Berto Lardera
Voici, indépendamment de l’ordre proposé, quelques idées hâtives d’un sculpteur à propos de votre questionnaire, auquel auront certainement déjà répondu d’illustres architectes, critiques et historiens de l’art. Ces quelques idées sont en rapport étroit avec mes expériences de travail, surtout d’après les vingt-cinq grandes sculptures qui se trouvent un peu partout dans des ensembles architecturaux.
Dans l’évolution de l’architecture depuis le début du siècle, un problème me paraît essentiel: celui de la recherche des valeurs de structure, que le goût de la décoration et surtout des superpositions décoratives avait fini par faire oublier.
Une grande rigueur paraissait s’imposer.
Les architectes les plus marquants ont donc essayé de retrouver certaines valeurs fondamentales de structure et d’espace en exploitant de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques de la construction. On redécouvrait le sens profond de l’architecture en tant que rapport d’espaces intérieurs et extérieurs.
Par conséquent, si l’on se délivrait des superpositions décoratives, on devait en même temps éliminer tout ce qui, dans le cadre architectural, ne correspondait pas strictement aux valeurs fonctionnelles et structurales. La pensée d’un rapport direct entre l’architecture et d’autres expressions plastiques - la sculpture et la peinture - n’entrait pas en ligne de compte.
En fait, les architectures les plus valables, depuis le début du siècle, ne pouvaient proposer aucun rapport avec des formes autres que celles dictées rigoureusement par la fonction. Et pourtant, le Bauhaus avait mis en présence, autour de Gropius et de Mies Van der Rohe ensuite, quelques-uns des architectes et des peintres les plus importants de l’époque: rencontres et échanges d’idées qui, dans l’immédiat, n’ont abouti à aucune œuvre d’ensemble mais qui, par la suite, dans le temps, devaient acquérir toute leur importance. Pourtant, l’évolution de la peinture du cubisme au néoplasticisme, de Mondrian surtout-avait eu une influence considérable sur certains des créateurs de l’architecture moderne.
Il ne paraît pas nécessaire de citer une fois de plus les noms des architectes qui ont marqué l’architecture contemporaine : ils sont trop connus désormais et, leur influence, nous la voyons un peu partout.
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In bezug auf Ihren Fragebogen, auf welchen sicherlich schon bekannte Architekten, Kritiker und Kunsthistoriker geantwortet haben, erhalten Sie, unabhängig von der vorgeschlagenen Reihenfolge, einige flüchtig aufgezeichnete Ideen eines Bildhauers. Diese Gedanken stehen in enger Beziehung mit meinen Arbeitserfahrungen, vor allem nach den fünfundzwanzig grossen Skulpturen, die sich verstreut in Architekturkomplexen befinden.
Bei der Entwicklung der Architektur seit der Jahrhundertwende scheint mir ein Problem grundlegend zu sein : die Suche nach Strukturwerten, die der Hang zu Verzierungen und vor allem zu dekorativen Überhäufungen schliesslich vergessen liess. Unerbittliche Strenge schien erforderlich. Die hervorragendsten Architekten haben deshalb versucht, gewisse fundamentale Struktur- und Raumwerte wiederzufinden, indem sie neue Konstruktionsmaterialien und Techniken anwandten. Der tiefe Sinn der Architektur als Innen- und Aussenraumbeziehung wurde wiederentdeckt. Wenn man sich folglich von allen Verzierungsüberhäufungen befreite, musste man auch gleichzeitig alles weglassen, was im architektonischen Rahmen nicht ausschliesslich den funktionellen und strukturellen Werten entsprach. Der Gedanke einer direkten Beziehung zwischen der Architektur und anderen plastischen Ausdrucksformen - Bildhauerei und Malerei - wurde nicht erwogen.
In der Tat konnten die besten Bauwerke seit dem Beginn des Jahrhunderts keine Beziehungen zu anderen Formen bieten als die von der Funktion vorgeschriebenen. Und dennoch hatte das Bauhaus zuerst mit Gropius und dann mit Mies van der Rohe - einige der bedeutendsten damaligen Architekten und Maler ver-
Here, in disregard of the proposed order, several hasty ideas from a sculptor concerning your questionnaire, to which, no doubt, illustrious architects, art critics and historians will already have replied.
These several ideas are very closely linked with my working experience, especially after having completed twenty-five large sculptures which are to be found in widely dispersed architectural groups.
In the evolution of architecture since the beginning of the century one aspect seems to me essential and that is the search for structural values which the taste for decoration, and above all of superimposed decoration, had obliterated. A great severity seems to be imposing itself. The most influential architects have therefore tried to rediscover some of the fundamental values of structure and of space in exploiting new materials and new building techniques. One should seek the profound sense of architecture in its role of link between inner and outer spaces. In consequence, if one got rid of the superimposed decorations one must at the same time eliminate all that which in the architectural cadre, does not strictly correspond to the functional and structural values. The thought of a direct link between architecture and the other plastic expressions—sculpture and painting— does not come into question.
In fact, since the beginning of the century, the most worthwhile architects could not propose any connection with forms other than those dictated strictly by the function. Nevertheless the Bauhaus brought to the forefront, round Gropius and afterwards Mies van der Rohe, some of the most important architects and painters of the time: there were meetings and exchanges of ideas which at
Berto Lardera Sculpture en fer, Hauteur 2 m. A Varrière-plan, architecture de Mies Van der Rohe. Collection du Musée Haus-Lange, Krefeld.
2 m hohe Eisenskulptur. Im Hintergrund Architektur von Mies van der Rohe.
Iron sculpture. Height 2 m. In the background architecture by Mies van der Rohe.
Berto Lardera
Ils ont su tirer le plus grand parti des techniques modernes de constructions et les nouvelles villes ou les nouveaux quartiers de villes, même historiques, qui surgissent en des continents différents, reflètent non seulement une certaine uniformité de technique constructive mais aussi une certaine uniformité de vision architecturale qui est due à la lutte passionnée de ces quelques pionniers que nous connaissons tous.
La technique a donc fait des progrès extraordinairement rapides. Et pourtant, quand je revois la petite maison de Le Corbusier à Vevey, ou la Haus Lange bâtie par Mies Van der Rohe à Krefeld, en 1928, j’ai l’impression que leur construction a été achevée hier et qu’aucune amélioration technique ne serait pensable aujourd’hui à leur propos. Certes, la villa Savoie à Poissy, l’Institut de technologie ou le gratte-ciel sur le lac à Chicago représentent une évolution importante.
Mais, au fond, la grande force de Mies Van der Rohe consista bien dans l’utilisation stricte de la technique constructive en rapport rigoureux avec la fonction en toute humilité, sans détours et sans complaisance.
La distinction entre bâtiment et architecture ne serait pas aussi grave si les auteurs des bâtiments acceptaient leurs limites avec cette humilité. En tout cas, les bâtiments, qui sont le cadre de la vie quotidienne, devraient bien être exécutés en exploitant toutes les ressources techniques de l’époque en rapport avec les besoins fondamentaux des hommes qui doivent les habiter.
Certes, dans un cadre aussi strict, où les bâtiments seraient construits dans un sens rigoureusement fonctionnel, des événements devraient surgir, qui donneraient un accent particulier aux villes nouvelles et à leur différents quartiers.
Ces événements - sculptures, «sculptures habitables», «architectures», constituant des lieux de rencontre, de culture, de représentation, dans le sens le plus vaste, public et social - répondraient aujourd'hui, dans un cadre actuel, au rôle joué autrefois par les palais, les grandes places, ce que nous appelons en général les ensembles monumentaux et historiques.
La distinction entre bâtiment et «architectures» est certes bien précise. Je l’ai senti moi-même en plaçant définitivement l’une de mes sculptures devant la 110
sammelt: Treffen und Ideenaustausche, die zu keinem sofortigen Gemeinschaftswerk geführt haben, die aber später ihre ganze Bedeutung gewinnen sollten. Dennoch hatte die Entwicklung der Malerei vom Kubismus zum Neoplastizismus, vor allem Mondrian - einen beträchtlichen Einfluss auf gewisse Schöpfer der modernen Architektur ausgeübt.
Ich denke, dass es nicht nötig ist, nochmals die Namen der Architekten anzuführen, die die moderne Architektur gekennzeichnet haben : sie sind zu bekannt, und ihr Einfluss ist an vielen Orten zu finden. Es gelang ihnen, die modernen Bautechniken weitgehend zu nutzen, und die neuen Städte oder Stadtviertel, selbst historische, die auf den verschiedenen Kontinenten aus dem Boden wachsen, spiegeln nicht nur eine gewisse Gleichförmigkeit in der Bautechnik wider, sondern auch eine gewisse Gleichförmigkeit in der architektonischen Anschauung, deren Ursache der leidenschaftliche Kampf jener Pioniere, die wir alle kennen, ist.
Die Technik hat ungeheure Fortschritte gemacht. Wenn ich mir jedoch nochmals das kleine Haus Le Corbusiers in Vevey oder das «Haus Lange», das Mies van der Rohe 1928 in Krefeld erbaut hat, ansehe, habe ich den Eindruck, dass ihr Bau gestern erst vollendet worden ist, und keine technische Verbesserung wäre heute dazu denkbar. Gewiss, die Villa Savoie in Poissy, das Institut für Technologie oder der Chicagoer Wolkenkratzer über dem See vergegenwärtigen eine bedeutende Entwicklung. Im Grunde genommen bestand die grosse Stärke Mies van der Rohes aber in der strikten Anwendung der Bautechnik in strengem Bezug auf die Funktion - in aller Bescheidenheit, ohne Umschweife und ohne Gefälligkeit.
Die Unterscheidung zwischen Bauwesen und Architektur wäre nicht so ernst, wenn die Autoren der Gebäude ihre Grenzen mit jener Bescheidenheit anerkennen würden. Auf jeden Fall sollten die Häuser, die den Rahmen des täglichen Lebens bilden, gut ausgeführt sein, indem sich ihre Erbauer sämtliche modernen technischen Hilfsmittel zunutze machen, die in Bezug zu den grundlegenden Bedürfnissen der Menschen stehen, die darin wohnen müssen.
In einem derart strengen Rahmen, in welchem die Häuser einen ausschliesslich
the time did not result in any group work but which afterwards, in the course of time, acquired their full importance.
Nevertheless, the evolution of painting, from cubism to neoplasticism and above all of Mondrian, had a considerable influence on certain of the creators of modern architecture.
It does not seem necessary to state once again the namesof the architects who have marked contemporary architecture, they are too well known already and their influence can be seen almost everywhere.
They knew how to get the best out of the modern building techniques, and the new towns or even the new sectors of historic towns, which are growing up on the various continents, reflect not only a certain uniformity of building technique but also a certain uniformity of architectural vision which is due to the impassioned battles of those several pioneers whom we all know.
Technique has, therefore, made extraordinarily rapid progress. Moreover, when I see again the little house of Le Corbusier in Vevey or ‘Haus Lange’ built by Mies van der Rohe in Krefeld in 1928, I have the impression that their buildings were carried out yesterday and that no technical improvement would be thinkable today in their context. Certainly, the Villa Savoie at Possy, the Institute of Technology or the skyscraper on the lake of Chicago represent an important evolution. However, the basis of the great force of Mies van der Rohe remains in the strict use of building technique directly related to the function, in all humility, without deviations and without complacency.
The distinction between building and architecture would not be so serious if the authors of buildings would accept their limits with this humility. In any case the buildings, which are the background for everyday life, should be carried out with full exploitation of the technical resources of the age, linked with the fundamental needs of the men who will live in them.
Certainly, in such a strict cadre, where the buildings would be constructed in a strictly functional sense, happenings would occur which would give a special accent to the new towns and to their different sectors. These happenings, sculptures, ‘living sculptures’, ‘architecture’, make up the meeting places, the
Berto Lardera «Amour des étoiles» II Fer et acier inoxydable. Hauteur 2 m 80.
A Varrière-plan, architecture de F. L. Wright.
Collection Johnson-Racine.
Eisen und rostfreier Stahl, 2,80 m hoch. Im Hintergrund Architektur von F. L. Wright.
Inoxidized iron and steel. Height 2,80 m. In the background architecture by F. L. Wright.
Haus Lange de Mies Van der Rohe à Krefeld, et une autre devant la maison Johnson, de Frank Lloyd Wright, à Racine, dans le Wisconsin, près de Chicago. Conçues comme de simples maisons d’habitation, ces deux «architectures» ont été considérées, quelques années après leur construction, comme des aires historiques et sont devenues: la première, le Musée Haus-Lange où se succèdent des expositions de peinture et de sculpture, la deuxième la Fondation Johnson, lieu de rencontres culturelles et scientifiques internationales.
Je répète donc que si, en général, on acceptait avec lucidité de construire des bâtiments répondant, par l’exploitation de tous les progrès de la technique moderne, aux exigences de vie et donc au bonheur des hommes, les constructeurs atteindraient peut-être quelquefois le niveau architectural.
Je crois d’ailleurs avoir entrevu ce résultat récemment dans le cas d’une grande usine près de Washington, en voie d’être bâtie, en toute humilité, par les techniciens qui l’utiliseront par la suite pour la production de l’aluminium.
De strictes données constructives parais-
funktionellen Charakter besitzen, sollte etwas geschehen, um den neuen Städten und ihren verschiedenen Vierteln einen besonderen Akzent zu verleihen. Diese Geschehnisse - Plastiken, «bewohnbare Plastiken», «Architekturen», die öffentliche und soziale Versammlungs-, Kulturund Vorstellungsstätten bilden - würden heute in einem modernen Rahmen der einstmaligen Rolle der Paläste, grossen Plätze, was wir im allgemeinen monumentale und historische Bauten nennen, entsprechen.
Der Unterschied zwischen Gebäuden und «Architekturen» ist wohl sehr deutlich. Ich habe dies selbst gefühlt, als ich eine meiner Plastiken endgültig vor dem «Haus Lange» von Mies van der Rohe in Krefeld aufstellte und eine andere vor dem Haus Johnson von Frank Lloyd Wright in Racine bei Chicago anbrachte.
Als einfache Wohnhäuser geschaffen, wurden diese beiden «Architekturen» einige Jahre nach ihrer Errichtung als historische Monumente betrachtet. Das erste ist zum Museum «Haus Lange» geworden, in welchem Kunstausstellungen stattfinden; das zweite, die «Fondation Johnson», ist zum internationalen kulturellen und wissenschaftlichen Treffpunkt geworden.
Ich wiederhole deshalb, dass, wenn man im allgemeinen bereit wäre, mit dem klaren Verstand und mit Hilfe aller Fortschritte der modernen Technik Häuser zu bauen, die den Lebensbedürfnissen und folglich dem Wohl der Menschen entsprechen, die Erbauer vielleicht manchmal das architektonische Niveau erreichen würden.
Ich glaube übrigens, dieses Ergebnis kürzlich im Fall einer sich im Bau befindlichen grossen Fabrik bei Washington gefunden zu haben, die in aller Einfachheit von den Technikern, die sie später zur Aluminiumproduktion benutzen werden, erstellt wird. Strikte Baugegebenheiten scheinen dabei den industriellen Forderungen voll zu entsprechen. Ich konnte deshalb die grosse, zwölf Meter hohe Plastik, um die ich gebeten wurde, in ungezwungener Weise schaffen. Dieses Werk von ganz anderer plastischer Art soll zu diesem weiten Industriekomplex passen, der in einer grandiosen Landschaft steht, wo sich auch noch Ereignisse abgespielt haben, die für die Geschichte der Vereinigten Staaten von besonderer Bedeutung sind.
cultural centres, the parade centre, in the widest public and social sense. They would reply today, in the present setting, to the role played previously by the palaces, the huge squares which in general we call monumental and historic groups.
The distinction between buildings and ‘architecture’ is certainly very definite. I have felt it myself when placing one of my sculptures before the ‘Haus Lange’ of Mies van der Rohe in Krefeld, and another in front of the Johnson House of Frank Lloyd Wright in Racine in Wisconsin, near Chicago. Conceived as simple dwellings, these two ‘architectures’ have been considered, several years after their construction, as historic sites and have become such: the first, the Museum ‘Haus Lange’, where exhibitions of painting and sculpture follow one upon the other, the second, the ‘Johnson Foundation’, a place for international cultural and scientific meetings. I repeat therefore that if in general, one clearly accepts to build buildings that reply, by the exploitation of all the progress of modern technique, to the needs of life and therefore to the good of mankind, the builders will perhaps sometimes attain to the architectural level.
I also believe that I have seen this result recently in the case of a large factory near Washington, which is now being constructed, in all humility, by the technicians who will afterwards use it, for the production of aluminium. The strict building requirements would seem to reply plainly to the industrial needs. I have therefore been able to conceive freely the huge sculpture, 12 metres high, which was asked of me and which will reply, by a happening of a plastic nature which is very different, to this vast industrial group. It is placed on a magnificent site, where in addition particularly important events in the history of the United States took place.
I do not believe that at present architecture is sick, unless it be simply within the limits of the confusion of men generally, in the rapid mutation of the times, and if it is not in the sense that the new architectural research (therefore artistic) which questions the future, not yet having become history and often not yet in harmony with all the technical progress, allows and even provokes doubts and reactions. These are the conditions of life when history is still not defined.
Ill
Berto Lardera
sent y répondre pleinement aux exigences industrielles. J’ai donc pu concevoir librement la grande sculpture de 12 mètres de hauteur qui m’a été demandée et qui devra répondre, par un événement d’une nature plastique fort différente, à ce vaste ensemble industriel placé dans un site grandiose où, de plus, se sont déroulés des faits particulièrement importants pour l’histoire des Etats-Unis.
Je ne crois pas au malaise de l’architecture d’aujourd’hui, sinon dans les limites du désarroi de l’homme en général, dans la mutation rapide des temps, et sinon dans le sens que les nouvelles recherches architecturales, donc artistiques, qui interrogent l’avenir, n’étant pas encore entrées dans l’Histoire et souvent n’étant pas encore en harmonie avec tous les progrès de la technique, permettent et même provoquent des doutes et des réactions. Ce sont là les conditions de notre vie quand l’Histoire ne s’est pas encore précisée.
Les mêmes doutes, malaises et confusions se retrouvent dans la sculpture et la peinture d’aujourd’hui, mais des données fondamentales existent - comme dans l’architecture - pouvant donc rassurer en ce qui concerne la durée et l’avenir, malgré le passage rapide, les jeux, les illusions et les tromperies de toutes les modes.
Ainsi que j’ai eu l’occasion de le préciser dans Architecture, Formes + Fonctions il y a deux ans, l’architecture qui a accompli son chemin dans le sens de la rigueur structurale dans les cinquante premières années du siècle pourrait connaître une nouvelle évolution: soit devenant de plus en plus un lieu de rencontres ou de chocs d’expressions plastiques de nature différente, répondant à des besoins divers - l’architecture serait dans ce cas en état de tension plastique par rapport aux sculptures et aux peintures - soit devenant forme elle-même et constituant, comme je l’ai proposé dans des études et projets de 1952, des «sculptures habitables» - centres de réunion et de culture, événements plastiques dans un cadre strict d’urbanisme, dans lesquels l’animation des volumes et des surfaces dans l’espace serait le résultat naturel de la fonction et de l’utilisation par l’homme.
B. L.
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Ich glaube nicht an ein Unbehagen der modernen Architektur. Höchstens in den Grenzen der allgemeinen menschlichen Bestürzung, im schnellen Wandel der Zeiten und in dem Sinne, dass die neuen architektonischen, d. h. künstlerischen Forschungen im Hinblick auf die Zukunft noch nicht Geschichte geworden sind und oft noch nicht mit dem technischen Fortschritt harmonieren. Dies alles erlaubt und provoziert Zweifel und Reaktionen. Das sind die Bedingungen unseres Lebens, wenn sich die Geschichte noch nicht dazu geäussert hat.
Die gleichen Zweifel, Unbehagen und Verwirrungen finden wir bei der modernen Bildhauerei und Malerei. Jedoch existieren fundamentale Gegebenheiten wie bei der Architektur -, die, was die Dauer und die Zukunft anbelangt, trotz des schnellen Vergehens, der Spiele, der Illusionen und der Täuschungen aller Moden ermutigen können.
Wie ich schon in Architektur, Form + Funktion vor zwei Jahren gesagt habe, könnte die Architektur, die während der ersten fünfzig Jahre des Jahrhunderts in den Pfaden der strukturellen Strenge gewandert ist, eine neue Entwicklung erleben : entweder indem sie mehr und mehr zu einer Stätte der Begegnung oder des Zusammenstosses von verschiedenartigen plastischen Ausdrucksformen wird, die verschiedenen Bedürfnissen entsprechen - die Architektur wäre in diesem Falle hinsichtlich der Skulpturen und Malereien in einer Spannungslage -, oder indem sie selbst Form wird und, wie ich es in meinen Studien und Projekten aus dem Jahre 1952 vorgeschlagen habe, «bewohnbare Plastiken» bildet - Versammlungs- und Kulturzentren, plastische Geschehnisse in einem strikten städtebaulichen Rahmen, bei welchen das Spiel der Volumen und Oberflächen im Raum das natürliche Ergebnis der Funktion und der Verwendung durch den Menschen wäre.
B. L.
The same doubts, uneasiness and confusion can be found in sculpture and painting today, but the fundamental facts exist, as in architecture, which can therefore reassure us as to its duration and its future, in spite of the rapid passage, the tricks, the illusions and the deceptions of all fashions.
As I had the occasion to state in ‘AFF’ two years ago, architecture which has continued its route towards structural strictness during the first fifty years of the century, could experience a new evolution. Either it will become more and more a meeting place or a place of shock, of plastic expressions of different natures, which would reply to various needs— architecture would in this case be in a state of plastic tension compared to sculpture and painting, or it will become form itself and constitute, as I proposed in the studies and projects of 1952, •habitable sculptures’, centres of reunion and of culture, plastic happenings in a strict urban background, in which the animation of volumes and of surfaces in space would be the natural result of its function and its utilization by men.