Beaux-Arts de Paris Maison de Parchitecture, germe de ville Thierri Gruber, Michel Macary et Philippe Molle, architectes anciens élèves de l’atelier Candilis, Josic, Swetchine, E.N.S.B.A. Paris.
Avec la collaboration de J. Casanova décorateur, F. Chapuis peintre, P. HenryBiabaud ingénieur E.T.P., F. Lepine ancien élève de l’E.N.A., H. Leroux ancien élève de l’école polytechnique et H. Tonka sociologue.
I. Introduction
II. Exposé du projet
Cette étude a été présentée comme le diplôme commun de trois étudiants de l’Atelier Candilis-Josic à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts.
L’équipe des trois élèves architectes a été élargie dès le début de la recherche par la collaboration d’étudiants d’autres disciplines: J. Casanova, ancien élève de l’Ecole des Arts décoratifs, F. Chapuis, peintre, P. Henri-Biabaud, élève de l’Ecole des Travaux publics, F. Lepine, ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, H. Leroux, ancien élève de l’Ecole polytechnique, H. Tonka, étudiant en sociologie, J. Swetchine, ingénieur E.T.P., qui ont formé ainsi une équipe pluridisciplinaire qui, malgré son hétérogénéité et son caractère bénévole, a permis une expérience de travail fructueuse.
A.
Les motivations
Nous avons pris comme hypothèse de travail la nécessité prévisible du phénomène d’urbanisation. Nous avons cherché à savoir quels seraient les responsables et techniciens qui auraient la charge de doubler le patrimoine bâti du pays d’ici vingt ans et quelles méthodes il était possible d’employer.
Nous nous sommes placés dans un cas concret, illustrant l’ampleur et l’échelle des nouveaux programmes à affronter. Il s’agit de la Ville Nouvelle d’Evry, qui s’insère dans le contexte de l’Aménagement de la Région parisienne prévu par le Schéma Directeur. Ce nouveau centre urbain devant restructurer une zone d’habitat anarchique actuellement de 100 000 habitants et appelée à accueillir 500 000 en 1985.
Nous avons pensé qu’une telle responsabilité ne pouvait incomber à tel technicien ou à tel homme politique mais que les
futures « villes » seraient une création collective de toute notre société et, pour chacune d’entre elles, la création commune des techniciens et des habitants.
Si l'habitant ne réussissait pas à s'approprier psychologiquement son cadre de vie, individuel et collectif—son logement et sa ville—, le fondement même de la fonction architecturale ne serait pas assumé. La meilleure façon de « l’intéresser » est de lui fournir la possibilité de participer à l’élaboration de « sa ville ».
La recherche des structures de participation, des différents niveaux auxquels elle est possible et souhaitable et des lieux où elle peut se concrétiser, nous a amenés au programme d’une Maison de l'Architecture », « germe de ville ».
Celle-ci permettrait à tous les responsables de l’aménagement urbain d’un site choisi de se regrouper sur place et d’autre part au public puis aux habitants, au fur et à mesure de leur arrivée, de s’informer et de participer — directement ou indirectement par représentants élus — à l’élaboration de la ville avec le concours des techniciens.
Cet édifice, qui de « baraque de chantier » deviendrait un des équipements de la ville, serait un des noyaux de développement et de rayonnement du centre urbain.
L’implantation d’un tel Organisme et la concentration des techniciens et équipements, permettraient de regrouper un certain nombre de missions éparpillées à l’heure actuelle ou non assumées et de donner au processus architectural une meilleure cohérence. Celles-ci seraient:
La promotion de l’architecture C’est une mission sans laquelle la participation n’est que pure démagogie et plus vraisemblablement un frein qu’un élément moteur de création urbaine.
Il s’agit: 1. D’informer le public sur le fait architectural et sur son influence dans le comportement de chacun (l’architecture conditionne la vie quotidienne).
2. De former des usagers au langage architectural pour qu’ils puissent participer au dialogue avec les créateurs et qu’ils puissent également devenir des « relais » auprès des habitants.
La recherche Ou plutôt les recherches. Elles sont indispensables, compte tenu de l’ampleur des problèmes: construire une ville est, qu’on le veuille ou non, « cristalliser » une certaine éthique.
Ces équipes de recherche seraient également un élément de dynamisme, de remise en cause, de cohérence, et fourniraient la possibilité de recyclage pour tous les membres.
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La programmation Phase de transition entre la planification et l’architecture qui conditionne déjà celle-ci et qui implique qu’architecte et représentant des usagers y participent également. (L’architecture commence au programme.)
La création architecturale C’est la création du cadre bâti de l’homme, aux différentes échelles nécessaires, de l’urbanisme à la décoration.
Elle sera prise en charge par des équipes pluridisciplinaires opérationnelles. Chaque membre sera lié, non pas essentiellement à sa fonction, mais à l’œuvre dont l’équipe a la charge.
La création collective ne doit pas être la moyenne des créations individuelles, mais leur multiplication en quelque sorte. C’est l’Équipe qui est architecte.
L’assistance architecturale Comparable à l’assistance médicale ou judiciaire, permettrait à chacun de recevoir aide et conseils des techniciens et permettrait également à ceux-ci de contrôler l’ensemble des développements urbains.
Les contrôles Les équipements matériels et intellectuels permettraient de faire passer du stade de sanction arbitraire sur des critères subjectifs à un dialogue sur des critères objectifs, rendu possible par certains outils de travail (maquettoscope, urbiscope, etc.).
En outre le contact avec les équipes de création serait le meilleur garant du recyclage permanent des détenteurs des contrôles.
L’enseignement de l’architecture Du travail pluridisciplinaire découle le principe d’un enseignement pluridisciplinaire au niveau des étudiants ainsi qu’à celui des enseignants.
Nous prévoyons donc une école d’architecture de taille limitée qui serait greffée sur la Maison de l’Architecture et qui bénéficierait en plus des équipements, de la possibilité de participation à la création de la ville, soit par des stages en agence et sur chantier, soit par la prise en charge et l’animation de certains équipements socioculturels.
On pourrait imaginer que cette école se transforme rapidement en Faculté de l’Aménagement où l’on étudierait la science de l’Environnement, et soit intégrée à l’Université suivant le principe des universités polynucléaires à vocations différenciées.
B. Le programme De toutes ces missions nous avons déduit un programme de construction.
1. L’Agence Lieu de travail de tous les responsables de l’Aménagement urbain, décidé au niveau de l’Aménagement du territoire (fonction266
naires administratifs, représentants d’organismes ou collectivités publiques concernés, ainsi que les différents techniciens dont les architectes) avec les équipements habituels ou plus nouveaux (télex, laboratoires optiques, ateliers d’expérimentation).
2. Le plateau d’essais Grand volume ouvert avec des prolongements extérieurs pour: — construction de prototypes — études à grande échelle — expérimentations Il serait utilisé par les professionnels de l’agence, par les étudiants et visible par le public pour lequel, à sa périphérie, serait installé un musée permanent des matériaux et un centre de documentation où les visiteurs trouveraient des conseillers techniques et architecturaux à leur disposition.
3. L’Ecole d’Architecture (environ 200 élèves) Se décompose en ateliers polyvalents et équipements communs. La bibliothèque, les salles de cours et de réunions seraient communs à l’Agence et à l’Ecole. Elles pourraient être à certains moments ouvertes au public et aux habitants.
En dehors des cours magistraux, chaque équipe de travail se composerait d’une quinzaine d’élèves guidés par des assistants.
Nous n’avons pas voulu dans notre étude proposer une solution nouvelle d’enseignement de l’Architecture, ce travail dépassant notre compétence — mais nous avons recherché une solution architecturale qui, partant de l’état actuel, permette une évolution suivant des grandes directions que nous avons voulues conformes à nos options de base.
4. Equipements polyvalents a) Restaurants, drugstore, commerces, équipement d’accueil pour le public, services pour les professionnels et les étudiants.
b) Centre d’accueil hôtel pour stagiaires, professeurs, étrangers, conférenciers, membres de commissions, etc.
c) Ateliers polyvalents programmés comme étant les premiers éléments d’une maison de jeunes et de la culture.
d) Salle polyvalente son programme se décompose en salles d’expositions permanentes salle polyvalente de 800 places servant à la fois — aux spectacles (théâtre, cinéma) — aux conférences — aux réunions -— aux grandes expositions.
Ces équipements polyvalents seraient pris en charge par la municipalité, une fois la ville construite, et deviendraient des équipements urbains, quitte à être transformés ou reconvertis.
C. L’urbanisme 1. L’implantation Choix de l’hypothèse du travail: la ville nouvelle d’Evry prévue par le Schéma Directeur d’aménagement de la région Parisienne.
Implantation au cœur du centre urbain: premier équipement collectif de la ville; les techniciens: premiers usagers de la ville, pôle de développement du centre.
A la lisière du parc urbain et de la zone de grande activité, emplacement conforme à la vocation culturelle de la Maison de l’Architecture.
Au carrefour de circulations urbaines principales.
De façon que la Maison de l’Architecture soit « dans la rue », que les habitants prennent peu à peu l’habitude d’y passer et d’y voir ce que l’on fait.
Nous avons mis en évidence dans un schéma la multiplicité des expositions de natures différentes qui sont proposées au public, signifiant l’importance de la sensibilisation du public au fait architectural.
Le choix de l’implantation au centre de la zone à urbaniser implique la mise en place préalable des infrastructures valables au niveau général de la ville, de façon que le bâtiment s’intégre naturellement au tissu urbain et ne soit pas un monument hétérogène dans l’ensemble du centre urbain et rapidement anachronique.
2. Les infrastructures Galeries urbaines collectives reliées à des centrales thermiques, frigorifiques et électriques, etc., et à des stations d'épuration.
Réseau routier.
Dissociation des voitures particulières, stockées dans des parkings périphériques, et des voitures de services, seules, admises dans le réseau interne du centre.
Circulation mécaniques collectives: — tapis roulants traversant le centre de parking à parking, — réseau express régional dans le sens longitudinal, — tapis roulant à grande vitesse longitudinalement.
Le maillage de 400 mètres qui contient le réseau primaire d’infrastructures, a été défini de façon qu’une personne n’ait pas à faire plus de 5 minutes de marche à pied pour trouver un moyen de transport en commun.
D. Les solutions architecturales et technologiques 1. Structure de densification.
Principe de tours à noyau central sur une trame de 60 mètres de côté.
Possibilité: — de les relier par des immeubles-bandes, — de couvrir l’espace interstitiel par des structures légères prenant appui sur les noyaux, — de construire des passerelles entre elles à différents niveaux,
- de réunir quatre noyaux qui deviendraient éléments porteurs, d’un gratteciel (200 m. environ).
La première tour, servant de démonstration, serait utilisée en hôtel, pouvant ultérieurement être reconvertie en bureaux.
2. Les dalles de la ville.
Elles recouvriraient au début seulement les voies de circulation et relieraient, dans les grands axes de développement de la ville, les différents bâtiments.
3. Les « structures-parapluies ».
Structures tridimensionnelles portées par les noyaux des tours.
L’une serait utilisée en salle polyvalente et en passage public couvert.
La polyvalence de cette salle était nécessaire pour permettre les activités des différentes catégories d’utilisateurs: les professionnels et les étudiants, - réunions, - conférences, - projections, films, le public, - réunions, spectacles: cinéma, théâtre, danse, etc.
- sports, activités comparables à celles d’une - Maison de Jeunes et de la Culture.
Elle était imposée également par l’impossibilité de savoir comment cet équipement
serait utilisé, une fois géré par une municipalité.
La polyvalence de cette salle repose sur deux principes: mobilité du sol - système de gradins mobiles actionnés par vérins, mobilité du cloisonnement - grille en plafond permettant coulissage des éléments standardisés de cloisons.
De plus la salle proprement dite est en quelque sorte une trémie dans les dalles de la ville qui la cernent, permettant ainsi de l’intégrer facilement aux circulations quotidiennement fréquentées par les habitants.
L’autre structure abriterait le plateau d’essais.
4. Les éléments provisoires.
Ils contiendraient les parties du programme dont il n’est pas possible de quantifier les besoins et qui sont appelés à disparaître une fois la ville achevée : l’Agence et l’Ecole (qui soit se fondrait dans l’université, soit suivrait les professionnels sur un autre site).
Ils ont été prévus démontables en éléments industrialisés répétitifs dont la taille a été définie en fonction des besoins d’une équipe pluridisciplinaire.
Les plans présentés ne sont qu’une solution entre autres des possibilités d’assemblage et de superposition.
Structure métallique. Eléments de fermeture — skydome et panneaux de façade —• en polyester. Un panneau de façade a été étudié en box-bureau.
5. Les éléments mobiles: - boutiques — publicité.
Des commerces et des équipements légers, avec leurs dépôts au niveau du sol, meubleraient et rentabiliseraient les salles.
Les liaisons de fonctionnement (agencesplateau d’essais, école-plateau d’essais, ateliers-bibliothèque, etc.) ont conditionné l’emplacement des éléments.
Les liaisons organiques, continuités spatiales d’animation, partant de l’Université et passant par l’Ecole, la Salle Polyvalente le drugstore et l’Agence ont donné l’ossature interne de l’ensemble.
E. Réflexions méthodologiques 1. Volonté de faire l’ensemble de la démarche architecturale: programme, urbanisme, architecture proprement dite et études de construction des éléments constitutifs.
Essai de cohérence dans les traductions successives des options de départ. Par exemple : Option: participation des usagers.
Traduction dans le programme: définir les lieux de participation (salle polyvalente, salles de colloque, centre de documentation); service de promotion de l’architecture.
Traduction dans l’urbanisme: pénétration des circulations urbaines à travers la Maison de l’Architecture.
Implantation aux carrefours de grandes circulations publiques.
Equipements de la Maison de l'Architecture ouverts au public.
Possibilités d’implantation de nouveaux équipements non prévus au début permettant aux commissions d’usagers de programmer au fur et à mesure des besoins.
Traduction dans l’aménagement des volumes: éléments prévus démontables et juxtaposables suivant les besoins.
Interpénétration des volumes privatifs et publics.
Maximum de locaux accessibles soit directement par le public, soit visuellement (exemples: salle polyvalente, plateau d'essais, patios de l’agence).
2. Compte tenu de la nature évolutive d’un programme en perpétuel changement, il était à la fois impossible et dangereux de prévoir un programme de construction définitif et figé et une architecture-objet (un monument). Nous n’avons donné qu’un « flash » de l’évolution continue d’un tel Organisme. C’est pourquoi nous nous sommes plus attachés à présenter le processus de création que la solution achevée.
Photos: Philippe Martin-Mayeur.
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