Georges Cuts di Us Paris

Formes et Fonctions

La « Construction » massive de ces vingt dernières années, nous démontre une déformation complète de la notion du tandem « Forme —• Fonction ».

La prédominance de la spécialisation, c’est-à-dire voir les choses isolément, est introduite très profondément dans chaque cas d’architecture: l’habitation, l’école, l’hôpital, le bureau, le magasin, une rue, la place, un quartier, la ville ont leurs propres spécialistes qui travaillent séparément.

Ils sont incapables de donner un aspect global, une synthèse, une unité.

L’aspect technique de la fonction a perdu totalement son expression architectonique.

La recherche de « l’efficacité Constructive » ! nous a amené à une absurde réalité technologique contradictoire et incohérente.

Au nom de la soi disant « Industrialisation de la Construction », tout est permis.

L’architecte est dominé par les « Entreprises », par des critères uniquement quantitatifs : temps, prix et nombre.

L’invraisemblable réglementation en matière de construction, basée sur les éléments du passé, sur des notions périmées, affaiblit, aplatit chaque recherche, défend le conformisme et interdit l’ouverture vers l’avenir.

Nos villes sont parsemées d’immeubles d’habitation ou de bâtiments commerciaux, dont la forme est déterminée par le « Règlement d’urbanisme » !

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dont la structure est conçue par un « Entrepreneur efficace » ! dont les dispositions de pièces sont réglées par 1’« Expert du Promoteur Immobilier », ! dont les liaisons intérieures et extérieures sont imposées par les « Spécialistes de la circulation »! et ainsi de suite...

L’ambiance d’irresponsabilité déforme l’aspect fondamental de la fonction, qui, avant tout, doit exprimer la solidarité globale des valeurs et des données, établir leur hiérarchie, leur prédominance et leur signification.

C’est la condition indispensable pour exprimer enfin une forme.

Les formes d’aujourd’hui reflètent la confusion et l’incompréhension. Elles ne sont plus « modernes », mais « modernistes»; formes fermées, inspirées du passé, sans âme et sans consistance.

Les pilotis, les brise-soleil, les mursrideaux et autres recettes, choisis dans les nombreuses revues, magazines, ou catalogues des fabricants, habillent des structures timides, comme hier encore les colonnes, et les frises, les niches et les portails, habillaient les structures de pierre et de brique d’une époque révolue.

Pourtant, l’esprit de notre époque mérite d’avoir « notre forme » qui pourra témoigner du changement total de la position, de l’importance et de la responsabilité que prend l’architecture dans la Société qui vient:

Une forme nouvelle qui reflète les possibilités technologiques inouïes qui sont actuellement à notre disposition.

Une forme ouverte qui contient le germe du progrès et de la découverte.

Une forme urbaine intégrée dans la Société, à l’échelle de nos préoccupations actuelles: construire une maison, c’est construire une ville, et enfin, Une forme sensible au temps et à l’espace

qui exprime l’esprit de la mobilité et des changements qui nous dominent et qui a la qualité de s’effacer et de disparaître afin de laisser la place à une autre forme pour permettre l’admirable processus de l’ÉTERNELLE MÉTAMORPHOSE.

«Les formes s'*effaçaient et a'étaient plus qu'un rêve » Baudelaire

Egypte Les Pyramides et les Temples égyptiens sont les témoins d'une société située à un moment bien précis de l'histoire d'une civilisation, d'une conception particulière du monde, puisqu'ils visualisent l'importance des Dieux d'alors, par leur hors d'échelle humaine.

Grèce En Grèce, la philosophie de la vie est différente, en conséquence, l'architecture est différente.

Puisque l'exaltation de l'homme se substitue à celle des Dieux, l'architecture se fonde sur des modèles liés à l'échelle humaine.

L'Architecte ayant acquis une connaissance ultra-sensible de l'homme, conçoit un édifice dont l'ensemble, jusqu'au moindre détail, possède une signification humaine précise.

Rome Rome organise et conquiert. Le Centurion est un bâtisseur. Il commande un groupe d'hommes frustes et applique des formules normalisées.

Faute de temps, il schématise. C'est l'apogée de l'efficacité avant tout. Cette identification de l'Architecte et du Technicien qui exécute des ordres, est dangereuse, car, bien vite, la beauté et la sensibilité sont écrasées par des considérations purement matérielles.

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Moyen Age Jésus-Christ et Mahomet exaltent l’homme.

La construction romaine se spiritualise et devient architecture.

L’architecte de Sainte-Sophie de Constantinople recommence trois fois sa coupole.

Un architecte doit se tromper, sinon il ne trouve rien. Un Centurion, lui, n’a pas le droit de se tromper.

Au Moyen Age, l’homme se groupe en corporation, la profession des architectes se hiérarchise: l’apprenti commence par nettoyer l'atelier; de degré en degré il accroît et s'élève dans la hiérarchie pour finalement devenir un « bâtisseur complet »: le Baumeister. Il connaît le moyen, il possède l'Art. Il se confond avec le but.

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Renaissance A la Renaissance ; les corporations éclatent.

Un homme très jeune peut construire s’il est le confident des Rois, des Princes, des Evêques.

Versailles symbolise avant tout Louis XIV et sa signification se limite à l’expression d’une société bien particulière: La France du XVIIe siècle et rien d’autre.

Formes du passé: Pyramides d’Egypte, Tours de Babylone, Temples grecs, villes, routes, ponts, arènes, forums romains, cathédrales, mosquées, synagogues du Moyen Age, Palais de la Renaissance, sont la conséquence de la synthèse: « Fonction + Technologie », et expriment la société, la civilisation d’un moment de l’histoire de l’humanité.

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« L'architecture, chaque jour, tous les jours de ta vie, t'impose sa présence, son influence constante qui pourra te stimuler ou t'ajfliger en fonction de son dynamisme propre.

En ce sens ta responsabilité est grande. Nous vivons une période de construction intensive.

Nous sommes engagés. De même qu'au fil des siècles par les Pyramides, le Temple grec, les Cathédrales gothiques, la Renaissance, puis les premières œuvres « modernes », l'architecture a marqué le « style » des différentes civilisations qui se sont succédé, « notre architecture », devra témoigner de notre époque, de nos élans, de nos enthousiasmes, de nos joies et de nos tragédies, de nos espoirs enfin. »

Extrait du journal d'enfants « Pilote », connu pour ses comiques Astérix le Gaulois et Obélix.

Les jeunes d’aujourd’hui participent, plus que jamais à la formation d’une nouvelle conscience de la vie, dans l’ambiance extraordinaire de notre époque.

Epoque des plus grandes mutations: Ere atomique, vols spatiaux, cosmonautes, Avions supersoniques, l’incroyable introduction (on accepte ou on refuse) de la télévision dans la vie des hommes, et autres moyens de télécommunications.

La croissance accélérée de l’intensité de la vie devient une évidence, nous avons besoin de plus en plus de logements, d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, de terrains de sports, de lieux de vacances, d’autoroutes, d’aéroports, d’usines, de km2, de Kw/h, c’est-à-dire, d’espace et d’énergie.

Et en même temps, tout change, tout est fluide, tout est remis en question. Ce qui était encore valable hier est périmé, rejeté, remplacé.

La durabilité des valeurs, des objets, des conceptions, diminue également d’une façon accélérée.

Nous vivons une grande époque de bouleversements qui provoquent: l’action et la réaction, l’espoir et le désespoir.

Jusqu’à présent le bilan est négatif: confusion, malentendus, myopie, attachement au passé, et surtout manque de compréhension de l’avenir.

Notre habitat (produit des 20 dernières années), est bête, périmé, dégradant.

Nos villes sont envahies, détruites par l’automobile.

Nos écoles sont des casernes (modernistes) et l’enseignement se tourne vers le passé et non vers l’avenir.

Hélas encore, l’homme est dominé par l’homme, le racisme et le chauvinisme empoisonnent leurs relations.

La guerre, la destruction, l’atomisation totale menace l’humanité en créant un climat d’angoisse permanent.

Les yéyés, les beatniks et les provos, sont les cris d’alarme de la jeunesse envers l'avenir, pour la vie, pour la position de l’homme dans la société qui vient.

L’Homme et la vie « L'architecture c'est l'homme vivant dans un espace organisé, l'homme avec ses joies, ses peines, son travail quotidien, son repas familial, son repos, ses loisirs et la verdure, l'air et le soleil. » Pilote - Journal d’enfants.

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Proposition pour une université Architectes : Georges Candilis, Alexis Josic, Shadrach Woods Collaborateurs : Werner Schillinguer, Nora Apergi

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Nota: Proposition pour le concours de Zurich, non retenue.

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Vuniversité n'est pas un monument, ni une grande école. L'université, avant tout, est un lieu d'échange d'idées, des recherches et de la formation.

En Grèce, près d'une rivière, sous l'ombrage des arbres, quelqu'un a commencé à parler. Des passants se sont arrêtés pour l'écouter. Par la suite, il y eut des contradicteurs, des critiques, les auditeurs pouvaient choisir et se faire leur opinion personnelle. Ainsi est née l'université, l'Académie de Platon.

La même origine se trouve au Moyen Age dans les églises, les mosquées, les synagogues. Des religieux parlaient de Pâme, du corps et d'autres sujets. Des pays lointains, des gens venaient écouter, apprendre et parler à leur tour. Les églises, vite, sont devenues trop petites. Le lieu d'enseignement s'est répendu dans la rue et dans te quartier avoisinant: c’est là que l'on vivait, on y parlait le même tangage, le tangage de la compréhension, des disciplines diverses. On y parlait le latin. L'université est devenue Le Quartier Latin, et plus tard quelquefois des villes entières: Sorbonne — Quartier Latin — Boulevard Saint-Michel — Cambridge — Oxford ■—Heidelberg, les vieux complexes des mosquées, les vieux complexes des synagogues.

L'université est un lieu sans fin ni commencement où les conditions sont favorables pour apprendre, pour enseigner, pour chercher.

L’université de Pavie, une des plus anciennes et des plus renommées d’Europe (14e siècle), est une intégration totale dans la ville. Sa forme spécifique exprime sa fonction.

Die Universität von Pavia, eine der ältesten und berühmtesten Europas (14. Jahrhundert), bildet eine vollständige Eingliederung in die Stadt.

Seine Form entspricht seiner Funktion.

The University of Pavia, one of the oldest and best known in Europe, (14th Century) is completely integrated into the town. Its specific form expresses its function.

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Proposition pour une université

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Architectes: Georges Candilis, Alexis Josic, Shadrach Woods Collaborateurs : Werner Schillinguer, Nora Apergi\

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Noia: Proposition pour le concours de Zuric/FBr non retenue.

L’université n'est pas cui grande école. V università âd&ft tôTit, est un lieu d'échange (t> idéCs, desfierdfcrches et ch la formation \ °„o / formation.

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Plan de base

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La coupe est plus importante que la façade.

La façade est la forme qui sépare P université de son milieu. La coupe démontre l'esprit et la fonction universitaire.

Le sol influence la forme. La prise de possession du sol est une action architecturale.

La technologie choisie doit être la conséquence de la conception générale et non le contraire.

Les « étages » deviennent « plateformes » qui permettent l’association des différents éléments composants.

L’université est un quartier de la ville et non pas un monument.

La recherche et l’enseignement, association et solidarité des deux.

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Der Abschnitt ist wichtiger als die Fassade. Die Fassade ist die Form, die die Universität von ihrer Umwelt trennt. Der Schnitt zeigt den Geist und die akademische Funktion.

Der Boden beeinflußt die From. Die Inbesitznahme des Bodens ist eine architektonische Handlung.

Die gewählte Technologie muß die Folge der allgemeinen Konzeption und nicht das Gegenteilsein.

Die « Stockwerke » werden zu « Terrassendächern », die die Verbindung der verschiedenen Teilelemente ermöglichen.

Die Universität ist ein Stadtviertel und keine bauliche Sehenswürdigkeit.

Forschung und Unterricht, Vereinigung und Solidarität beider.

The section is more important than the façade.

The façade is the form which separates the university from its surroundings. The section shows the spirit and the function of the university.

The earth influences the form. Occupying the ground is an architectural action.

The technology chosen must be the consequence of the general conception and not the contrary.

The «floors » become «platforms » which permit the blending of the different elements which make up the whole.

The University is a section of the town and not a monument.

Research and teaching, the association and solidarity of both.

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LEHR.BER.EICH

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