Pays-Bas

Maison d'étudiants.

Amsterdam H. Hertzberger, architecte Comme dans beaucoup de pays, la situation des jeunes architectes en Hollande n’est pas facile. L’échelle des réalisations grandit constamment, on construit environ 120 000 logements par an, les villas sont rares en raison du manque d’espace, les concours sont encore plus rares. C’est à dire que pour un jeune architecte qui doit faire ses premières armes il est difficile d’obtenir des commandes. S’il en obtient, ce sont généralement des bâtiments spéciaux, par lesquels il essaie d’exprimer, à l'échelle du laboratoire, les idées qu’il a sur l’architecture en général et le rôle qu'il lui voudrait faire jouer dans notre communauté.

Mais justement parce que ces modestes réalisations sont chargées d’un message souvent plus large, il est particulièrement intéressant de les examiner avec attention pour tâcher d’y lire le futur.

J’ai choisi deux œuvres qui me paraissent représenter deux tendances importantes du moment. Il s’agit de la maison d’étudiants à Amsterdam de H. Hertzberger et de la cantine pour le personnel de l’Ecole polytechnique à Enschede de J. van Stigt.

Hertzberger place l’interdépendance des choses et des êtres au centre de ses préoccupations. Il tente d’établir un dialogue entre l’individu et son environnement, entre l'être et la forme.

Constatant cependant que l’architecte conçoit pour une quantité d’êtres inconnus et changeants, il s’est posé lui aussi le problème de la flexibilité. II rejette la solution au problème de la flexibilité qui consiste à faire usage de formes neuves susceptibles de s’adapter à des fonctions changeantes car, dit-il, ces formes ne se rapportent que très grossièrement à l'individu.

Il s’explique lui même en disant: «Il faut créer la possibilité d’une interprétation personnelle en faisant les choses de telle manière qu’elles soient vraiment sujettes à l’interprétation. » « Ainsi l’usager et la forme se mettent à s’interpréter mutuellement, leurs identités sont renforcées l’une par l’autre, les deux deviennent davantage eux-mêmes ».

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1. Vue générale 2. Vue aérienne, accès aux appartements pour étudiants mariés.

3.-4. Restaurant universitaire

Photos Van Der Keuken, K. Wessing

Cette démarche d’esprit amène Hertzberger à chercher des formes expressives et particulières non seulement pour chaque fonction mais aussi pour chaque situation.

Toutes choses sont interdépendantes.(voir Forum juillet 1967). En manière de démonstration il a incorporé dans son unité pour étudiants une rue placée au niveau des toits des vieilles maisons environnantes. Cette rue donne accès aux studios pour étudiants mariés, elle est conçue comme un prolongement commun aux logements, c’est plus qu’une galerie d’accès, c’est un lieu de séjour à l'extérieur, un point de rencontre, une rue dans laquelle les enfants peuvent jouer hors des dangers de la circulation. Au delà du problème particulier résolu de cette manière, l’architecte a voulu montrer ce que pouvaient être nos immeubles et nos villes si on y appliquait des solutions comparables.

Au rez-de-chaussée l’immeuble se situent des fonctions générales, comme restaurant universitaire, libraire, etc. C’est dans ces espaces que l’attitude de l’architecte se démontre le plus clairement. Il s’agit de formes personnelles dans lesquelles on sent l’architecte en contact direct avec la matière comme s’il avait construit de ses propres mains.

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