Architecture et humanisme Architektur und Humanismus Architecture and Humanism Arquitectura y humanismo

Architecture et Humanisme

La préoccupation d’une architecture humaniste n’est pas nouvelle. Depuis quelque temps, la question est débattue à profusion. Mais, croyons-nous, il ne s’agit pas, partant d’une analyse sommaire, d’abonder en conseils, suggestions, hypothèses et projets; ce qui est caractéristique d’une attitude faussement humaniste. La question est fondamentale! Dès lors, il ne s’agit plus de se complaire au stade de la simple préoccupation, il s’agit au contraire de commencer à aborder le problème d’une manière objective, rationnelle et scientifique. C’est ce qui nous a déterminés à présenter ce débat, l’urgence et la nécessité d’une prise de conscience radicale des données véritables de la problématique d’une architecture humaniste ou d’un humanisme architectural. (*) D’une part, l’humanisme à l’heure actuelle n’est qu’une notion vide, désincarnée, et, d’autre part, l’architecture est en crise de maturité. Il importe de réaliser une architecture pour l’homme, telle est la question. Complexe, obscure, elle demande tout d’abord à être posée clairement. C’est pourquoi, nous avons réuni, outre les avis et études d’éminents architectes, ceux de représentants de disciplines intéressées au problème.

L’attitude première est nécessairement rétrospective. En faisant l’inventaire de l’œuvre passée, échecs et succès, l’on peut tirer des données certaines — parce que vérifiées — de la question. C’est pourquoi notre débat s’ouvre sur les analyses de Ph. Boudon sur l’expérience de Le Corbusier à Pessac, et de Lucio Costa sur l’urbanisme de Brasilia. C’est pourquoi également, un aperçu global (avec tout le répertoire des facteurs entrant en jeu) était nécessaire, aperçu que nous offrent les articles de R. J.

Neutra (avec ses fameuses théories), d’Alexandre Persitz (ancien rédacteur en chef de la revue « Architecture d’Aujourd’hui »), et de Chvidkovski (Dir. de l’Institut d’histoire des Arts près le Ministère de la Culture de l’URSS). Ce qui permet de déceler les problèmes essentiels: une architecture humaniste, par qui ? Giovanni Klaus Koenig (architecte, professeur aux Universités de Venise et de Florence, ancien élève de Michelucci) s’est penché sur l’enseignement et la formation humaniste de l’architecte. Une architecture pour qui, c’est à dire, quel est cet homme pour lequel un nouvel humanisme est à promouvoir? Question axiale, évidemment, au centre du débat, éclairée par les articles de l’abbé Dom Angélico Surchamp (de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire), de l’architecte japonais Kunio Mayekawa, et de Sofu Teshigahara (maître d’arrangement de fleurs, sculpteur et peintre).

Poussant encore plus loin l’analyse générale, le Dr. P. C. Racamier (psychiatre et psychanalyste français) étudie le psychisme de cet homme-pour-qui-l’on-construit, de cet objet-sujet de la création architecturale, et le professeur Henri Lefebvre, sociologue réputé, formule les lois d’une nouvelle méthodologie de la recherche en matière d’architecture.

Si, au terme de ce débat, nous présentons le projet d’Unité Sociale de Jean Bossu, c’est qu’il nous paraît — quoique discutable, certes — illustrer les quelques principes fondamentaux dégagés au long de cette analyse.

(*) Signalons, entre autres, l’article de IoneI Schein paru dans Architecture, Formes et Fonctions n° 12. page 49 Le thème d’une architecture humaniste était à l'ordre du jour cette année du IXe Congrès de l’UIA. A signaler aussi, à ce sujet, l'exellent rapport de Jiri Novotny («L'architecture et le milieu humain ») paru dans les différentes publications de l’UIA.

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