été conçue pour elle-même donne un sens à un espace qui n’avait point été préparé à l’accueillir. Tel sculpteur à force de s'adapter aux conceptions de l'architecte se vide de toute substance et devient morne.

Par ailleurs certaines sculptures se révèlent destructrices de l'esprit du gros œuvre qu’elles accompagnent. Un gros œuvre a le mérite de sa fonction et une vulgarité de fer noirci, posée dans un jardin, peut en compromettre le charme.

Il y a des modes et un même sculpteur, par sa réussite sociale, peut enlaidir une ville pour plusieurs générations. Déclaré œuvre d'art, un banal travail de soudeur ne trouvera pas le chemin des autodémolitions. L'art demeure souvent faussement sacré.

A quoi donc s'accrocher pour donner à la vie un instant de plaisir durable qui puisse laisser rêveur ? Marcher, circuler sur quoi ? Le long de quoi ? L’art appliqué se situe aux antipodes de la distraction.

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Il prolonge un comportement quotidien et vient comme le fonder. A ce titre les erreurs dont il est souvent semé prennent une gravité dont les responsables ne mesurent pas les conséquences — une sociologie de l'art catastrophique serait pleine d'intérêt.

Evidemment, l'art appliqué n’est pas sans grammaire, tous les langages ont leurs structures. Les matières (c'est la peau) restent une source de rêves. Un carrelage pour le Collège des Charmettes à Neuchâtel, les murs et le mobilier scolaire de l’Ecole de Binningen, voici deux exemples d'une tentative d'action sur le comportement. Soumettre à l’enfant des réalités tangibles, sérieuses sans prétendre être à sa portée par des décors de confiseurs dont l'intérêt est bien de disparaître dans l'estomac. Une sculpture sortie de l’atelier sans préoccupation autre que d’être une sculpture, c'est l'exemple du monument d’Aeschbacher à l'Exposition de Vidy. Meilleur exemple de cette veine: la fontaine du bâtiment scolaire de Hausen am Albis. Il n’y a pas assez de fontaines, la douceur de leur murmure agit comme une présence.

Il est possible même de pousser le thème

de la fontaine jusqu'à la folie baroque à la manière de Rechmann.

Etablir un contact entre la vie quotidienne et l'outil contemporain, c’est l'exemple d’une turbine dans un jardin. Une publicité récente présentait une Jaguar qui émergeait de roseaux sauvages et suggérait une passion de liberté. Ici l’opération est inversée. La liberté est un calcul, un équilibre. La peinture murale de Meystre surplombe un escalier, lieu de passage au moment de changer de niveau. Elle devient mobile, changeante.

Lohse depuis longtemps a basé sa peinture, son mélange des couleurs sur une arithmétique pour le moins simpliste et agaçante. Toutefois l'inspiration vient à force d'expérience et cette grande paroi qui se détache sur un paysage c'est la couleur humaine dans la couleur naturelle. La démonstration prend un caractère saisissant. Enfin, peut-on se prononcer sur un mur fait de larmes? Ou bien l'œuvre est parfaite, ou bien elle est épouvantable. Je ne sais pas. Il faudrait vivre plusieurs jours dans cette Chapelle des âmes du Purgatoire pour voir clair en soi.

Léon Prébandier

Fontaine dans l'immeuble «Palme», Zurich.

Brunnen des Gebäudes « Zur Palme », Zurich E. Rehmann, sculpteur.

Dallage dans un collège à Neuchâtel.

Plattenbelag in einer Schule in Neuchâtel André Siron, peintre.

Photo: A. Leoni.

Photo: J. Jeanneret.

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5 Fontaine dans un collège à Hausen am Albis.

Brunnen einer Schule in Hausen am Albis J. Wyss, sculpteur. E. Kuenzi, architecte.

Sculpture à l'Exposition Nationale 1964.

Skulptur an der Schweizer Nationalausstellung 1964 Hans Aeschbacher, sculpteur.

Photo: E. Dobrzanski.

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3 Mur dans une chapelle à Lucerne.

Wand einer Kapelle in Luzern G. Ulmi, sculpteur. A. Boyer, architecte.

Mur de 15 m. sur 3 m. Ebnat-Kappel.

Mauer, 15x3 m, Ebnat-Kappel Richard P. Lohse, peintre. T. Schmid, architecte.

Photo: C. Schildknecht.

Photo: Binden.

Relief dans une école à Binningen.

Relief in einer Schule in Binningen Benedict Remund, sculpteur. G. Kinzel, architecte.

Photo: Eidenbenz.

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Art et Industrie.

Kunst und Industrie R. Winkler, architecte.

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