Anatole Kopp

Les quinze questions posées par Architecture, Formes + Fonctions couvrent un sujet si vaste qu’il faudrait y consacrer un livre, ou même plusieurs pour y répondre.

Je me suis donc attaché ci-dessous au thème général plutôt qu’à telle ou telle question précise. Ce thème général met l’accent sur l’importance et le rôle de ce qu’il est convenu d’appeler depuis une cinquantaine d’années : l’architecture moderne. A travers les quinze questions posées, le questionnaire n’en pose en fait qu’une seule: Apprécier le rôle du mouvement novateur en architecture et en urbanisme, mouvement qui, à partir de la fin de la première guerre mondiale, marque une certaine architecture, une certaine manière de penser les problèmes posés par les besoins des hommes dans le domaine de leur cadre de vie.

C’est à l’intérieur de cette question que se posent toutes les autres, qu’il s’agisse de questions en apparence proprement architecturale: grands noms de l’architecture contemporaine (1) caractéristiques de l’architecture des cinquante dernières années (2), qu’il s’agisse de questions sociales : le rôle de la femme et des enfants (6), du progrès humain et social (3) de l’augmentation démographique (13), qu’il soit question de problèmes liés au progrès technique (4 et 5), du développement futur de l’architecture «moderne» ou de sa capacité à résoudre les problèmes qui se posent à l’humanité (11, 12 et 13).

Toutes ces questions se posent aujourd’hui d’une manière particulièrement aiguë et à une échelle qui tend à devenir mondiale. Elles n’en sont pas fondamentalement nouvelles pour autant. Elles sont posées tout au long de ces cinquante dernières années, mais aussi avant et tout particulièrement pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, quand le développement accéléré des forces productives a transformé l’image du monde - dans certains pays tout au moins - d’une manière radicale et plus rapide qu’au cours d’aucune autre période historique.

Tout au long dece demi-siècle, des architectes et des urbanistes peu nombreux mais plus clairvoyants que la plupart de leurs collègues se sont acharnés à imaginer et à promouvoir cette «architecture moderne» dont il est encore question aujourd’hui. Cette notion nouvelle dans sa formulation étendait le domaine traditionnel de l’architecture aux rapports

Die fünfzehn von Architektur, Form + Funktion gestellten Fragen umfassen einen Gegenstand von solcher Tragweite, dass der Beantwortung ein ganzes Buch oder sogar mehrere gewidmet werden könnte. Im folgenden werde ich mich also mehr mit dem allgemeinen Thema als mit dieser oder jener genauen Frage befassen. Dieses allgemeine Thema legt die Betonung auf die Bedeutung und Rolle dessen, was seit fünfzig Jahren die «moderne Architektur» genannt zu werden pflegt. Die fünfzehn Fragen des Fragebogens beinhalten im Grunde genommen nur eine einzige Frage : die Beurteilung der Rolle der Erneuerungsbewegung in Architektur und Städtebau, einer Bewegung, die seit dem Ende des Ersten Weltkrieges eine gewisse Architektur kennzeichnet, eine gewisse Denkweise in bezug auf Probleme, die die Bedürfnisse der Menschen im Bereich ihres Lebensraums aufwerfen.

In dieser Frage spiegeln sich alle anderen Fragen, mögen sie nun die Architektur an sich, die sozialen Verhältnisse, den technischen Fortschritt der zukünftigen Entwicklung der «modernen» Architektur oder ihre Fähigkeit, die Menschheitsprobleme zu lösen, betreffen.

Der Begriff «moderne Architektur» ist ungenau formuliert worden, und diese Ungenauigkeit hat sich mit der Zeit nur noch verstärkt. Sie ist der Anlass zu der Verwirrung, die heute in allen Bereichen der architektonisch-städtebaulichen Theorie entstanden ist.

Solange man weiterhin von der «modernen Architektur» sprechen wird, ohne vorher den Sinn dieses Ausdrucks beleuchtet zu haben - ohne vorher geprüft zu haben, ob es noch möglich ist, diesen Ausdruck unzweideutig zu verwenden -, wird man ihn nicht weiterhin unmissverständlich benutzen können, wird es auch nicht möglich sein, die hier gestellten Fragen gültig zu beantworten.

Schlimmer noch, es wird unmöglich sein, im Bereich der Theorie voranzukommen, ohne die die Praxis niemals etwas anderes als eine Folge von zusammenhangslosen Punktaktionen sein wird und die, erschöpft von dieser ruckweisen Lösung der heutigen Probleme, für morgen immer unüberwindlichere Hindernisse auftürmen wird.

Was man während der Vorkriegszeit unter «moderner Architektur» verstand, wurde als der Versuch beschrieben, mit

A book, or even many, would be an adequate reply to the questionnaire. I have therefore limited my reply to a general theme rather than one question in particular, putting the accent on the importance of the role of that which, over the last fifty years, has come to be called ‘Modern Architecture’. In fact the questionnaire asks one question only: an appreciation of the role of the new movement in architecture and urbanism which, from the end of the First World War, marks the beginning of a certain type of architecture, a certain way of dealing with the problems posed by the requirements of man. All the other questions are contained within this one.

They are particularly pertinent today and on a scale which is tending to become worldwide. They are not essentially new for all that, however, but belong just as much to the second half of the 19th century when the accelerated development of production transformed the image of the world, at least in some countries, more quickly and more profoundly than any other period in history. During this period many architects and urbanists attempted to imagine and promote a ‘Modern Architecture’ which is still with us today. The traditional field of architecture was extended to technique and sociology. The new conception tried to make architecture the solution to the general problems of humanity but it was a solution which lacked precision and which led, to a great extent, to the present confusion in architectural and urban theory.

As long as we continue to speak of ‘Modern Architecture’ without clearly defining the expression it will not be possible to continue to use it without ambiguity, and the questions it poses will remain unsolved. Even worse, no progress will be made in theory and as a result the ‘practical’ will never be other than a series of disjointed actions attempting to solve today’s problems one by one and hence building up insurmountable obstacles for tomorrow. The majority of the publications of the pre-war architectural avant-garde are devoted to ‘Modern Architecture’. It is presented as an attempt to solve the new problems of the age, with the help of 20th-century technology. Of the members of this avant-garde (CIAM grouped many), confining oneself to the idea of modern architecture, only differences in the field of plastic expression, in

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entre l’architecture et la technique, entre l’architecture et les questions sociales; elle tendait à faire de l’architecture le lieu privilégié où se résoudraient les problèmes généraux posés à l’humanité.

Mais c’est justement l’imprécision avec laquelle fut formulée cette notion d’« architecture moderne», imprécision qui n’a fait que s’accroître avec le temps, qui est en grande partie à l’origine de la confusion, qui aujourd’hui éclate dans tous les domaines de la théorie architecturale et urbanistique.

Tant que l’on continuera de parler d’«architecture moderne» sans avoir au préalable éclairci le sens de cette expression - sans avoir examiné s’il est possible de continuer à l’utiliser sans équivoque il ne sera pas possible de continuer à l’utiliser sans équivoque - il ne sera pas possible de répondre valablement aux questions posées par cette enquête; pire, il sera impossible d’avancer dans le domaine de la théorie sans laquelle la pratique ne pourra jamais être autre chose qu’une suite d’actions ponctuelles non coordonnées et qui, s’épuisant à résoudre par à-coups les problèmes d’aujourd’hui, accumulera pour demain des obstacles de plus en plus infranchissables.

La plupart des publications de l’avantgarde architecturale d’avant la guerre: L'Architecture d’aujourd’hui, La Nouvelle Architecture, d’Alfred Roth, Space Time and Architecture, de S. Gidion, sont en effet consacrés à l’architecture moderne. Ce courant est présenté comme la tentative de répondre à des programmes nouveaux posés par l’époque, à l’aide des moyens mis à la disposition des architectes par la technologie du XXe siècle.

Entre les membres de cette avant-garde (dont les CIAM regroupent une bonne partie) n’auraient existé - si l’on s’en tient à cette notion d’architecture moderne que des différences dans le domaine de l’expression plastique, dans la sensibilité des différents créateurs, dans la possibilité plus ou moins grande qui leur fut donnée de s’exprimer. Gropius ou Le Corbusier, Hannes Meyer ou Fr. L.

Wright, Richard Neutra ou Ivan Léonidov, Alvar Aalto ou Moïse Guinzbourg auraient tous poursuivi le même objectif, tous se seraient différenciés de la même manière de ce qui était alors l’architecture prédominante fondée sur la fidélité aux traditions du classicisme, soit sur l’éclectisme le plus vulgaire.

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Hilfe der Mittel, die die Technologie des 20. Jahrhunderts zur Verfügung der Architekten stellte, neuen, durch die Zeit bedingten Programmen zu entsprechen.

Dieser Interpretation zufolge bestanden zwischen den Mitgliedern der Avantgarde jener Zeit Unterschiede nur im Bereich des plastischen Ausdrucks, im Einfühlungsvermögen der verschiedenen Schöpfer und in der mehr oder weniger grossen Ausdrucksmöglichkeit, die ihnen gegeben war. Gropius, Le Corbusier, H. Meyer, F. L. Wright, R. Neutra, I. Leonidov, A. Aalto oder M. Guinzburg hätten demnach alle das gleiche Ziel verfolgt, und sie hätten sich alle in der gleichen Weise von der damals vorherrschenden, klassisch-eklektischen Architektur unterschieden.

Ich bin der Ansicht, dass eine derartig vereinfachende Auffassung nicht aufrechterhalten werden kann. Um es gleich zu sagen, so glaube ich, dass es eine «moderne Architektur» in dem Sinn, in dem dieser Begriff heute gemeinhin verwendet wird, nie gegeben hat, sondern nur verschiedene Strömungen, die verschiedene Ziele verfolgten - die einen führten einfach die im 19. Jahrhundert aus den gesteigerten Möglichkeiten der modernen Industrie entstandene technologische und formelle Erneuerungsbewegung weiter, während die anderen von einer sozialen Auffassung der Architektur ausgingen und den architektonischen Fortschritt nur als eine der Komponenten des sozialen Fortschritts, und mit diesem untrennbar verbunden, betrachteten. (1) Anhand des Beispiels der russischen Konstruktivisten kann, so glaube ich, der Beweis für die Existenz dieser beiden, bisher missbräuchlicherweise in einem einzigen Begriff vermengten Strömungen erbracht werden. Die «moderne Architektur» bewahrte von der «architektonischen Revolution» des 20. Jahrhunderts nur deren technischformellen Gesichtspunkte. (2) Während der kurzen historischen Epoche, die ihnen gegeben war, suchten die sowjetischen Architekten und Städtebauer der OCA eine Lösung für die katastrophale bauliche Situation ihres Landes zu finden. Der Mangel an technischen Mitteln machte aber einen traditionellen Wohnungsbau unmöglich. Deshalb suchten sie in einer neuen Richtung.

Die Art, nach der sie verfuhren, kann folgendermassen beschrieben werden:

the sensibilities of the various creators and in the possibilities for expression given them, would have existed. Gropius or Le Corbusier, Hannes Meyer or Frank Lloyd Wright, Richard Neutra or Ivan Leonidov, Alvar Aalto or Moise Guinzbourg would have all followed the same objective, all would have differed in the same way from the classical tradition.

It is impossible to be so simplistic. In our opinion there has never been a too modern architecture in the sense generally used today, but rather different currents following different objectives. Some simply continued the renewal of technology and form of the 19th century, others turned to the social conception of architecture and saw the latter’s progress as part of and inseparable from society’s progress.1 The proof that these two currents exist lies in the example of the Russian constructors. Modern architecture only includes the technico-formal aspects of the architectural revolution and no more, as is often erroneously supposed.2 During a very short period and in a country which lacked the most basic technical and material means, Soviet architects and urbanists attacked the problem in a radical new way. They, unlike others, were not concerned in solving the problems by technical means, problems such as housing, social and cultural equipment, rational use of land, etc.

They were aware of the absolute impossibility, given the conditions, of solving the problem by traditional housing or new units which were no more than the tracings of the old models, and attacked the problem as follows : a) development of a type of housing which is completely new, more compact and simplified to the extreme; b) research (also attempted in Europe on a more limited scale) to analyse the various functions which take place within the traditional home. Two types of functions to be catered for were apparent : - those which cannot be separated from the home and family life: sleep, individual study, etc. ; - those which did take place at home but could just as easily take place collectively : care of young children, social life, culture, etc.

c) It is therefore a question of two ways of living in society, two concepts of a WA Y OF LIFE, and the architecture they propose is based on the trend of

2 1. Co losso v, architecte Projet pour le marché couvert à Smolensk, 1926 Entwurf für den Hallenmarkt in Smolensk, 1926 Project for the covered market in Smolensk, 1926

Nous pensons qu’il n’est pas possible d’en rester à une conception aussi simpliste. Nous pensons, pour tout dire, qu’il n’y a jamais eu d’architecture moderne au sens où ce terme est encore aujourd’hui communément employé, mais différents courants visant des objectifs différents - les uns continuant simplement le mouvement de rénovation technologique et formelle né au XIXe siècle des possibilités accrues de l’industrie moderne - les autres prenant appui sur une conception sociale de l’architecture et n’envisageant le progrès architectural que comme l’une des composantes du progrès social et comme inséparable de ce dernier (1).

C’est à partir de l’exemple des constructivistes russes que nous pensons pouvoir faire la preuve de l’existence de ces deux courants, abusivement confondus jusqu’à ce jour dans une seule et même nation: celle d’architecture moderne qui ne retenait de la «révolution architecturale» du XXe siècle que ses aspects technico-formels (2).

Pendant la courte période que leur avait impartie l’Histoire, dans un pays dépourvu à l’époque des moyens techniques et matériels les plus élémentaires, les architectes et les urbanistes soviétiques de l’OCA s’attaquent à un problème posé en des termes radicalement nouveaux. Il ne s’agit pas pour eux de résoudre avant tout - comme d’autres tenteront ailleurs de le faire - par des moyens techniques, les problèmes posés par le bouleversement qu’a connu la Russie: besoin en logements, en équipements sociaux et culturels, utilisation rationnelle du territoire et de ses ressources encore souvent inemployées. Ils sont conscients dans les conditions de la Russie d’alors de l’impossibilité absolue qu’il y a à équiper le pays en logements traditionnels, en équipements nouveaux calqués sur des modèles anciens. Aussi, leurs recherches se développent-elles dans une tout autre direction. Leur manière d’aborder le problème du logement est particulièrement révélatrice de leur démarche. Elle se décompose comme suit: a) mettre au point un type de logement entièrement différent des modèles anciens, plus réduit et plus compact, et simplifié à l’extrême.

b) cette recherche - dont certains aspects peuvent rappeler d’autres études effectuées à la même époque en Europe -

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mais qui va beaucoup plus loin, va tenter d’analyser les fonctions diverses qui se déroulent à l’intérieur du logement traditionnel. Au terme de cette analyse, deux types de fonctions à satisfaire apparaissent: - celles qui ne peuvent pas être détachées du logis et de la vie de famille proprement dite: sommeil, repos, étude individuelle, échanges au sein de la cellule familiale, etc. ; - celles qui, jusqu’alors, se déroulaient dans le logis mais pour lesquelles des équipements collectifs peuvent être créés: raccommodage, soins aux enfants en bas âge, alimentation, lieux de rencontre et de culture, etc.

c) Mais pour les constructivistes, il est clair qu’il ne s’agit pas de deux conceptions architecturales seulement. Il s’agit dé deux manières de vivre en société de deux conceptions du mode de vie et la conception sur laquelle se fonde leur proposition architecturale est celle vers laquelle il leur semble que tend l’ensemble de la société soviétique. Et la solution des problèmes du logement ne leur paraît possible que dans le cadre de ce mode de vie nouveau qui pour eux est le mode de vie socialiste.

d) Ce mode de vie nouveau, cette nécessité d’une reconstruction du mode de vie (Piristroïka Byta) n’est pas - comme on le leur reprochera plus tard - une fantaisie d’architecte désœuvré et détaché de la réalité. L’idée d’une reconstruction nécessaire du mode de vie est au centre des préoccupations du Parti bolchevique, Lénine en parlera souvent et tout particulièrement à propos de la nécessaire «libération de la femme de son esclavage domestique». Trotsky, dans une série d’articles (Pravda 1922) montrera comment la survivance du mode de vie ancien constitue un frein sur la voie du développement de l’URSS. Ainsi, les architectes et les urbanistes constructivistes soviétiques sont-ils bien dans le courant général des idées de leur époque.

e) Leur idée centrale est donc que la solution des problèmes qui leurs sont posés ne peut être trouvée par on ne sait quel procédé technique miracle, qu’il ne peut être trouvé à l’intérieur de la notion même d’architecture mais uniquement en se projetant dans un nouveau contexte social, dans une nouvelle société qui n’existe pas encore, mais dont la construction est commencée (3).

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a) Erfindung eines von alten Vorbildern total verschiedenen Wohnungstyps, der beschränkter, kompakter und bis zum Äussersten vereinfacht ist.

b) Versuch einer Analyse der verschiedenen Funktionen, die sich im Innern der traditionellen Wohnung abspielen.

Diese Analyse brachte zwei Arten von Funktionen zum Vorschein: - diejenigen, die von der Wohnung und dem Familienleben nicht getrennt werden können : Schlaf, Ruhe, Studien, familiäre Kontakte usw. ; - diejenigen, die sich bisher in der Wohnung abspielten, für die aber kollektive Einrichtungen geschaffen werden können: Näharbeiten, Säuglingspflege, Ernährung, Treffpunkt, Kulturstätte usw.. ..

c) Für die Konstruktivisten aber handelt es sich dabei nicht nur um zwei architektonische Konzeptionen. Es geht um zwei Arten, in der Gesellschaft zu leben, um zwei Lebensweisen, und die Auffassung, auf die sich ihre architektonischen Gedanken gründen, entspricht ihrer Ansicht von der zukünftigen Entwicklung der gesamten sowjetischen Gesellschaft. Und eine Lösung des Wohnungsproblemes scheint ihnen nur im Rahmen dieser neuen Lebensweise, die für sie die sozialistische Lebensweise ist, möglich zu sein.

d) Diese neue Lebensweise, diese Notwendigkeit der Neuschaffung der Lebensweise, entsprang nicht der Phantasie der Architekten. Sie ist ein wesentlicher Bestandteil des bolschewistischen Programmes, und Lenin und Trotzki sprachen oft von ihr.

e) Ihr zentraler Gedanke ist also, dass die Lösung der existierenden Probleme nur im sozialen Zusammenhang, nur in einer neuen Gesellschaft, die es noch nicht gibt, deren Errichtung aber begonnen wurde, gefunden werden kann. (3) Eine derartige Betrachtungsweise der Architektur tritt, so glaube ich, nicht nur in den Werken und Projekten der sowjetischen Architekten der zwanziger Jahre hervor, sondern auch in einer ganzen Reihe von Vorschlägen und Studien, die zur gleichen Zeit in anderen Teilen der Welt von Architekten, die gewöhnlich in die ungenaue Kategorie der «modernen Architekten» eingestuft werden, vorgelegt wurden.

*

Soviet society as they saw it. The solution to the housing problem only seemed possible within the framework of this new socialist way of life.

d) This reconstruction of a way of life (Piristroika Byta) is not an architect’s dream completely apart from reality, but rather at the heart of the convictions of the Bolchevik party. The Soviet architects are therefore working with the general flow of ideas of their age.

e) The central idea is therefore that the solution is not to be found in some miracle technique but only by planning a new social context, a new society which does not exist but whose foundations have been laid.3 This way of looking at architecture is also apparent in other parts of the world, developed by architects who have been classed in the indeterminate category of ‘Modern Architects’.

*

A general thread and a certain orientation is present in the works of Le Corbusier, the Bauhaus group, Ernest May and many others, even though they may seem to differ one from the other. Did they not also try to work on a way of life for man and on a wider scale on humanity itself by proposing a type of housing which corresponds to a certain extent to the structure of society, which although nonexistent, they considered imminent and necessary? Did they not work in a similar way to the Soviet architects? In order to do so they had to rely on the new techniques of the 20th century, but was that all?

At first sight, the answer seems no. The move towards a profound social change apparent in the work of the Bauhaus group and Le Corbusier reveals a plan for an imaginary society. Yes, a plan for a framework of life seems to have been conceived in Western Europe but less

Cette manière de concevoir l’architecture, nous pensons qu’il est possible d’en trouver la marque non seulement dans les œuvres ou les projets des architectes soviétiques des années 20, mais dans toute une série de propositions et d’études faites à la même époque, dans d’autres parties du monde, par des architectes classés dans cette catégorie imprécise des «architectes modernes».

* Lorsqu’on examine les œuvres réalisées ou non de Le Corbusier ou du groupe du Bauhaus, d’Ernst May ou des architectes des sociétés ouvrières de Vienne, de certaines œuvres hollandaises, d’André Lurçat et de beaucoup d’autres, il semble bien que, malgré leur diversité apparente, une certaine «ligne générale», une certaine orientation s’en dégage. N’auraientils pas, eux aussi, tenté d’agir non seulement sur les produits, dont l’accumulation constitue l’un des aspects de l’environnement, non seulement par l’explication sur la compréhension et la réceptivité des hommes face à des formes nouvelles, mais sur le «mode de vie» de ces hommes - et, à plus longue échéance, sur l’homme lui-même - en proposant des types d’habitats correspondant dans une certaine mesure à des structures sociales qui, dans le présent, n’existaient pas vraiment encore, mais dont ils estimaient l’avènement proche et nécessaire? N’auraient-ils pas, à leur manière, entrepris une démarche proche de celle des architectes soviétiques dont nous avons parlé?

Pour concevoir cette architecture, cet urbanisme, ces objets usuels caractéristiques des années 20 et 30, il a bien fallu s’appuyer sur les possibilités des techniques nouvelles nées au XIXe siècle et au XXe. Mais ne s’est-il agi que de cela? Il semble à première vue que non. Il semble que seule l’idée de transformations sociales profondes et imminentes pouvaient permettre de croire à la possibilité de diffuser d’une façon massive la production des designers du Bauhaus; de vivre dans les unités de grandeur conformes à Le Corbusier, s’approprier l’espace urbain et rural suivant les thèses des CIAM et il semble bien que, chez la plupart de ces novateurs, il soit possible de déceler cette projection dans une société imaginée, seule capable de comprendre et d’utiliser pleinement leurs propositions.

C’est là du moins une hypothèse qui paraît plausible lorsqu’on lit certains

Betrachtet man die Werke Le Corbusiers oder der Bauhausgruppe, Ernst Mays oder der Architekten der Wiener Arbeiterverbände, gewisse holländische Werke, diejenigen von André Lurçat und vieler anderer, so scheinen sie sich trotz ihrer offensichtlichen Verschiedenheit in derselben Richtung bewegt und eine «allgemeine Linie» verfolgt zu haben. Le Corbusier drückt diese Bestrebung anlässlich einer Debatte über den «neuen Realismus», den die Vereinigung revolutionärer Künstler und Schriftsteller (AEAR) 1936 organisiert hatte, so aus : «Wem eine Epoche zur Kollektivierung tendiert oder unbestreitbare gemeinsame Bedürfnisse aufweist - und in diesem Sinn haben die letzten hundert Jahre das Heute vorbereitet -, so sieht sich diese Epoche der Notwendigkeit gegenüber, entsprechende Systeme zu errichten: soziale Systeme, Systeme mit einer neuen Beherrschung des Denkens und besonders Schaffung neuer baulicher Einrichtungen.»

(4)

* In einem Artikel in Architecture d'aujourd’hui, an den das Obige anknüpft, habe ich gewisse Hypothesen formuliert. Diese Hypothesen dürften, wären sie empirisch geprüft, auf die Existenz einer Strömung, die wir als eine «linke Bewegung» betrachten können, innerhalb der allgemeinen Erneuerungsbewegung von Architektur und Städtebau während der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts schliessen lassen.

Diese Hypothesen waren : 1. Gewisse Architekten, Städtebauer, Designer und Erneuerer sahen ihre Werke in einem zukünftigen sozialen Zusammenhang, der mehr oder weniger durch die sozialistische Verwandlung der Gesellschaft geprägt sein würde.

2. Zur gleichen Zeit glaubten andere anerkannte Schöpfer, dass der technische Fortschritt, die «maschinistische Zivilisation», die Probleme der Umwelt von selbst lösen wird.

3. Diese beiden Strömungen haben tatsächlich existiert - wobei die erstgenannte eine «Linkstendenz» bildete, trotz der Zweideutigkeit des Begriffes.

complete than the Soviet project for obvious reasons. It seems however to have existed and to have been founded on an open society, a leap forward towards the creation of new society. The debate on ‘New Realism’ organized in June 1936 by the Association of Revolutionary Artists and Writers in fact mentions it.4 * It is therefore possible to formulate certain hypotheses which, if borne out by research, would conclude that a general movement towards a renewal of architecture and urbanism during the first half of the 20th century existed, a movement which we consider as on the ‘left’. The hypotheses are as follows : 1. That some architects, urbanists and designers of the twenties and thirties in the USSR and the rest of Europe planned for a future society which, to a certain extent, they had to imagine themselves but which was part of socialism and implied a change in man’s way of life. New surroundings and equipment would be necessary to encourage it.

2. That this was not common to all creators of the twenties and thirties. Others genuinely believed that technical progress and the machine would solve the problems of environment. Their contribution is far from small but goes much less further than that of the others.

3. These two currents exist. The first is on the ‘left’ and one can speak of a ‘left’ architecture, urbanism and design, despite the ambiguity attached to the term if one admits that economic, social, cultural and political progress is in this direction and if the desire not only to improve society but also transform it is on the left.

It goes without saying that the conclusion on the existence of a ‘left’ current in architecture does not mean that the architects concerned were on the left, politically speaking.

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écrits de cette époque, comme par exemple toute la série de la publication dirigée par Ernst May sous le titre: Das neue Frankfurt, lorsque, aujourd’hui, près de quarante ans après leur achèvement, on visite certaines réalisations, lorsqu’on examine certains projets.

Oui, un projet de «cadre de vie» semble avoir été conçu en Europe occidentale, moins achevé, moins prospectif, sans doute, que le projet soviétique - et cela pour des raisons évidentes. Il semble pourtant avoir existé, il semble avoir été aussi fondé sur un contexte social ouvert sur un bond en avant vers une nouvelle société. Et c’est ce bond, celui-là même, auquel Maïakovski conviait les futuristes russes qui nous paraît déterminant dans l’œuvre de la plupart des novateurs des années 20 et 30 et que l’on retrouve chez Le Corbusier qui, intervenant dans un débat, sur le «nouveau réalisme» organisé en juin 1936, par l’Association des artistes et écrivains révolutionnaires (AEAR), dit: «Lorsqu’une époque se collectivise ou est possédée par des besoins communautaires indiscutables tels que les cent dernières années l'ont préparé pour aujourd’hui, cette époque voit alors apparaître la nécessité d’édifier des systèmes appropriés: sociaux et d’autorité de pensée nouvelle et, surtout, construction d’un équipement neuf.» (4).

*

Dans le même article de l’Architecture d’aujourd’hui d’où sont extraits les paragraphes qui précèdent, nous formulions certaines hypothèses. Ces hypothèses si elles étaient vérifiées par la recherche devraient permettre de conclure à l’existence, dans le mouvement général de renouvellement de l’architecture et de l’urbanisme de la première moitié du XXe siècle, d’un courant que nous considérons comme un courant «de gauche». Ces hypothèses étaient: 1. Que certains des architectes, des urbanistes et des designers, novateurs des années 20 et 30, en URSS comme dans le reste de l’Europe, n’ont pu concevoir leurs œuvres ni leurs thèses sans les projeter dans un futur social, que dans une certaine mesure ils étaient obligés d’imaginer eux-mêmes, mais qui, d’une manière plus ou moins précise, s’inscrivait dans une perspective de transformation socialiste de la société impliquant une transformation du mode de vie des 100

Die Schlussfolgerung, dass eine «Linkstendenz» in der Architektur existierte, darf einen nicht zur Naivität verleiten, zu behaupten, dass die Architekten, die diese Richtung verkörpern, politisch «Linke» waren. Es genügt, das Beispiel Le Corbusier anzuführen, der in seinen Schriften völlig widersprechende Ansichten ausdrückte. Diese «linke» Tendenz ergab sich mehr aus vorhergegangenen politischen Ereignissen, die Veränderungen auch im übrigen Europa in Aussicht stellten. Sieht man von verschiedenen Strömungen ab, die ihre Verankerung in der Vergangenheit haben, so bleibt noch die in der zweiten Hypothese definierte Tendenz. Ihre Vertreter deren Beitrag nichts weniger als unbedeutend ist - verkörpern die logische Weiterentwicklung ihrer Vorgänger aus dem 19. Jahrhundert, jener Leute, die es verstanden, neue Techniken zu verwenden, die dank zahlreichen Baustoffen beträchtliche Erfolge erzielten, die aber, indem sie sich in die «Besonderheit der Architektur» einschlossen (5), nicht sahen, dass gewisse Probleme nur gelöst werden konnten, wenn man sich auf Kräfte, die ausserhalb dieser «besonderen Beschaffenheit» lagen, stützte.

Ich glaube, es kann zu Recht gesagt werden, dass die Geschichte der Architektur der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts nicht (6), wie immer behauptet wurde, durch den Kampf zwischen der «modernen Architektur» und derjenigen der Vergangenheit charakterisiert wurde, sondern angesichts der traditionellen Verkrampfung und der wahllosen Verbreitung durch die Existenz von zwei verschiedenen Strömungen, auch wenn jede von ihnen bei der anderen Anleihen macht, auch wenn beide dieselbe architektonische Sprache verwenden, wenn zwischen ihnen zahlreiche Verbindungen bestehen. Es scheint, dass es nur von diesen Prämissen ausgehend möglich ist, die Städtebau- und Architekturtheorie zu entwirren und zu konkretisieren und nicht mehr allein zu kritischen Analysen zu gelangen (die zwar immer gelehrter, aber weniger verwendbar werden). Nur davon ausgehend, scheint es mir möglich, die von Architektur, Form + Funktion gestellten Fragen zu beantworten.

The work of some architects of the 20th century has reflected some of the dominant ideas of the first half of the century, a time marked by serious social problems which only seemed able to be solved by revolutionary change. One must remember that during the beginning of the twenties the socialist revolution seemed to some extent to be spreading to the rest of Europe and that it identifies with ideas such as economic and land planning, problems which are of concern to a number of architects and urbanists. It is not therefore surprising if some worked in this perspective and proposed a solution to the problems of their time which was based on the idea of an inevitable social transformation. Claude Nicolas Ledoux bore witness to this very phenomenon nearly hundred and fifty years before. He reflected the state of his age as did to a certain extent Le Corbusier, the Bauhaus and others at the beginning of the 20th century.

We have so far limited ourselves to the current which we have called‘Left’. What is the other constituent of modern architecture? It is the movement which believes that the machine and technical progress will be able to solve all the problems of man’s habitat. Architects who adhere to this view and whose contribution is far from negligible are the logical successors to the architects of the 19th century. The latter knew how to use technique but shut themselves up in the very ‘specificity of architecture’ and did not see that certain important problems could be solved only by forces outside this ‘specificity.5 We are therefore of the opinion that the history of architecture over the last fifty years is not characterized by a fight between modern and past architecture but by the existence of two currents.6 It is only by starting from this premise that it may be possible for the theory of urbanism and architecture to solve the existing confusion and abstraction.

2

2

Diese Frage wurde also mit dem Obenstehenden beantwortet.

This question was implicitly answered in the explanations above.

hommes et de leurs rapports entre eux qui rapidement évolueraient de l’individualisme possessif vers des formes d’échanges sociaux et d’activités communes que les nouveaux équipements, les nouveaux environnements devaient favoriser.

2. Que cette démarche ne caractérise que certains créateurs des années 20 et 30, qu’à la même époque des architectes, des urbanistes et des designers de valeur ne partagèrent pas cette préoccupation; qu’ils crurent de bonne foi que le progrès technique, que la «civilisation machiniste» permettraient par eux-mêmes de résoudre les problèmes posés par l’environnement. Leur apport est loin d’être négligeable, mais il est d’une autre nature et va infiniment moins loin que celui de ceux qui s’attaquèrent au problème de vie même et de la transformation de la société.

3. Ces deux courants ont effectivement existé - le premier constitue, dans la recherche du cadre de vie nouveau, comme une tendance «de gauche», on peut effectivement parler d’une architecture, d’un urbanisme et d’un design «de gauche», malgré toute l’ambiguïté qui s’attache à ce terme, si l’on admet que le progrès économique, social, culturel et politique se situe dans cette direction, si c’est à gauche que l’on trouve le désir non seulement d’améliorer la société, mais de la transformer.

Il va de soi, je pense, qu’en concluant à l’existence d’un courant d’architecture «de gauche», nous n’avons pas la naïveté de prétendre que les architectes qui l’incarnaient furent des hommes «de gauche», politiquement parlant. Le seul exemple de Le Corbusier suffirait à démentir une telle affirmation dans la mesure où l’on peut trouver dans ses écrits comme dans ses actes la marque d’attitudes politiques totalement contradictoires. Nous pensons néanmoins que certains architectes du XXe siècle ont dans une certaine mesure, reflété dans leurs œuvres ou dans leurs projets certaines préoccupations, certaines idées dominantes de cette première moitié du XXe siècle, marquée par l’existence de problèmes sociaux de plus en plus aigus et qui paraissent insolubles autrement que par des bouleversements révolutionnaires, par le développement impétueux du mouvement ouvrier et par l’éclatement et la victoire en Russie de la première

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Es sind die Werke der Architekten, die vollkommen oder teilweise zu der im vorhergehenden definierten architektonischen Linksströmung gerechnet werden können: Guinzbourg, Leonidov und ganz allgemein die OCA-Gruppe in der UdSSR der zwanziger Jahre, (2) Hannes Meyer und als Gruppe ohne Zweifel das Bauhaus - wesentlich im Bereich der Gebrauchsgegenstandschöpfung -, Le Corbusier für den Teil seines Schaffens, der den Gedanken einer neuen Lebensweise in sich trug. Und verschiedene andere... Aber es scheint mir verfrüht, eine derartige Namensliste aufzustellen, bevor das Suchen nach einer Hypothese im Hinblick auf eine «linke» Architektur und Städtebau nicht vertieft wurde.

Those who worked completely or in part within the context of the ‘Left’ as described above: Guinzbourg, Leonidov and in a more general way the U.C.A. group during the twenties in the USSR.2 It seems premature to establish a list without research into the hypothesis of an architecture of the ‘Left’.

11

Die Wissenschaft und der Fortschritt des Wissens im allgemeinen vermitteln immer wirkungsvollere Mittel zur Lösung der Schwierigkeiten, mit denen die Menschheit kämpft. Unter diesen Mitteln ist die Technik, die der Städtebau verkörpert, eine. Die Frage besteht darin, zu wissen, zu welchem Zweck diese Technik verwendet wird, von wem und im Dienste welcher Interessen. Der derzeitige Minister für den Aufbau Frankreichs (November 1969) überlässt es privaten Organisationen, Autobahnen zu bauen, beschneidet den Vanoise-Nationalpark um einen Fünftel seiner Gesamtfläche, um einem Finanzkonsortium die Möglichkeit zu geben, einen «rentablen» Wintersportkomplex zu errichten. Das begünstigt die planlose (aber finanziell einträgliche) Verbreitung von Einzelwohnungen und führt zu einem Städtebau wohlbekannter Machart. Werden die Slums von Nanterre oder Argenteuil deswegen verschwinden? Besteht ein Wille zu ihrer Abschaffung, so wird die Technik von Nutzen sein, aber im heutigen Frankreich sind die Slums als Arbeitskraftreserven von Nutzen - abhängig vom Wohlwollen der Arbeitgeber und Behörden -, und die Existenz von Städtebauprinzipien gestattet es im besten Falle, das Problem zu studieren (über diese Frage sind bereits Bände von Abhandlungen verfasst worden).

8

This was true until the end of the forties but today it seems completely false, at least if one abides by the two-sided nature of ‘Modern Architecture’. A kind of modern architecture has on the contrary imposed itself, in our opinion, and it is that one which continues the current born in the 19th century, a current which was founded on the attempt to place architecture on a level with present technical possibilities and establish an equation between the latter and architectural expression. Has this current, principally represented by Mies van der Rohe, imposed itself today? Certainly! It is true that throughout the world parallelepipeds have sprung out of the research of the first half of the 20th century.

But if one approaches an examination of the contemporary world from the point of view of an architecture and urbanism which foresee a transformation of society, a new way of life, then the failure is glaringly obvious. It seems to be the case too in the USSR7, perhaps to a lesser degree, but the defeat of the precursors of the twenties seems to have marked architectural and urban development. A rebirth of interest in this period however now seems likely and will perhaps quickly bring renewal of the aims of the age.

11

Science and the progress of knowledge in general supply an effective means (technique is one) of solving the difficulties of humanity. The question is to know to what end, by whom and in whose interest technique is used. The suburbs are useful as labour reservoirs, at the mercy of employers and the authorities. The problem can at most be studied by the principles of urbanism and there is a mountain of literature on the subject.

The technico-formal aspect of so-called modern architecture seems today to be establishing itself—but what of the ‘left’ current? Are there no signs? Why not?

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Anatole Kopp

révolution socialiste. Il faut se souvenir que, pendant le début des années 20, la révolution socialiste semble pour certains s’étendre au reste de l’Europe, qu’elle s’identifie - même pour ceux qui en repoussent certains aspects - à des notions comme celle de la planification économique ou d’aménagement du territoire qui sont des problèmes qui préoccupent nombre d’architectes et d’urbanistes.

Quoi d’étonnant alors si certains d'entre eux se placent - dans leurs œuvres ou dans leurs projets - dans cette perspective (aussi imprécise et aussi ambiguë qu’elle ait pu être pour certains d’entre eux - quoi d’étonnant si leur architecture, les propositions qu’ils font pour résoudre les problèmes de leur temps prennent appui - même si c’est inconsciemment - sur l’idée d’une transformation sociale inévitable.

Près de cent cinquante ans avant, ClaudeNicolas Ledoux ne témoigne-t-il pas de ce même phénomène? Architecte du roi, conservateur en politique, attendant de voir ses idées adoptées par le grand-duc Paul de Russie, ou par l’empereur Alexandre Ier auquel il dédie ses œuvres complètes, rejeté par la Révolution française après 1789, Claude Nicolas Ledoux n’en a pas moins traduit dans ses œuvres bâties comme dans ses œuvres écrites l’esprit de son temps, l’esprit de la France prérévolutionnaire des encyclopédistes, de Jean-Jacques Rousseau.

Nous pensons qu’il en fut de même au début du XXe siècle pour certains aspects de l’œuvre de Le Corbusier, du Bauhaus et d’autres.

Nous avons, dans ce qui précède, parlé essentiellement du courant que nous qualifions de «gauche», laissant de côté, pour la simplicité de l’exposé, les divers courants passéistes qui survivront longtemps encore, marquant de leur empreinte la quasi-totalité de ce qui s’édifiera réellement pendant toute la période de l’entre-deux-guerres. Ces courants-là, de toute évidence, ne font pas partie de ce que, jusqu’à ce jour, on appelle l’architecture moderne. Quelle est l’autre composante de cette architecture, celle qui, d’après nous, n’est pas de «gauche»?

Cette autre composante, nous l’avons définie ci-dessus dans la deuxième de nos trois hypothèses - c’est celle qui estime que la civilisation machiniste permet de résoudre, grâce au progrès technique, 102

8

Diese Aussage war bis zum Ende der vierziger Jahre richtig. Heute scheint sie mir radikal falsch zu sein, zumindest, wenn man sich an den zweideutigen Begriff der «modernen Architektur» hält.

Es scheint mir im Gegenteil, dass sich eine gewisse «moderne Architektur» durchgesetzt hat: eben diese, die die im 19. Jahrhundert entstandene Strömung weiterführt, die sich auf den Versuch gründet, die Architektur auf die Ebene der technischen Möglichkeiten von heute zu versetzen und eine Gleichsetzung von technischen Möglichkeiten und architektonischem Ausdruck zu erreichen. Diese Strömung der modernen Architektur Mies van der Rohe war einer ihrer Hauptvertreter - setzt sich heute unter Formen durch, bei denen primäre Verbreitung und Entartung oft die Regel bilden.

Zweifelsohne! Es stimmt nicht weniger, dass man in der ganzen Welt Parallelepipede entstehen sehen kann, die aussehensmässig wie formmässig aus gewissen Forschungsbemühungen der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts stammen. Und verbleibt man beim ersten Begriff von der «modernen Architektur», so hat sie sich durchgesetzt oder ist zumindest dabei, es zu tun. Die Türme und Riesengebäude enthüllen in jedem Land eine neue Politik angesichts der spontanen Ausbreitung der Einzelwohnung. Der «Park Way», von dem S. Gideon am Ende der dreissiger Jahre in den USA so begeistert war, ist er es nicht, der unter dem prosaischeren Namen Autobahn die Landschaft zerschneidet, oft unüberwindliche Hindernisse schafft und mit dem bekannten Ergebnis bis ins Herz der Städte eindringt? Hat das «Design», von dem heute so viel gesprochen wird, nicht in durchschlagender Weise das Aussehen von zahlreichen Gebrauchsgegenständen verändert? usw. ...

Nimmt man aber die Prüfung der heutigen Welt unter dem Gesichtspunkt einer Architektur und eines Städtebaus vor, der die sozialen Veränderungen vorstellt, sich auf sie stützt und in der sozialen Praxis eine neue «Lebensweise» vorschlägt und einführt, dann ist das Scheitern flagrant.

Dies scheint - wenn auch vielleicht in geringerem Masse - auch in den sozialistischen Ländern der Fall zu sein, wo die Niederlage der Vorgänger der zwanziger Jahre in der UdSSR (7) für lange

tous les problèmes posés par l’habitat des hommes; il s’agit là uniquement d’une lutte entre le progrès et la stagnation, il s’agit de convaincre ceux qui ont le pouvoir de décision que les solutions proposées sont les bonnes. (Ainsi raisonnèrent en leur temps les saint-simoniens qui espérèrent toujours convaincre Napoléon III de la justesse de leurs vues et du bénéfice qu’en tirerait l’ensemble de la société.) Ces architectes - dont l’apport est loin d’être négligeable - se situent dans le prolongement logique de leurs prédécesseurs du XIXe siècle, de ceux qui surent utiliser les nouvelles techniques, trouver grâce aux nombreux matériaux des progrès considérables, mais en s’enfermant à l’intérieur de la «spécificité même de l’architecture» (5), ils n’ont pas vu que certains problèmes capitaux ne pouvaient être résolus qu’en prenant appui sur des forces situées en dehors de cette «spécificité».

Ainsi, au terme de cette rapide analyse à laquelle nous travaillons par ailleurs (6) - pensons-nous être en droit de dire que l’histoire de l’architecture de la première moitié du XXe siècle n’est pas caractérisée, comme on l’a toujours affirmé, par la lutte entre 1’«architecture moderne» et celle du passé, mais bien par l’existence face à la sclérose traditionaliste ou à la prolifération anarchique de deux courants distincts, même s’ils empruntent l’un à l’autre un même langage architectural, si de nombreuses passerelles existent entre eux. Il nous semble que ce n’est qu’à partir de ces prémisses qu’il sera éventuellement possible de voir la théorie de l’urbanisme et de l’architecture sortir de la confusion et de l’abstraction qui est aujourd’hui la sienne et déboucher non plus seulement sur des analyses critiques (de plus en plus savantes mais de plus en plus inutilisables); ce n’est qu’à partir de cela qu’il nous semble possible de répondre aux questions posées par Architecture Formes + Fonctions.

2

Nous pensons avoir ci-dessus répondu à cette question.

1 Ce sont ceux des architectes dont l’œuvre s’inscrit totalement ou en partie dans le courant d’architecture de gauche que nous avons défini: Guinzbourg,

den Lauf der architektonischen und städtebaulichen Entwicklung gezeichnet hat, wo aber neues Interesse für diese Periode zu entstehen scheint und vielleicht in kürzerer oder längerer Zeit eine Erneuerungsbewegung einleiten wird.

So scheint sich also der technischformelle Gesichtspunkt der sogenannten «modernen» Architektur der fünfziger Jahre heute ein wenig überall durchgesetzt zu haben. Aber hat sich die Strömung, die wir als «links» charakterisiert haben, nirgends durchgesetzt?

Die Frage ergibt sich von selbst : Warum?

Die Antwort kann nicht in einigen wenigen Sätzen gegeben werden. Zu viele Gesichtspunkte dieser Antwort sind unzureichend bekannt und müssten Gegenstand seriöser Forschung werden. Man kann sich nichtsdestoweniger vorstellen, dass diese Architektur, die von der Vision einer verwandelten Gesellschaft ausgeht, nie das Licht der Welt erblickt hat, weil die Gesellschaft, deren nahes Kommen erwartet wurde, nicht existiert.

Sicherlich sind im Laufe der letzten fünfzig Jahre zahlreiche soziale Veränderungen geschehen, und in zahlreichen Ländern entstand eine neue Gesellschaft.

Aber ist es die, welche die Erneuerer der zwanziger und dreissiger Jahre erwarteten?

Während der Vorkriegsjahre benutzte die «linke» Architektur denselben architektonischen Wortschatz wie die «andere Architektur», jene, die sich nur um die technisch-formelle Erneuerung kümmerte, um die Anpassung an das moderne Leben, und die heute triumphiert.

Die eine wie die andere wurden zu jener Zeit verwechselt; sie flössten all jenen Angst ein, für die jeglicher Fortschritt eine Gefahr darstellte, da ihre Macht und ihr Besitz dadurch in Frage gestellt wurden. Wenn die Erben der Leute, die Le Corbusier einst als einen Bolschewiken behandelten, sich heute einen Teil seiner architektonischen Ausdrucksweise zu eigen machen - wenn sie ihn annehmen -, so weil er ihnen nicht mehr Angst macht, und wenn er ihnen nicht mehr Angst macht, so deshalb, weil das «soziale Modell», das die «linke» Architektur verkündete und das während der zwanziger und dreissiger Jahre klar und nahe schien, heute angesichts derselben historischen, in verschiedenen Gebieten der Erde gemachten Erfahrungen komplexer und weiter entfernt zu liegen scheint. (8)

A reply cannot be given in a few sentences. Too many factors are still unknown and serious research is necessary. It is not however to be supposed that this architecture, founded on a transformed society, has never seen the light of day, it is simply that the society whose coming was thought imminent in fact never came.8 Certainly the last fifty years have seen many new societies, but are they really what the innovators of the twenties and thirties were waiting for?

During the pre-war years the ‘Left’ architecture used the same vocabulary as the ‘other architecture’. The age confused the two and feared all progress seeing it as an attack on its power and possessions.

If those who once called Le Corbusier Bolchevik have today adopted that architectural language which was his, it is because it has lost its element of fear for the simple reason that the model society of the ‘left’ architecture of the thirties seemed clear and imminent whereas today it is much more complex and distant.

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Should recent audacious urban theories be considered as utopias and if so why?

There is certainly no lack of theories nor so-called ‘prospective’ projects to illustrate them, but all put off to tomorrow that which should be undertaken today.

To calculate the place needed for so many cars or refrigerators is not planning for the future, just mere arithmetic. If tomorrow’s world is to be today’s, multiplied by a given coefficient, then it will be not different to the world we already know. The precursors of the twenties and thirties were precursors because they understood that a new world differed from the old one in that it was lived differently and reflected a new social relation.

This is the supreme contribution of the twenties, and especially the twenties in the USSR. Nearly forty years later some architects such as Ostermann, Petrouchkova, Meyerson, Grodov, Gladov, and others9 are again taking up the problem in this light. A new environment must plan for a new way of life.

A.K.

1 Space has forced us to be extremely brief.

It is obvious that there is an exchange between the two currents and that some works belong to both at one and the same time, but to the extent that it was our intention to analyze the currents themselves, brevity

103

Anatole Kopp

Léonidov et, d’une manière générale, le groupe de l’OCA dans l’URSS des années 20 (2), Hannes Meyer et sans doute le Bauhaus en tant que groupe, essentiellement dans le domaine de la création d’objets usuels, Le Corbusier pour une partie de son œuvre qui impliquait l’idée d’une nouvelle manière de vivre. D’autres encore... Mais cette liste de noms, il me paraît quant à moi prématuré de l’établir avant d’avoir approfondi la recherche sur l’hypothèse d’une architecture et d’un urbanisme de «gauche».

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La science et les progrès de la connaissance en général fournissent des moyens de plus en plus efficaces pour résoudre les difficultés dans lesquelles se débat l’humanité. Parmi ces moyens, la technique qui constitue l’urbanisme en est un. Toute la question est de savoir dans quel dessein est employée cette technique, par qui et au service de quels intérêts. L’actuel ministre de l’Equipement en France (novembre 1969) qui laisse à des organismes financiers privés le soin de construire les autoroutes, qui ampute le parc national de La Vanoise d’un cinquième de sa surface pour permettre à un groupe financier d’y créer un ensemble «rentable» destiné aux sports d’hiver, qui encourage la prolifération anarchique (mais financièrement profitable) de l’habit individuel comme au plus beau temps de la loi Loucheur de sinistre mémoire, fait - à sa manière - de l’urbanisme. Les bidonvilles de Nanterre, d’Argenteuil et d’autres lieux en disparaîtront-ils pour autant?

Lorsqu’on voudra qu’ils disparaissent, alors les techniques seront utiles, mais aujourd’hui, en France, ce sont les bidonvilles qui sont utiles comme réservoirs de main-d’œuvre, à la merci du bon vouloir des employeurs et des autorités, et l’existence de principes d’urbanisme permet tout au plus d’étudier le problème. (Il existe des mégatonnes d’études sur cette question.)8 8

Cette affirmation était vraie jusqu’à la fin des années 40. Elle me semble radicalement fausse aujourd’hui, tout au moins si l’on s’en tient à la notion équivoque d’«architecture moderne». Une certaine «architecture moderne» s’est au

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12 Haben die neuesten und kühnsten Städtebautheorien, deren Gegenstand bekannt ist, einen wirklich prospektiven Charakter oder müssen sie als Utopien betrachtet werden? Und in diesem Fall, warum?

In der Tat fehlt es heute weder an Theorien noch an sogenannten prospektiven Projekten, die diese Theorien in der Form von Pyramiden, Trichtern, unterirdischen oder aquatischen Flaschenkästen illustrieren. Aber alle diese Theorien extrapolieren nur die Situation von heute ins Morgen. Man multipliziert die Zahl der Autos oder der Kühlschränke, die jede Familie heute besitzt, mit x, y oder z, und danach erdenkt man den baulichen Rahmen, der für diese Ansammlung von Gegenständen notwendig ist, ihre Verkehrsweise und ihre Erneuerung. Aber mit alledem hat man keine Prospektive durchgeführt, sondern nur Arithmetik. Wenn die Welt von Morgen nur die Welt von heute, multipliziert mit einem gewissen Koeffizient, sein wird, so wird sich die tägliche Existenz in dieser Welt, welches auch immer die eingesetzten Techniken sein werden, kaum von dem unterscheiden, was wir heute erleben.

Die Vorläufer der zwanziger und dreissiger Jahre waren Vorläufer, weil sie, wie weiter oben gezeigt wurde, begriffen hatten, dass eine neue Welt sich von der alten unterscheiden würde, weil man anders leben würde; weil die Lebensweise in ihr eine andere sein würde, da sie neue soziale Verhältnisse und nicht nur neue technische Verhältnisse widerspiegeln würde. Hierin besteht der hauptsächliche Beitrag der zwanziger Jahre und besonders der sowjetischen zwanziger Jahre mit der konstruktivistischen Bewegung. Annähernd vierzig Jahre später werden einige sowjetische Städtebauer und Soziologen (die NER-Gruppe, die Architekten Ostermann, Petrouchkova, Meyerson, Grodov, Gladkov und einige andere) (9) das Problem wieder von diesem Gesichtspunkt anpacken. Die Bewegung vom Mai 1968 hat in Frankreich unter Architekten und Städtebauern (Studenten und Berufstätigen) auf einmal dieselbe Klarheit zutage gebracht: die Lebensweise selbst ist in Frage gestellt, und für eine neue Lebensweise muss eine neue Umwelt vorgesehen werden.

A.K.

has not, in our opinion, falsified the conclusions.

2 Especially the U.C.A. group (Union of Contemporary Architects) and the review Contemporary Architecture. Both ceased to exist in 1930.

3 Certainly some did not know how to avoid excess which was later to be blamed on all avant-garde architects in general.

Housing reduced to an all-purpose individual cabin was perhaps excessive but at the same time the imitations ofpre-revolution middle-class houses were also guilty of excess.

1 This passage is reproduced from ‘Hypothesis on the existence ofa left architecture and urbanism', published in Architecture d’Aujourd’hui, November 1969 (A.

Kopp). It seemed simpler to reproduce the passage rather than paraphrase it.

6 A group in the USSR during the twenties often confused with the constructivists and called A.S.N.O.V.A. U.C.A. developed from it—see note 2. The key of their manifesto was ‘The measure of architecture is architecture’.

6 The author is preparing a book to be published in 1971 by Anthropos Editions, Paris, on the subject of the existence of a ‘left’ architecture and urbanism.

7 For further reading see various studies on the subject including those of the author: ‘Soviet Architecture and Urbanism in the Twenties—Town and Revolution’, Anthropos, Paris 1967.

contraire imposée, il nous semble: celle précisément qui continue le courant né du XIXe siècle, celui fondé sur la tentative de placer l’architecture au niveau des possibilités techniques d’aujourd’hui et d’établir une adéquation entre ces possibilités techniques et l’expression architecturale. Ce courant-là de l’architecture moderne dont Mies Van der Rohe a été l’un des principaux représentants s’impose aujourd’hui, sous des formes où la vulgarisation primaire et l’abâtardissement sont souvent règle? Sans doute. Il n’en est pas moins vrai que, dans le monde entier, on voit pousser des parallélépipèdes issus, dans leur aspect comme dans leur technique, de certaines recherches de la première moitié du XXe siècle. Et si l’on en reste à la première notion d’«architecture moderne», alors elle s’est imposée ou, tout au moins, est en passe de l’être. Les tours et les immeubles géants consacrent dans chaque pays une politique nouvelle face à la prolifération spontanée de l’habitat individuel. Le Park Way dont S. Gidion s’émerveillait aux Etats-Unis vers la fin des années 30, n’est-ce pas cela qui, sous le nom plus prosaïque d’autoroute, morcèle le paysage, crée des barrières souvent infranchissables et va jusqu’à s’introduire dans les centres des villes avec les résultats que l’on connaît? Le design dont il est tant question aujourd’hui n’a-t-il pas effectivement transformé l’aspect de nombre d’objets usuels, etc.?

Mais si l’on aborde l’examen du monde contemporain sous l’angle d’une architecture et d’un urbanisme pressentant les transformations sociales, prenant appui sur elles, proposant et introduisant dans la pratique sociale un nouveau «mode de vie», alors l’échec sera flagrant.

Il semble l’être aussi - encore qu’à un degré moindre peut-être - dans les pays socialistes où la défaite des précurseurs des années 20 en URSS (7) semble avoir marqué pour longtemps le cours du développement architectural et urbanistique, mais où un renouveau d’intérêt pour cette période semble se préciser et apportera peut-être un renouvellement à plus ou moins brève échéance.

Ainsi, l’aspect technico-formel de l’architecture dite «moderne» des cinquante dernières années semble aujourd’hui s’imposer un peu partout. Mais le courant que nous avons caractérisé comme

Anmerkungen

1 Zur Verständlichkeit des Artikels und um das Ganze nicht zu sehr in die Länge zu dehnen, mussten wir natürlich weitmöglichst schematisieren. Selbstverständlich gibt es zwischen diesen Strömungen verschiedene Verbindungen. Die Werke selbst wie auch deren Autoren gehören in verschiedenen Punkten der einen und der anderen Richtung an. Aber im Bereiche der Richtungen, die wir analysieren wollen, fälscht dieser notwendige Schematismus unserer Meinung nach die Folgerungen nicht.

2 Besonders die Gruppe der OCA (Vereinigung moderner Architekten) mit der Zeitschrift «C.A.» (Architecture contemporaine - Moderne Architektur). Die Gruppe wie auch die Zeitschrift existieren seit 1930 nicht mehr.

3 Zweifellos konnten sich manche nicht vor Übertreibungen bewahren - Übertreibungen, die später allgemein sämtlichen modernen Architekten vorgeworfen wurden. Aber selbst dieser Begriff bleibt zweideutig. Wohnungen zu planen, die auf einen Einzelraum mit sanitären Anlagen, Küchen, Esszimmer, Erholungs- und Kulturplätzen zusammengedrängt sind, war vielleicht übertrieben. Aber wo befand sich die Grenze der Übertreibung in einer Zeit, in der jedes Projekt, wie immer es auch aussah, die verfügbaren Mittel überschritt.

Jene, die während der gleichen Epoche fortfuhren, die staatlichen Gelder zu verprassen, indem sie Wohnungen bauten, die den vorrevolutionären Wohnungen nachgeahmt waren und die folglich bevorzugten Kategorien Vorbehalten waren oder aber von mehreren Familien bewohnt wurden, übertrieben diese nicht ebenfalls?

Ihre Übertreibungen wurden jedoch später durch zahlreiche Stalin-Preise, durch Lehrstühle und bedeutende Aufträge belohnt.

4 Der Teil dieses Artikels zwischen « und » ist ein Auszug aus dem Artikel: «Hypothese über die Existenz einer linksgerichteten Architektur», erschienen in «Architecture d’aujourd’hui», November 1969 (A. Kopp), der die gleichen Probleme behandelt. Es schien uns einfacher, den Auszug wortwörtlich wiederzugeben als ihn umzuschreiben.

6 Während der zwanziger Jahre hat in der UdSSR eine Gruppe, die häufig mit den Konstruktivisten verwechselt wird, in gewisser Hinsicht diese Ansicht geteilt. Es

8 Turning to the field of the cinema, it seems interesting to quote the words of Jean Renoir at the first public showing of his film ‘La Vie est à nous’ in 1969, made by the French Communist Party for the 1936 elections (and until now banned by the censor). In reply to the question: ‘The prewar years christened you “Official scenario-writer of the Left". What is your reaction?', Jean Renoir said: T am flattered and happy to have been so called. In any case, no one can be given the title today because the Left exists no longer —there are a number! Times have changed enormously and problems have become more complicated. Then things were clear —there was one enemy and the fight was vital. Hence the truly Popular Front with the assembly of all the antifascist forces from ecclesiastics to Communists . . . The world in those years was more bitter, more dangerous because of the menace of Hitler and Fascism but at the same time it was more simple and hopes were bigger.' 9 See Architecture d'Aujourd'hui, January 1970, special number on Soviet architecture and urbanism.

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Anatole Kopp

de «gauche» ne s’est imposé nulle part, et la question vient d’elle-même: pourquoi? La réponse ne peut être donnée en quelques phrases. Trop d’aspects de cette réponse demeurent encore mal connus et devraient faire l’objet d’une recherche sérieuse. Ne peut-on pas penser néanmoins que si cette architecture fondée sur la vision d’une société transformée n’a jamais vu le jour, c’est parce que cette société même, dont on attendait l’avènement proche, n’existe pas.

Certes, les bouleversements sociaux ont été nombreux au cours de ces cinquante dernières années et, dans de nombreux pays, s’est édifiée une société nouvelle.

Est-ce celle qu’attendait les novateurs des années 20 et 30?

Pendant les années d’avant la guerre, l’architecture de «gauche» utilisait le même vocabulaire architectural que 1’«autre architecture», celle qui ne se préoccupait que d’innovation technicoformelle, d’adaptation à la vie moderne et qui triomphe aujourd’hui. L’une comme l’autre, confondues à l’époque, faisaient peur à ceux pour lesquels tout progrès constituait un danger mettant en cause leur pouvoir et leurs possessions.

Si les héritiers de ceux qui traitaient Le Corbusier de bolchevique adoptent aujourd’hui une partie du langage architectural qui fut le sien - s’ils le récupèrent - c’est qu’il ne fait plus peur, et s’il ne fait plus peur, n’est-ce pas parce que le «modèle social» qu’annonçait l’architecture de «gauche», qui semblait clair et proche pendant les années 20 et 30 apparaît aujourd’hui plus complexe et plus lointain à la lumière même des expériences historiques faites dans différentes parties du monde? (8) 13

Les théories les plus récentes et les plus audacieuses d’urbanisme, dont les objets sont connus, ont-elles un caractère prospectif réel, ou doit-on les considérer comme des utopies? Et, dans ce cas, pourquoi?

Les théories ne manquent pas en effet aujourd’hui, ni non plus les projets dits «prospectifs» qui illustrent ces théories, en pyramide, en entonnoir, en casier à bouteilles, voire souterrains ou aquatiques. Mais toutes ces théories ne font qu’extrapoler à demain la situation qui est celle d’aujourd’hui. Multiplier par x, y ou z le nombre de voitures ou de réfri-

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handelt sich um die Gruppe der ASNO VA (aus der die Gruppe der OCA entstand siehe Anmerkung Nr. 2). Ihre Devise lautete: «Der Massstab der Architektur ist die Architektur.» 6 Über dieses Thema, der Existenz einer linksgerichteten Architektur und eines linksgerichteten Städtebaus schreibt der Autor ein Buch, das 1971 bei den Editions Anthropos in Paris erscheinen wird.

7 Im Rahmen dieses Artikels ist es unmöglich, näher auf die Gründe dieser Niederlage einzugehen. Wir können den Leser lediglich auf die verschiedenen bestehenden Studien hinweisen, von denen die folgende vom Autor stammt : «Sowjetische Architektur und Städtebau der zwanziger Jahre» in «Stadt und Revolution», Anthropos, Paris 1967.

8 In einem anderen Bereich, nämlich dem des Films. Es scheint uns interessant, die Äusserungen Jean Renoirs anlässlich der ersten öffentlichen Vorführung seines Films «Das Leben gehört uns» im Jahre 1969 zu zitieren. Der Film wurde von der Kommunistischen Partei Frankreichs für die Wahlen im Jahre 1936 gedreht, die die Volksfront triumphieren Hessen (dieser Film war seitdem von der Zensur verboten) : «Jean Renoir, in diesen Vorkriegsjahren hatte man Sie den offiziellen Filmfachmann der Linken genannt. Was meinen Sie heute dazu?» Jean Renoir: «Das ist ein Titel, der mir sehr schmeichelt und den ich gern getragen habe. Jedenfalls kann ihn heute niemand mehr bekommen, da die Linke nicht mehr existiert und es mehrere Linke gibt 1 Die Zeiten haben sich geändert, und die Probleme sind komplizierter geworden. Damals waren die Dinge sehr klar: Es gab nur einen Feind, und der Kampf war vital.

Darum diese wirkliche Volksfront unter Vereinigung aller antifaschistischen Kräfte, bei denen man Leute der Linken, von den Linkskatholiken bis zu den kommunistischen Führern, fand. Die Welt dieser Jahre war zugleich bitterer, gefährlicher durch die Drohung Hitlers und des Faschismus, aber sie war gleichzeitig einfacher und erlaubte grössere Hoffnungen.» (In: «Les Lettres françaises», Nr. 1308, vom 12.(18. Nov. 1969.) 9 Siehe «Architecture d'aujourd’hui», 1970, Spezialausgabe über die sowjetische Architektur und Städtebau.

gérateurs existant aujourd’hui dans chaque famille, puis imaginer le cadre bâti nécessaire à loger cette accumulation d’objets, à leur circulation, à leur renouvellement, ce n’est pas faire de la prospective mais de l’arithmétique. Si le monde de demain n’est que celui d’aujourd’hui multiplié par un certain coefficient, l’existence quotidienne dans ce monde, quelles que soient les techniques mises en œuvre, ne sera guère différente de ce que nous connaissons. Les précurseurs des années 20 et 30 furent des précurseurs parce que, comme nous l’avons montré plus haut, ils avaient compris qu’un monde nouveau se distinguerait de l’ancien, parce que l’on y vivrait autrement; parce que le mode de vie y serait autre, reflétant des rapports sociaux nouveaux et non pas seulement des techniques nouvelles. L’apport capital des années 20 et tout particulièrement des années 20 soviétiques avec le mouvement constructiviste se situe là. Près de quarante ans après, quelques architectes, urbanistes et sociologues soviétiques, le groupe NER, les architectes Ostermann, Pétrouchkova, Meyerson, Grodov, Gladkov et quelques autres (9) reprennent le problème sous cet angle, repartent des idées formulées pour la première fois pendant les années 20. En France, le mouvement de mai 1968 a, parmi les architectes et les urbanistes (étudiants et professionnels), relevé brusquement cette même évidence: c’est le mode de vie même qui est en cause, c’est pour un mode de vie nouveau qu’il faut prévoir un nouvel environnement.

Notes 1 II nous a été naturellement nécessaire, pour la clarté de l'exposé, comme pour ne pas dépasser un nombre de pages raisonnables, de schématiser à l’extrême. Il est clair qu’entre ces courants existent divers échanges, diverses passerelles. Que les œuvres mêmes, tout comme les créateurs, appartiennent par certains côtés à l’un et à l’autre courant. Mais dans la mesure où ce sont précisément les courants que nous voulons analyser, ce schématisme nécessaire ne fausse pas à notre avis les conclusions.

2 Plus particulièrement, le groupe de l’OCA (Union des architectes contemporains) avec la revue Architecture contemporaine. Ce groupe, comme la revue, cesseront d’exister en 1930.

3 Sans doute, certains ne surent-ils pas éviter les excès - excès qui plus tard seront reprochés globalement à tous les architectes d’avant-garde. Mais cette notion même reste ambiguë. Imaginer des logements réduits à une cabine individuelle, avec des sanitaires, des cuisines, des salles à manger et des lieux de détente et de culture était peut-être excessif.

Mais où se situait le «seuil» de l’excès à une époque où tout projet, que! qu’il fût, crevait le plafond des moyens disponibles?

Ceux qui, à la même époque, continuèrent à engloutir les fonds de l’Etat dans la construction de logements imités des logements bourgeois prérévolutionnaires et qui, forcément, étaient soit affectés à des catégories privilégiées, soit peuplés par plusieurs familles, n’étaient-ils' pas eux aussi excessifs? Leurs excès furent pourtant récompensés plus tard par de nombreux Prix Staline, par des sièges à l’Académie, par des commandes importantes.

4 Toute la partie de cet article entre guillemets est reproduite de l’article'. Hypothèse sur l’existence d’une architecture et d’un urbanisme de «gauche» dans L’Architecture d’aujourd’hui de novembre 1969 (A. Kopp) qui traite de ces mêmes problèmes. Il nous a paru plus simple de la reproduire que de la paraphraser.

5 En URSS, pendant les années 20, un groupe que l’on confond souvent avec les constructivistes a, dans une certaine mesure, partagé cette manière de voir.

Il s’agit du groupe de TASNOVA (d’où le groupe de l’OCA était lui-même issu voir note 2, la phrase clé de leur manifeste

était: «La mesure de l'architecture c'est l’architecture. » 6 C’est sur ce thème de l'existence d’une architecture et d’un urbanisme de «gauche» que l’auteur de cet article prépare un livre à paraître en 1971 aux Editions Anthropos, à Paris.

7 Sur les raisons de cette défaite, il est impossible de s’étendre dans le cadre de cet article. Nous ne pouvons que renvoyer les lecteurs aux diverses études existantes dont celles de l’auteur: Architecture et urbanisme soviétique, des années 20 - Ville et Révolution, Anthropos, Paris 1967.

8 Dans un autre domaine, celui du cinéma, il nous parait intéressant de citer les propos de Jean Renoir à l'occasion de la première représentation publique de son film La vie est à Nous, en 1969, réalisé par le Parti communiste français pour les élections de 1936 qui virent triompher le Front populaire (ce film avait été depuis lors interdit par la censure) : «Jean Renoir, on vous avait baptisé dans ces années de l’avant-guerre «cinéaste officie!

de la gauche». Qu'en pensez-vous aujourd’hui?» Jean Renoir : «C’est un titre qui me flatte beaucoup et que je suis très heureux d’avoir porté. En tout cas, personne ne peut plus le porter aujourd ’hui puisque la gauche n’existe plus, qu’il y a plusieurs gauches! Les temps ont énormément changés et les problèmes se sont compliqués. A ce moment, les choses étaient très nettes: il n’y avait qu’un ennemi et la lutte était vitale. D’où ce front véritablement populaire avec te rassemblement de toutes les forces antifascistes où se trouvaient mêlés tous les gens de la gauche, depuis des ecclésiastiques jusqu’aux dirigeants communistes... Le monde de ces années était à la fois plus amer, plus dangereux, à cause de la menace que faisait peser Hitler et le fascisme mais en même temps plus simple et permettait des espoirs plus grands.» (Dans: Les Lettres françaises, N° 1308, 12-18 novembre 1969.) 9 Voir L’Architecture d’aujourd’hui janvier 1970 - numéro spécial sur l’architecture et l’urbanisme soviétique.

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